Une étude réalisée par des chercheurs montréalais laisse voir que l'auto-identification de son orientation sexuelle a davantage d'influence sur la présence d'idées suicidaires que le comportement sexuel proprement dit.

Les professionnels de la santé savaient déjà que les jeunes homosexuels, lesbiennes et bisexuels ont un risque plus élevé de développer des problèmes de santé mentale, dont des pensées suicidaires, voire des tentatives de suicide.

Mais une étude réalisée par des chercheurs du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et de l'Institut Lady Davis de recherches médicales de l'Hôpital général juif révèle que ce n'est pas tant le comportement ou les fantasmes sexuels qui ont de l'influence sur ces idées suicidaires que la façon dont le jeune perçoit son orientation sexuelle.

Ainsi, les adolescents qui s'identifiaient comme homosexuel, lesbienne ou bisexuel ou qui n'étaient pas certains de leur identité sexuelle présentaient un risque plus élevé d'idées suicidaires ou de tentatives de suicide.

D'autre part, les adolescents qui se percevaient comme hétérosexuels, même s'ils avaient déjà vécu des expériences homosexuelles ou qu'ils éprouvaient une attirance envers les personnes du même sexe, ne présentaient pas un risque plus élevé d'idées suicidaires que la population en général.

«C'est la première étude qui réussit à séparer le fait d'avoir simplement des fantasmes ou même des comportements et avoir une identité autre qu'hétérosexuelle ou bisexuelle», a dit en entrevue le docteur Richard Montoro, psychiatre et codirecteur du Centre d'orientation sexuelle de l'Université McGill, affilié au Centre universitaire de santé McGill.

«Chez les gens qui avaient des comportements ou des fantasmes, mais qui s'identifiaient comme hétérosexuel, il n'y avait pas de changement en ce qui concerne leur risque pour le suicide. Mais chez les gens qui s'identifiaient comme gai, il y avait un risque élevé.

«Ce que notre étude semble démontrer, c'est que les jeunes semblent tolérer assez bien des idées et même des comportements. C'est vraiment quand ils commencent à s'identifier comme différent de la majorité qu'il y a un problème», a ajouté le docteur Montoro.

Pour mener à bien leur étude, les chercheurs ont distribué un questionnaire à environ 1900 élèves dans 14 écoles secondaires de la région de Montréal. Moins de 1 pour cent des questionnaires ont été raturés, a noté le docteur Montoro. Le questionnaire était anonyme. Les jeunes étaient âgés entre 14 et 18 ans, avec une moyenne d'âge de 15,9 ans.

Les chercheurs principaux pour cette étude sont le docteur Richard Montoro et la docteure Karine Igartua, du Centre d'orientation sexuelle de l'Université McGill, avec le docteur Brett Thombs, de I'Hôpital général juif et la docteure Yue Zhao, étudiante diplômée de l'Université McGill, qui ont aidé à l'analyse des données et ont collaboré à la rédaction de l'article scientifique.

Les résultats de l'étude ont été dévoilés dans l'édition de février du Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry.