Brigitte vient de se séparer et elle est un peu déprimée par la situation. Son nouveau statut de mère monoparentale l'inquiète, car elle sait qu'on n'est pas trop de deux pour éduquer un enfant. Depuis sa séparation, elle a perdu du poids, dort mal et pleure souvent.

 Elle a une belle grande fille de 12 ans, Laurence, qui est très mature pour son âge et qui s'inquiète beaucoup pour sa mère. Il existe une grande complicité et une grande relation de confiance entre elles. Si bien que Brigitte n'hésite pas à confier ses états d'âme à sa belle grande Laurence, qui lui prête une oreille attentive et qui tente de la consoler, tant bien que mal.

Mais voir sa mère ainsi l'affecte... Laurence perd son sourire, devient tendue, se montre moins concentrée à l'école et n'ose pas se confier à sa mère sur ses propres sentiments de deuil et de perte, de peur de la rendre encore plus dépressive. Chantal, la soeur de Brigitte, propose à cette dernière de se confier à elle plutôt qu'à sa fille, afin de diminuer le fardeau qui repose sur les trop petites épaules de celle-ci. Ainsi, Laurence sera protégée du rôle trop difficile de confidente que sa mère lui impose, sans vouloir lui nuire volontairement. De plus, Chantal propose à Laurence de faire plus régulièrement des activités avec sa grande cousine de 16 ans, Andréa. Ainsi, Laurence aura quelqu'un à qui se confier... il va sans dire qu'Andréa est presque une idole pour elle! Brigitte, qui prend conscience de l'erreur qu'elle était en train de commettre, se compte bien chanceuse d'avoir une grande soeur qui l'aime autant!

Quand un parent vit une épreuve difficile, il est normal qu'il ressente des émotions et que ses enfants en soient conscients. Mais il y a une limite à ce qu'un enfant peut absorber sans en subir de conséquences négatives. Dans certains cas, un parent qui se sépare peut ressentir un vide affectif et un vide... dans son lit! Il peut être tenté, bien inconsciemment, de combler ce vide par son enfant en se confiant à lui, et même en le faisant dormir dans son lit. Il s'agit d'une trop grande responsabilité pour de trop petites épaules, même si au départ, l'enfant pouvait se sentir heureux et même valorisé de ce rapprochement avec son parent, qui le traite en adulte. Mais, à long terme, lui exposer des problèmes de grandes personnes et lui montrer notre grande vulnérabilité pourrait le rendre anxieux ou inquiet, et lui envoyer le message que son parent ne peut survivre sans lui, ce qui est une grande pression.

De plus, si une telle relation fusionnelle se développe entre le parent et l'enfant, imaginez comment l'enfant se sentira lorsque son parent se fera un nouveau conjoint. Cela pourrait provoquer un sentiment d'abandon, de rejet et surtout... de rivalité avec le nouveau conjoint. De même, lorsque l'enfant voudra visiter des amis ou faire des sorties, il ne pourra peut-être pas profiter pleinement de ces activités à cause du sentiment de culpabilité relié à l'impression d'abandonner son parent.

Donc, dans des situations semblables à celle de Brigitte et de Laurence, il est important que l'adulte ait un réseau social, composé d'amis et de membres de la famille élargie, afin d'obtenir le soutien nécessaire pour surmonter l'épreuve... sans se servir de l'enfant comme thérapeute! De même, il est important que l'enfant garde le plus possible une vie normale d'enfant... garder sa place dans son lit, pouvoir continuer à voir des amis et, surtout, pouvoir exprimer ses émotions à quelqu'un qui aura la disponibilité physique et psychologique pour lui prêter une oreille attentive et du soutien.

Cela ne veut pas dire qu'il ne faut plus vivre d'émotions, ni expliquer ce qu'il se passe lorsque notre enfant s'aperçoit que nous sommes émotifs... S'il s'aperçoit de quelque chose et que nous le nions, il sera peut-être encore plus inquiet. Mais dans ces circonstances, il est important que l'enfant sente qu'il n'est pas responsable du bien-être de son parent, et que ce dernier a d'autres épaules que la sienne, sur lesquelles il peut pleurer.