La saison froide est à nos portes. Gelé, trempé et accablé par la noirceur hâtive, on ne saura bientôt plus à quelle soupe se vouer. Le ramen, issu de la tradition japonaise, est une variation bienvenue lorsqu'on a besoin de se réchauffer l'âme.

Des nouilles fermes baignant dans un riche bouillon, de la ciboule émincée, une moitié d'oeuf au coeur tendre, du bambou fermenté, des fèves germées, du porc tranché, des grains de maïs ou quelque autre garniture... L'apparente simplicité du ramen est trompeuse. Cette soupe fait l'objet d'un véritable culte au Japon, où les meilleurs chefs apportent un soin maniaque à l'élaboration du bouillon et des nouilles.

On pourrait donc dire que la barre est haute pour un restaurant comme Saka-Ba!, qui a hissé son enseigne sur l'avenue du Mont-Royal en début d'année. Le comparer à des adresses situées à une douzaine d'heures de vol m'apparaît toutefois aussi vain qu'inutile: à moins d'avoir un jet privé, c'est un choix qui n'existe pas. Dans le contexte montréalais, par contre, Saka-Ba! est un endroit fort sympathique pour manger un bol de ramen.

Le menu propose trois bouillons: le classique shoyu, à base de porc et de soya; un ebi miso (homard et porc avec du miso); et un étonnant yasai (aux légumes) très tomaté. Les deux premiers sont servis avec des tranches de porc braisé, le dernier uniquement avec des légumes. Les trois bénéficient de la magie des bonnes nouilles ramen, dont la souplesse et l'élasticité tiennent le coup dans le bouillon brûlant.

Le bouillon au porc est savoureux, mais l'ebi miso l'emporte haut la main. La saveur de homard est bien présente, porc et miso y ajoutent une richesse et une profondeur exceptionnelles. On repense à Tampopo, film tout entier basé sur la quête du ramen parfait. «S'ils boivent le bouillon à la fin, j'aurai passé le test», se dit la restauratrice. L'ebi miso goûté ici est le genre de bouillon qu'on termine à grandes lampées.

Le menu annonce la présence de lait de soya dans le bouillon tomaté, mais la tonalité un peu végétale de cet ingrédient est heureusement absente du produit final. On remarque plutôt le morceau de tomate confite, qui donne une dimension supplémentaire à la saveur dominante, et les notes légèrement grillées du liquide, dont la richesse et la profondeur n'ont rien à envier aux deux autres bouillons.

Un bon ramen suffit à faire rouler un bar de quelques places toute la journée au Japon. Il en faut davantage pour remplir une salle à manger chez nous. Le menu offre donc une sélection de petits plats d'inspiration nippone qui permettent de varier les expériences. Les classiques yakitori (mini brochettes de poulet grillé), agedashi tofu (gros cubes de tofu frit) et gyoza (dumpling bien saisis) ont disparu en un clin d'oeil à notre table. Les brochettes de porc grillé étaient correctes aussi, mais leur salade de chou était nettement moins intéressante que celle, arrosée de sauce soya, qui accompagnait les brochettes de poulet. Les morceaux de poulet frit (kara age) servis avec une obsédante mayonnaise épicée se sont avérés tendres et juteux. Pour le découvrir, il a cependant fallu passer outre la panure terne et trop foncée qui leur donnait un air rabougri.

On ne va pas dans les restos japonais pour manger un dessert décadent. Les deux proposés lors de notre visite ne faisaient pas exception. La marmelade au yuzu, très parfumée et dotée d'une bonne amertume, donnait du relief aux bâtonnets de gâteau au fromage. À l'inverse, le thé vert annoncé dans la panna cotta y ajoutait plus de couleur que de saveur. La texture parfaitement lisse et fondante qu'on attend de ce dessert était néanmoins au rendez-vous.

Saka-Ba !

1279, rue Mont-Royal Est, Montréal

514 507-9885

Consultez le site du restaurant : www.saka-ba.com



Notre verdict
:

Prix :

Entrées de 4 à 8 $, soupes de 13 à 15 $.

Service : 

Sympathique et enthousiaste.

Carte des vins :

Très limitée, ce qui ne surprend pas avec ce type de cuisine. Par contre, on aimerait davantage de choix de sakés.

Décor et atmosphère :

Les planchers de bois, les surfaces rouges et les références à la culture pop japonaises (figurines, cases de manga, Yoda en origami, etc.) donnent une ambiance jeune et dynamique à l'endroit. Beaucoup de places sont sur tabourets, car la salle comporte deux bars. Celui donnant sur la cuisine est particulièrement attrayant.

On aime :

L'attention portée aux ingrédients et aux petits détails - les bols, par exemple, sont réchauffés à l'eau chaude avant de recevoir le bouillon.

On aime moins :

La cuisson du porc, plus colorée et attrayante certaines fois que d'autres.

On y retourne ? 

À la première occasion.

Style :

Cuisine japonaise.