On ne va pas chez Mei pour l'ambiance. Ni pour la décoration. On ne va pas là non plus pour discuter longuement avec le serveur ou la cuisinière des épices qui parfument ceci ou cela. À moins de parler mandarin.

On va chez Mei pour être surpris. Pour être ravi. Pour se régaler de plats qu'on ne voit pas ailleurs. On va chez Mei pour avoir l'impression de voyager un peu, dans sa propre ville.

C'est un grand amateur de cuisine chinoise qui écrivait avant sur les restos pour le Mirror et maintenant sur Cult, Bartek Komorowski, qui m'a fait découvrir ce lieu, un de ses restaurants chinois montréalais préférés (avec le KanBai de la rue Sainte-Catherine Ouest). Bartek, c'est le genre de gars à qui on peut dire «tu ne trouves pas que la salade de méduse change d'une fois à l'autre dans tel restaurant» et qui sait exactement de quoi on parle.

Chez Mei, je l'ai donc laissé choisir ce qu'on allait manger. Il a sélectionné ses assiettes préférées. Mais il est clair que, même s'il n'avait pas été là, j'aurais aussi commandé les soup dumplings, ces ravioles farcies à la soupe, créatures venues du nord de la Chine et très haut sur ma liste de plats de prédilection dans le monde entier. Sentir le bouillon brûlant éclater en bouche, rempli de parfum de gingembre, fait partie des grandes expériences gustatives que l'on peut vivre. En ai-je mangé de meilleurs dans un restaurant chinois des banlieues de Toronto ou de Vancouver? Peut-être. Avec de la pâte légèrement plus fine? Pas impossible. Mais ceux de Mei se défendent fort bien. Goûtez ceux au porc et à la crevette.

Bartek m'avait aussi parlé des crêpes frites, autre incontournable de chez Mei car jamais vues ailleurs à Montréal. C'est léger, hyper croustillant, frit et friable, ça fond en bouche. On a à peine le temps de s'émerveiller sur la sauce sucrée évoquant vaguement le hoisin, la présence délicate d'un peu d'oignon vert, et voilà que c'est disparu, avec quelques miettes comme seules traces de ce délicieux intermède.

Plusieurs des plats intéressants chez Mei sont des plats froids. Comme le boeuf braisé aux notes claires d'anis étoilé, servi avec beaucoup de coriandre fraîche, et qui se déguste avec la sauce épicée que l'on dépose sur la table. Le plat de nouilles sichuanaises est aussi présenté froid, cette fois avec des nouilles de blé faites maison, quelques juliennes de concombre, des morceaux de viande discrets, de l'oeuf dur mariné dans le soja, et surtout une sauce relevée dont j'aurais juré qu'elle était parfumée à la fleur d'oranger.

Mais Bartek a exprimé des doutes. Peut-être était-ce simplement le parfum des baies de Sichuan.

La soupe à l'agneau est là encore un plat fort intéressant, mais je vous avertis: cet agneau est rendu pas mal ado, un peu mouton, et cela paraît dans le goût du bouillon. Les amateurs apprécieront. Dans ce consommé, on fait flotter de grosses nouilles de blé bien dodues, des nouilles cellophane, des algues en lanières qui ressemblent à des nouilles vertes et du tofu en longues languettes fermes. Bref, on se croirait devant une soupe aux quatre nouilles, avec toutes sortes de contrastes de textures fort intéressants.

Seul plat un peu moins charmant: une salade froide de champignons noirs aux oignons crus, qui manquait de zeste, un peu terne. Mais Bartek m'a assurée que c'était une erreur de parcours et m'a fait promettre de la réessayer quand je vais y retourner. Et je le ferai.

Mei restaurant chinois

1425, rue MacKay, Montréal

514-288-1314

> Prix: Le plat le plus cher est à 11,99$. La plupart des assiettes sont autour de 8$ ou 9$.

> Carte de vin: Courte liste avec quelques bouteilles de saké et de vin chinois et de la bière nord-américaine.

> Service: Très souriant. Mais les puristes de la loi 101 pourraient avoir de la difficulté à être servis en français. En anglais? Pas facile non plus.

> Atmosphère: Le lieu n'est pas luxueux, plutôt minimaliste, un peu bruyant.

(+) Une cuisine chinoise authentique, qui sort des sentiers battus.

(-) La liste de bières pourrait être un peu plus longue.

On y retourne? Oui.