Loin sont les jours où le cuir était réservé aux punks marginaux et à leurs perfectos. Grâce à une technologie de pointe, la peau ancestrale se mute selon les exigences des créateurs, et ce, même pour la saison chaude.

Armure médiévale, jambières de rodéo ou uniforme de motocycliste : le cuir, résistant comme nulle autre étoffe, a trouvé son utilité dans la protection qu'il confère à celui qui le porte. Mais combien d'entre nous peuvent affirmer qu'ils enfourchent un taureau ou une Harley régulièrement ? Aujourd'hui symbole de sensualité irrévérencieuse, le cuir s'éloigne de plus en plus de sa raison d'être. Et gagne, petit à petit, le coeur du grand public.

« Il y a six ans, j'ai proposé des croquis de jogging en cuir à Fendi, mais ils ont refusé », a dit Kanye West, il y a deux ans, clamant qu'ils étaient maintenant partout. Peu importe ce que l'on pense des affirmations un peu criardes du chanteur, il souligne tout de même un changement de mentalité.

Une aisance s'est faufilée dans l'ADN du textile luxueux au statu quo inébranlable se traduisant dans des pièces aux lignes décontractées.

Dans cet esprit de démocratisation, son petit frère, le similicuir, jouit d'un regain de popularité depuis quelque temps. À noter : il faut maintenant dire « cuir vegan » pour être dans le coup ! Le New York Times a déclaré 2013 comme l'année du faux cuir alors qu'un nombre grandissant de designers l'intégraient allègrement dans leurs collections prêt-à-porter, notamment Joseph Altuzarra et Stella McCartney. Celle-ci, grande défenderesse des animaux, est depuis toujours une adepte de l'approche anti-cruauté.

À l'aide d'un alliage raffiné d'ingrédients végétaux, la maroquinerie de Stella McCartney recrée parfaitement le grain cuirassé, laissant l'oeil le plus averti un tantinet perplexe.

Peu importe notre école de pensée, peau d'animal ou de polymères, le (faux) cuir est devenu un must quatre saisons.

Ce printemps, il a pris des airs rétrofuturistes chez Louis Vuitton, avec le tout nouveau tout frais directeur artistique, Nicolas Guesquière. La collection, qui s'est ouverte sur un monologue inspiré du film de science-fiction Dune de David Lynch, inspirait la cohabitation de références passées et de technologies d'avant-garde. Des bandes de cuir verni se transformaient en jupe sixties et s'agençaient à une blouse au col montant, tricotée dans des lanières de cuir rappelant la finesse de la dentelle.

Quant à Miuccia Prada, elle a revisité le symbole de la mauvaise fille chez Miu Miu en s'inspirant du classique cinématographique Female Trouble, une comédie noire des années 70. Au son d'une bande sonore girl punk, l'esprit féministe de la collection se matérialisait dans des tissus et des couleurs dépareillés, mais surtout dans des vêtements de cuir, symbole ultime de l'attitude voyou.

L'été venu, la cuirasse estivale s'apprivoisera nettement mieux dans des vêtements simples et aérés, comme un short, une jupe évasée ou un t-shirt. Agencée à du denim, de la dentelle ou du filet, elle devient sérieusement caméléon. Sans aucun doute, le cuir fait peau neuve.