Burrata divine, crudités impeccablement croquantes, focaccia qui rebondit doucement sous la dent... Avis à ceux qui trouvent que les files d'attente sont trop longues pour les joyeux sandwichs d'Olive + Gourmando et qui n'arrivent pas à avoir une réservation chez Foxy, spécialiste de la cuisson sur bois dans Griffintown: l'équipe derrière ces deux institutions montréalaises vient d'ouvrir un nouveau restaurant.

Je ne sais pas combien de temps il faudra pour que le même phénomène d'hyper popularité se produise, mais en attendant que l'été se termine, il est encore tout à fait possible de savourer ses dernières belles journées sur la terrasse, rue de la Commune, dans le Vieux-Port.

Les touristes ne sont pas encore au courant de ce qu'ils ont sous les yeux quand ils passent sans s'arrêter.

Ne leur disons pas tout de suite que c'est là qu'ils devraient aller.

Profitons-en.

Parce que c'est encore une fois une réussite que ce Un Po' Di Più, un troquet ouvert pour d'excellents petits-déjeuners et lunchs - l'équipe a déjà montré ailleurs qu'elle savait bien faire ça -, mais dont l'identité est cette fois attachée à l'apéro à l'italienne, concept à la mode et charmant. Pourquoi s'en priver?

Surtout que l'Un Po' Di Più prend le sujet au sérieux. La liste de bitters et de vermouth offerts est longue.

On est dans l'esprit Aperol Spritz, negroni, bellini et compagnie, mais on va bien plus loin, avec des amers peu connus mais complexes et surprenants. Essayez-les. Votre Campari préféré a toutes sortes de cousins qui méritent d'être rencontrés.

Au menu, l'offre aussi est allumée, encore courte pour le moment, mais sans fausse note.

Comme dans les autres établissements d'Éric Girard et de Dyan Solomon - qui ont confié leurs cuisines au chef Nicholas Giambattisto - on travaille avec des produits locaux, frais, en saison, le plus possible, ou encore des importations de qualité. En ce moment, c'est le temps de goûter aux tomates avec de la burrata, un classique ici pas du tout réinventé, juste impeccablement exécuté grâce à la fraîcheur des produits, des tomates ancestrales à la burrata, en passant par l'huile d'olive. On aime les rondelles d'oignons doux comme ajoutés sur le dessus pour donner au plat un peu plus de profondeur, et les feuilles de basilic géantes, soyeuses, légères.

Dans le genre classique, on propose aussi le prosciutto et melon, avec jambon cru importé et melon à point, mais c'est le pinzimonio qui a attiré mon attention lors de mes quelques visites. Qu'est-ce que ce plat italien? Des crudités, ultra fraîches - concombres libanais, radis, en direct de chez Birri - trempées dans une purée d'aubergines à l'ail et à l'huile d'olive, avec jus de citron, noix de Grenoble et un peu de piment poblano.



Si vous avez envie de goûter au mois d'août dans un seul plat, à la fois profondément crémeux et croquant, ça pourrait être le pinzimonio.

Pour une création un peu plus complexe, on peut aller du côté de la niçoise, mais là encore, on reste en terrain connu, super bien faite. OEuf cuit dur, mais encore moelleux, anchois charnus, romaine croquante, haricots fins, croûtons de focaccia maison bien évidemment, dorés dans l'huile, tomates cerises et concombre pour encore plus de croquant, thon albacore écologiquement approuvé.

Ma seule légère réserve: la bruschetta aux champignons avec petits pois et mascarpone, très aillée, très riche. Comme s'il manquait un certain équilibre, une note de craquant, d'acidité pour relancer le caractère costaud des pleurotes, mini champignons de Paris et girolles sautés, saturés d'huile d'olive et de balsamique, combinés à ce très riche fromage à la crème. Mais peut-être est-ce uniquement une question de goût?

Au dessert, la «torta caprese», donc le gâteau de Capri, a tout pour plaire: chocolat noir, cerises, crème sure fouettée... Là comme partout sur le menu, tout est dans la profondeur des éléments qui composent l'assiette. Les cerises fraîches, le chocolat noir...

Mais la surprise, c'est le gâteau à l'huile d'olive, ultra moelleux, qu'on servait ce soir-là avec des raisins Concorde et des pêches mûres et sucrées, fruits de l'Ontario qui ont brillé en cet été chaud et ensoleillé. On finit le tout avec du mascarpone fouetté, du balsamique encore pour le sucre et l'acidité...

Rendu là, on est loin de l'apéro, mais on nous propose un amaro pour boucler la boucle. Bravi.

Photo André Pichette, La Presse

Le pinzimonio: des crudités ultra fraîches trempées dans une purée d'aubergines à l'ail et à l'huile d'olive, avec jus de citron, noix de Grenoble et un peu de piment poblano.

Un Po' Di Più. 3, rue de la Commune Est, Montréal. 514 861 8686. https://www.caffeunpodipiu.com

Notre verdict

Prix: plats entre 10 $ et 26 $, desserts entre 6 $ et 12 $.

Carte de vins: une belle liste d'apéritifs et de vins naturels, de petits producteurs, qui met l'Italie en vedette.

Service: souriant et professionnel. Des gens qui savent répondre aux questions ou trouver les réponses. (Précisons cependant que même si, comme toujours, je réserve à un autre nom que le mien et que je paie ma note, on m'a reconnue.)

Décor et ambiance: l'aménagement des lieux a été confié à Zébulon Perron, qui en a fait un espace évoquant les cafés italiens chics, façon Milan ou Turin, tout en mettant en valeur les atouts patrimoniaux. Le lieu est peu fréquenté par les touristes, mais plutôt par les habitués des autres restaurants du groupe.

Plus: la qualité des produits, le soin apporté à tous les détails

Moins: carte encore courte, très classique

On y retourne? Oui.

Photo André Pichette, La Presse

La bruschetta aux champignons avec petits pois et mascarpone