Un bon vieux jean confortable, une petite robe noire, une paire de Stan Smith, les Beatles, une balançoire toute simple accrochée à un arbre à la campagne... Il y a des choses comme ça, dans la vie, que tout le monde aime.

En cuisine, c'est la pizza.

Et si on cherche une adresse pour réunir une bande de gens disparates, des vieux et des jeunes, des carnivores et des végétariens, des gros mangeurs et des frugaux, il n'y a rien comme une bonne pizzéria toute simple, toute classique, mais qui fait bien les choses.

Le quartier Hochelaga-Maisonneuve vient d'hériter d'une telle adresse. Cette pizzéria s'appelle Heirloom, ce mot qui signifie ancestral, héritage. C'est la voisine et la petite soeur de l'État-Major, une table «apportez votre vin» qui, comme sa grande soeur du Plateau, Quartier général, rue Gilford, a su traverser les années.

Pour le Heirloom, Dominic Laflamme et Vincent Châtelais, les propriétaires de cette famille en croissance, ont choisi des valeurs sûres, éprouvées. Une décoration actuelle, soignée. Des vins modernes. Et un menu que tout le monde aime. Pizza, pizza et encore pizza. Et aussi en entrée, d'autres classiques: boulettes, salade de roquette, calmars frits, burrata...

De nombreux autres restaurants montréalais proposent des menus semblables, à l'image de la Bottega, qui fut probablement, rue Saint-Zotique Est, la première pizzéria de cette mouvance: élégante, avec un four à bois, des entrées passe-partout préparées avec application, des pizzas toutes simples préparées avec de bons produits.

C'est sûrement l'une des premières fois que le concept s'installe rue Ontario bien à l'est, près de Pie-IX.

Pour un bon repas copieux, donc, on commence avec les entrées d'usage. Des calmars frits qui arrivent à table bien chauds et croustillants mais encore bien souples sous leur friture, comme promis par la serveuse. On les trempe dans un peu de mayonnaise épicée. Rien de léger. Mais souriant.

La burrata? On sert la moitié de la motte traditionnelle de cette mozzarella farcie à la crème avec une anchoïade et des tomates légèrement confites au four. On sort donc ici un peu des sentiers battus et ça marche. Et on éponge le fond de l'assiette avec de la focaccia maison.

Mon entrée préférée? Les arancini, ces boulettes de riz bien croustillantes à l'extérieur et totalement moelleuses et saturées de fromage fondu à l'intérieur. Bravo.

Le principal bémol du repas est l'assiette de spaghetti, avec crème, jaune d'oeuf et bacon. La présentation de cette confection d'esprit carbonara est magnifique, puisqu'on laisse le jaune d'oeuf cru sur le dessus des pâtes, une image éminemment «instagramable». Cela dit, lorsqu'on goûte au plat, on réalise que le bacon est fade et empêche le plat d'avoir de la profondeur. On cherche le sel et le goût fumé, notamment. On a juste envie d'ajouter des tonnes de poivre, de parmesan.

En revanche, les pizzas plaisent à tout le monde. La mienne est particulièrement sympathique: on combine prosciutto et roquette, sur une sauce tomate, tout en ajoutant un petit punch sous forme de ricotta citronnée. Et toutes ces saveurs se complètent fort bien. D'autres à table ont pris la pizza Roi d'Ontario, une créature costaude sur fond tomaté où on combine toutes sortes de charcuteries - saucisse, sopressata, prosciutto, salami... sous une couche de mozzarella - ou celle aux champignons, une pizza blanche cette fois, avec portobello, champignons de Paris, pleurotes, bacon et pecorino. Dans les deux cas, le rendu est très honnête: de la bonne pâte croustillante, mais douce aussi, jamais dure ou sèche, des garnitures de qualité.

Au dessert, le menu devient un peu plus imprévu et propose des milk shakes aux brownies et au dulce de leche. Est-ce grandiose? Non. Et la pizza à la crème au chocolat maison ne réinvente pas le genre non plus. On pourrait travailler le tout un peu plus. On finit par prendre le churro qui accompagne le milk shake pour le tremper dans la sauce chocolatée et légèrement pralinée - pas assez pour qu'on le remarque vraiment - de la pizza... C'est chouette. Mais un peu dépareillé.

À travailler, donc, pour compléter une expérience sans surprise, mais honnête et franchement fort agréable.

Photo Ivanoh Demers, La Presse

De nombreuses pizzas sont offertes au menu de la pizzéria Heirloom.

Heirloom. 3991, rue Ontario Est, Montréal. 514 905-8211. http://pizzeriaheirloom.ca/

Notre verdict

Prix: entrées de 5 $ à 19 $, pizza de 14 $ à 18 $. Plats de pâtes de 10 $ à 18 $, avec possibilité d'assiettes format entrée ou plat principal. Desserts à 8 $ ou 9 $.

Carte des vins: contrairement aux autres établissements du groupe, le Heirloom a sa propre carte des vins. On propose des crus pas compliqués, pas trop chers, de petites maisons, surtout italiens. On aurait aimé voir plus de bières sur le menu. 

Service: sympathique, affairé (mais peut-être particulièrement avenant parce qu'on m'a reconnue).

Ambiance et décor: très bel aménagement signé Labrie avec du bois, des carreaux de ciment à motifs, des étagères d'acier, du carrelage rétro... Tout est soigné.

On aime: le soin porté à l'ensemble de l'expérience, du menu au décor

On aime moins: les desserts

On y retourne? Oui.

PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

Le très bel aménagement du restaurant, signé Labrie, recourt au bois, aux carreaux de ciment à motifs, aux étagères d'acier et au carrelage rétro.