Le Comptoir Rhubarbe est une superbe petite adresse du Plateau. Une vraie chouette table où l'on mange bien à prix raisonnable.

L'accueil est cool. Les vins sont cool. La cuisine est impeccablement dans l'air du temps, à la fois légère et savoureuse et riche juste quand il le faut.

Son défaut? Ce n'est pas ouvert le soir. Juste le matin et le midi. On m'a expliqué que c'est le propriétaire de l'immeuble qui l'avait exigé. Dommage. Vraiment dommage.

Je me rappelle ce que j'ai mangé pour vous en parler et je souris.

Je souris, entre autres choses, parce que je me rappelle avec délice un plat tout particulier: une tarte au caramel salé.

J'en aurais repris trois fois.

Combinaison impeccablement moelleuse et craquante de caramel au beurre bien collant, d'une montagne de noix de toutes sortes - pistaches, arachides, amandes, noix de Grenoble - d'une fine pâte brisée, le tout garni d'une crème montée à peine acide, puisque non sucrée, c'est un cadeau du Ciel.

Croyez-moi, une fois qu'on a mangé ça, on peut bien oublier tout le reste. Mais je me rappelle quand même le début du repas. Et il était formidable aussi.

- Un potage à la courge et à la carotte, onctueuse potion lisse et douce de bêta-carotène presque nécessaire en ces temps de grandes neiges.

- Un étagé pressé de légumes: carottes, radis, courgettes, betteraves jaunes... finement tranchés et déposés les uns sur les autres, façon mille-feuilles, avec feuilles de roquette, quinoa grillé et poudre de rhubarbe en garniture. On aurait pris un peu plus de sel en finition, mais ça, c'est souvent une question de goût personnel. Pour le reste, ce plat vitaminé avait tout le moelleux et le croquant désirés pour prendre sa place sans fadeur. Un plat végétarien amusant qui n'a rien, mais absolument rien à voir avec les terrines de légumes habituelles, même si c'est ainsi qu'on l'appelle.

- Un oignon farci. Encore un plat végé qui devrait être présenté haut et fort dans le concours du meilleur plat végétarien qui n'essaie pas d'être un plat carnivore. Cette fois, on prend un oignon juste assez cuit et adouci pour ne pas qu'il nous roule dans la bouche pendant 72 heures, on le coupe et on le farcit avec du fromage feta, un peu acide, bien salé, et des brocolis encore tendrement croquants. Puis, on dépose le tout sur des petits morceaux du crucifère, des pousses de roquette, mais aussi des pistaches et des graines de tournesol. Il y a aussi du parmesan cuit croquant par-dessus tout cela, et un bouillon de légumes au fond du plat qu'on finit à la cuillère. Rendue là, je n'avais plus faim, ravie de toute cette fraîcheur réconfortante, mais il y avait une autre assiette à partager:

- La morue au four sur risotto d'orge... Cette fois, c'est du radis mauve en dés miniatures qui apporte quelques notes croquantes et vitaminées sur l'orge qui résiste comme on l'espère sous la dent. Le poisson est cuit, mais pas trop et, là encore, un peu de parmesan cuit et croquant apporte sel et umami.

D'un bout à l'autre, les saveurs sont délicates. On n'est pas dans un univers explosif à l'ail ou au gingembre ou au chili.

Les parfums sont fins. Il faut un peu s'arrêter en pause méditative pour apprécier chaque bouchée.

Une fois ce festival salé terminé arrive le moment du dessert. En temps normal, on n'en aurait pas pris. Plus faim. Mais si on veut parler d'un restaurant, il faut essayer le sucré. Surtout si le chef, Julien Joré, est le conjoint de la pâtissière Stéphanie Labelle de Rhubarbe, maintenant avenue Laurier Est, et dont le Comptoir occupe l'ancien espace, rue de Lanaudière.

C'est donc à ce moment-là qu'arrive la tarte, préparée par Mme Labelle exclusivement pour le Comptoir, et aussi un pavlova aux agrumes adroitement déconstruit et particulièrement élégant, où la combinaison de textures si particulière à cette pâtisserie est habilement respectée: des mini-meringues coiffées de crème au chocolat blanc, de la poudre de fraise séchée, du sorbet à la fraise, de parfaites tranches d'oranges sanguines... C'était non seulement impeccable pour la photo Instagram de rigueur, mais tout aussi frais et délicieux.

Comme c'était le midi, on a accompagné le tout d'eau pétillante et d'une tasse d'Earl Grey de Camellia Sinensis. Mais la carte était tentante: toutes sortes de petits crus amusants, naturels, que l'on peut acheter en partant ou boire sur place, au verre si l'on en a envie.

Le week-end, la maison propose des brunchs. C'est certain que je vais y retourner pour essayer ça.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

La décoration du Comptoir Rhubarbe est celle d'un bistro du Plateau qui préfère ne pas être à la dernière tendance de la mode. Tableau noir pour le menu du jour, joli papier peint bleu aux imprimés de fleurs roses, comptoir noir...

Comptoir Rhubarbe. 5091, rue de Lanaudière, Montréal. 514 903-3395. http://patisserierhubarbe.com/comptoir-rhubarbe/

Notre verdict

Prix: Soupe 6 $, plats entre 10 $ et 17 $, plateau de poissons marinés ou de charcuteries à partager 12 $, tarte 6 $, pavlova 8 $

Carte de vins: Très courte, toute en importation privée, la carte plaira aux amateurs de vins nature.

Service: Efficace, professionnel et à l'accueil, on est gâté car c'est la grande Catherine Wart, la gérante et la maître d'hôtel.

Atmosphère: La décoration est celle d'un bistro du Plateau qui préfère ne pas être à la dernière tendance de la mode. Tableau noir pour le menu du jour, joli papier peint bleu aux imprimés de fleurs roses, comptoir noir... On peut acheter des plats préparés, apporter du vin en partant. Les gens, généralement plus boomers que milléniaux, s'entendent parler.

Plus: La qualité de la cuisine

Moins: Ce n'est pas ouvert le soir

On y retourne? Oui