Un restaurateur m'a déjà reproché, il y a quelques années, d'avoir dit de son restaurant que c'était l'endroit idéal où amener ses parents. Comme si cela était synonyme de platitude.

De toute évidence, on n'a pas les mêmes parents.

Les miens, comme ceux de bien des personnes de cette génération que je connais et avec qui j'ai mangé au restaurant, sont extrêmement exigeants côté service, connaissent très bien la cuisine, en ont vu d'autres et n'ont pas envie de se faire vendre de la camelote dissimulée sous de l'esbroufe décorative et bruyante.

Le m'as-tu-vu, très peu pour eux. L'expérimental approximatif non plus. Ils cherchent plutôt du service professionnel, peu de décibels et une cuisine aussi délicieuse que fiable.

Cette catégorie, dans mon livre à moi, comprend donc bien de belles et bonnes et élégantes tables. Je pense à Chez Sophie, Il Pagliaccio, Laurie Raphaël, Toqué!, La Chronique, pour ne nommer que celles-là.

Et j'en ajouterais une autre: le nouveau café Chez Bazin, où j'ai amené récemment mon père, qui n'en est pas à son premier restaurant dans la vie et qui a approuvé haut la main. Ce n'est pas une table du soir et on y attend encore le permis d'alcool. Mais pour un lunch de grande qualité, sans prétention et tout en finesse, on est à la bonne adresse.

Installé avenue Victoria, à Westmount, le café s'appelle Bazin puisque c'est le bébé de Bertrand Bazin, ancien pâtissier du club privé 357C, l'un des meilleurs en ville, qui travaille maintenant avec Antonio Park.

D'abord Bazin pilote le menu dessert du Park, le premier restaurant d'Antonio et la table préférée de P.K. Subban. Et c'est en tandem avec Park qu'il a lancé ce café à la porte voisine du Park.

Tant que le temps le permet, on peut encore manger en terrasse, qui est délimitée par des plantes, mais sur le trottoir, comme en France - et donc pas dans la rue comme l'aiment les fonctionnaires de la Ville de Montréal. Et c'est fort agréable. La semaine dernière, c'est là que j'ai mangé, que j'ai aperçu Max Pacioretty - décidément le coin est populaire chez les joueurs de hockey - et que j'ai pas mal tout adoré mon repas.

Ce que j'ai aimé surtout, devrais-je dire d'entrée de jeu, c'est un certain côté traditionnel français, totalement assumé.

Ici, il n'y a pas de pâté chinois réinventé en bol poké ou de néo-tourtière aux crevettes à la thaïlandaise. Pensez plutôt pâté de campagne, croque-monsieur, quiche...

Sachant que le maître à bord est d'abord et avant tout pâtissier aide à faire des choix. En entrée, par exemple, le Paris-Brest à la mousse de foie de volaille et de foie gras est juste parfait.

Pâte à choux irréprochable, amandes grillées discrètes, mousse légère et savoureuse, qui fond dans la bouche sans la moindre lourdeur et déposée en trompe-l'oeil exactement comme le serait la crème pralinée... Quelques feuilles de laitue avec une touche de vinaigrette ajoutent au plat un soupçon de fraîcheur. Bravo.

Autre idée: en plat, le vol-au-vent au poulet à la crème est précisément comme il se doit. Démodé? Pas quand la pâte feuilletée est si légère et fine qu'on l'imaginerait effectivement partir au vent. Avec par-dessus tout ça une sauce crémeuse, mais pas du tout collante, au poulet et aux carottes digne des meilleurs souvenirs des années 70. Un très joli voyage dans le temps, vers un classique des classiques.

Plus loin de la pâtisserie, mais au coeur du répertoire français, il y a aussi au menu un boeuf bourguignon qui plaira infiniment aux nostalgiques de cette cuisine nourrissante ayant un peu disparu de nos menus. Pourtant, comment ne pas aimer la viande longuement et tendrement braisée dans le vin avec oignons, champignons et quelques mini carottes. Un plat d'automne par excellence servi avec des nouilles aux oeufs maison.

Pour ceux qui préfèrent manger plus végétarien, il y a une ratatouille, servie non pas sous forme de ragoût, mais presque de tian, avec des tranches infiniment minces de tomates, de courgettes et d'aubergine, déposées sur une sauce tomate, alors que le tout est garni de feuilles de basilic.

On peut aussi, si on préfère un repas léger, prendre le poisson du jour, un bar grillé à la poêle servi avec sa peau croquante et déposé sur des petits légumes de saison, dont quelques gros haricots pelés et des tomates cerises.

Évidemment, il ne faut pas partir de là sans essayer les desserts. On en a pris deux: une magnifique petite tartelette qui marie chocolat et crème au café volant totalement la vedette, avec un équilibre parfait de richesse et de légèreté. Le «tout chocolat amandes» s'avère aussi une totale réussite, fine pâtisserie garnie de crème chocolatée et encaissée dans du chocolat craquant criblé d'amandes concassées. Du beau et du bon, plutôt à l'ancienne, beaucoup à la française, et c'est juste impeccable ainsi.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le boeuf bourguignon plaira aux nostalgiques de cette cuisine nourrissante ayant un peu disparu de nos menus. Comment ne pas aimer la viande longuement et tendrement braisée dans le vin avec oignons, champignons et quelques mini carottes. Un plat d'automne par excellence servi avec des nouilles aux oeufs maison.

Café Bazin. 380, avenue Victoria, Westmount. 438 387-3070. https://www.facebook.com/cafebazin/

Notre verdict

Prix: entrées et plats entre 7 $ et 20 $. Desserts - à ne pas manquer - entre 1,50 $ et 10 $.

Carte de vin: la maison est en attente de son permis.

Service: professionnel et courtois

Ambiance et décor: petit café moderne, avec à la fois du bois et du carrelage et un long comptoir où l'on peut manger un repas ou prendre juste un thé et un café et une pâtisserie. La cuisine est ouverte et la terrasse, très chouette avec ses plantes naturelles.

Plus: les desserts!

Moins: la carte n'est pas super longue.

On y retourne? Oui.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Du beau et du bon, plutôt à l'ancienne, beaucoup à la française, et c'est juste impeccable ainsi.