Chez Hopkins, ce nouveau restaurant de l'avenue Monkland où l'élégance du décor égale celle de l'assiette, un jeune chef rempli de promesses, Liam Hopkins, mène le bal de bien belle façon.

L'arrivée de ce restaurant de fine gastronomie dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce témoigne du changement de garde qui s'opère actuellement, surtout dans le Village Monkland. En ce frais mercredi soir de fin d'été, l'avenue était vivante, occupée, belle à voir.

Hopkins est le projet de Liam Hopkins, un chef qui a évolué notamment sous Antonio Park, et de la styliste culinaire Nicolina Servello. Cette dernière signe le design de l'endroit où, vraisemblablement, aucun détail n'a été laissé au hasard afin de créer cet écrin chic - mais pas snob -, dominé par les tons neutres et pastel, les colonnes en marbre, un grand miroir fixé au plafond et les luminaires en cuivre avec leurs globes ronds qui projettent une lumière tamisée dans la salle.

Fort joli et classe, donc, mais aussi accueillant. L'ambiance est chaleureuse, décontractée. On a tout de suite envie de prendre place sur les confortables chaises hautes du bar, ou de se lover en amoureux sur une des longues banquettes, en pigeant dans la planche de délicates charcuteries maison qu'on nous propose d'emblée pour commencer le repas.

Accompagnée d'un cocktail de la maison - la carte est courte, mais invitante et saisonnière, comme en témoigne ce punch au bourbon à la framboise, équilibré et frais - ou d'un cidre nature du Pays basque (un coup de coeur!), la planche est une parfaite entrée en matière. Ne boudez pas votre plaisir (mais prévoyez le coup... côté budget).

Parcours étoilé

Disons-le d'emblée: malgré quelques petites imprécisions ici et là, la cuisine que le jeune chef élabore avec attention est non seulement délicieuse et harmonieuse, mais finement travaillée et visuellement époustouflante.

L'établissement propose deux formules: des petits plats à partager ou, pour ceux qui sont en quête d'une expérience gastronomique totale, un menu dégustation de trois ou cinq services, qui peut s'accompagner d'un accord de vins.

Après moult hésitations, et aiguillés par notre serveuse, sympa et motivée, nous avons opté pour cinq plats, ce qui était plus que suffisant, à deux.

Le premier, une niçoise au carpaccio de thon tout en fraîcheur acidulée, remplit ses promesses. Le thon rouge tranché finement fond littéralement en bouche, alors que l'aïoli à l'estragon et aux olives ajoute du punch au confit de pommes de terre et fins haricots verts croquants. Un classique heureusement revisité.

Ce premier service s'accompagne d'une intrigante crème brûlée à la moelle. L'idée nous semble ingénieuse: un flanc de moelle, brûlée à la torche, accompagné de tranches de magret de canard et de jus de veau. Si les saveurs sont au rendez-vous et qu'on se régale, la texture légèrement farineuse du flanc laisse perplexe et on cherche le croquant qu'évoque la crème brûlée.

Mais tout ça est vite oublié à l'arrivée de notre costaud deuxième service, composé de pieuvre braisée et de raviolis au canard, le plat «signature» de l'endroit, nous assure la serveuse. On a eu la bonne idée d'accompagner le tout d'un «jardin» de légumes grillés et en purée (pleurotes, carottes, panais, rabioles...), succulent avec son pain noir émietté.

Parfaitement cuite et joliment présentée avec ses rondelles de betteraves marinées et ses rosettes de purée de betteraves également marinées, la pieuvre est bonne sous la dent, mais l'assiette pèche par excès; entre le goût très présent de la betterave marinée déclinée de plusieurs façons et les autres composantes (confit de topinambour, courgettes grillées, sauce aux figues, salicorne), nos papilles ne savent plus où donner de la tête.

Quant aux raviolis, ils sont franchement divins, charnus et riches. Leur jaune d'oeuf de canard parfaitement coulant nappe l'assiette, enrobant merveilleusement la cuisse de canard confit, la pancetta de canard - une protéine omniprésente sur le menu, d'ailleurs - et les feuilles de chou de Bruxelles.

Des desserts en tableaux

On pourrait désormais rouler jusqu'à la maison, mais il faut bien goûter au dessert, qui se présente dans deux spectaculaires assiettes, composées comme des tableaux.

D'un côté, un long ruban de panna cotta de thé matcha serpente à travers l'assiette, parsemée de morceaux de rhubarbe légèrement confite et de tire-éponge au caramel, un jeu réussi sur les saveurs et textures. De l'autre côté, un gâteau aux carottes déconstruit qui se pavane avec sa pâte sablée, sa crème mascarpone citronnée, ses cubes de fromage halloumi grillés, ses pacanes caramélisées et sa tuile carotte-gingembre, qui colle toutefois un peu trop au palais pour être pleinement appréciée.

Un dessert chargé qui gagnerait à être simplifié et peaufiné, mais qui témoigne du grand potentiel créatif de ce jeune chef à suivre.

Photo tiree de la page Facebook du restaurant

Le canard pour deux du restaurant Hopkins.

Notre verdict

Hopkins. 5626, avenue de Monkland, Montréal. (514) 379-1275. https://www.restauranthopkins.com/

Prix: Planche de charcuteries au prix «du marché» (36 $ lors de notre passage), menu dégustation entre 60 $ (trois services) et 80 $ (quatre services), plats à partager entre 15 $ et 26 $, canard pour deux à 75 $.

Carte des vins: Travail du sommelier Dan Lima, la carte est assez courte, mais intéressante et recèle de jolies trouvailles. Bonne idée de séparer les vins rouges et blancs en catégories, comme «mûr et fruité» ou «léger et minéral», afin de faciliter les choix.

Service: Sympathique, volontaire et motivé.

Ambiance: Une quarantaine de places bien disposées, avec plusieurs banquettes confortables qui permettent d'accueillir les petits groupes en toute convivialité. Décor soigné et élégant, ambiance décontractée et vivante.

Plus: Un endroit chic ,mais pas snob, l'occasion de découvrir la signature d'un jeune chef dont on n'a sûrement pas fini d'entendre parler.

Moins: Quelques assiettes qui en font un peu trop.

On y retourne? Oui, pour souligner une occasion spéciale ou prendre un verre et déguster quelques plats sur le pouce.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

Hopkins compte une quarantaine de places bien disposées, avec plusieurs banquettes confortables qui permettent d'accueillir les petits groupes en toute convivialité.