J'ai déposé mes baguettes et j'ai regardé mon ami Robert Beauchemin, un des globe-trotters gourmands les plus aguerris que je connaisse - oui, l'ancien critique de La Presse -, et je lui ai dit: «Tu sais ce qui vient d'arriver? Tu es prêt?»

Ce qui venait d'arriver, c'est que j'étais tombée amoureuse du petit restaurant laotien-thaïlandais qu'il m'avait à peine fait découvrir.

«Tu sais que ça ne sera plus ton petit secret bien gardé de Rosemont?

- Vas-y, m'a-t-il répondu. Écris. Je serai juste content que le travail de ces gens soit reconnu.»

Ce petit restaurant formidable, c'est le Thaï Sep, une adresse où des cuisiniers d'origine laotienne préparent des plats laotiens et des plats thaïlandais, notamment du nord du pays où les cultures des deux nations de l'Asie du Sud-Est se croisent. C'est aussi une petite adresse de la rue Jean-Talon Est, près de Papineau, où l'on apporte son vin.

Déco pas compliquée, mais sympathique et enjouée avec des couleurs vives, carte longue et fascinante, accueil en français allumé. Franchement, je ne lui ai pas trouvé de défauts, à part qu'on ne peut payer qu'en argent comptant.

Et je n'ai pas essayé le menu au complet, donc peut-être que certains plats sont moins spectaculaires que d'autres, mettons le poulet général Tao ou les rouleaux de printemps, et encore, je n'en sais rien. J'ai surtout suivi les conseils de Robert, qui passe ses étés dans ces coins du globe, qui connaît leurs cultures gastronomiques par coeur et qui m'a aiguillée vers ses valeurs sûres improbables. Et j'ai tout adoré.

Pour commencer, on a choisi une salade de mangue verte - plus sucrée que la papaye - piquante et fraîche à souhait, remplie de parfums de menthe et de citronnelle, avec oignons frits et pâtes de crevettes pour donner de la profondeur à tout ça. Juste là, j'étais de bonne humeur.

Puis est arrivée une soupe aux crevettes sur cari vert, accompagnée de riz au jasmin - on avait aussi commandé du divin riz collant, que j'ai préféré. Crustacés à peine cuits et donc encore tout moelleux, sauce au lait de coco arrondie et riche, bien relevée et parfumée notamment avec du basilic à profusion. J'aurais bu cette sauce au verre si on ne m'avait pas donné du riz pour tout imbiber...

Ensuite? Ensuite de la saucisse qu'on appelle sai kok esan. La meilleure saucisse que j'aie mangée depuis longtemps. On la prépare maison avec du porc grossièrement haché, des feuilles de kaffir, du gingembre, des oignons verts, de la citronnelle, de la coriandre...

On a l'impression d'être transporté directement quelque part entre Bangkok et Vientiane. Une découverte.

Et finalement, on a dévoré un autre plat laotien totalement charmant appelé nême kao, une salade typique de boules de riz frit ensuite défaites en morceaux agglutinés bien croustillants, mélangées avec du porc croustillant aussi et des cacahuètes concassées. La combinaison est relevée avec des oignons verts, de la sauce de poisson et on sert tout ça avec une montagne de coriandre et de menthe fraîches ainsi que des feuilles de laitue iceberg qui servent à emballer la salade et les herbes en rouleaux afin de croquer avec joie dans cette composition. Ce plat propose donc non seulement une explosion de saveurs, mais aussi un exercice un peu ludique de préparation à table. Bravo.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

La décoration joyeuse du restaurant met l'accent sur les couleurs vives.

Vais-je y retourner? C'est sûr.

Comme je vais retourner à un autre restaurant qu'une amie adepte folle des nouilles dandan m'a recommandé: Délice Oriental, une adresse sichuanaise tout juste à côté du Kazu, 1858, rue Sainte-Catherine Ouest. Les nouilles dandan font partie de ces plats cultes que les amateurs traquent dans le monde entier, le préféré de la grande spécialiste de la cuisine chinoise, la Britannique Fuchsia Dunlop. C'est un plat simple, mais dont chaque étape, un peu comme le ramen, nécessite soins et doigté. Les ingrédients? Nouilles de blé, oignons verts, porc grillé émietté, sauce au sésame, au soja, avec chili et piment de Sichuan. On avale ça dans la joie, surtout en novembre. C'est parfumé, piquant, réconfortant, et ça coûte trois fois rien (environ 6 $). Et si on a encore faim, on partage un plat de chou sauté au poivre de Sichuan. Pas la peine de me remercier, mais gardez-moi de la place, aux deux endroits.

Notre verdict

Prix: Ça va de 2,95 $ pour un bol de soupe aux légumes individuel jusqu'à 18,95 $ pour un grand plat de viande à partager.

Carte des vins: On apporte le sien.

Service: Gentil et efficace.

Atmosphère: Petite adresse bigarrée, décorée joyeusement, où se réunissent autant des familles du quartier que des jeunes d'origine asiatique ou des voyageurs en quête de saveurs authentiques d'Asie du Sud-Est.

On aime: La qualité des plats, l'originalité des spécialités laotiennes.

On aime moins: On paie seulement avec de l'argent comptant.

On y retourne: Euh, ouiiiii.

Thaï Sep. 1900, rue Jean-Talon Est, Montréal. 514 303-7767. https://www.facebook.com/Restaurant-Thai-Sep-132249393516320

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Le nême kao est une salade typiquement laotienne faite de boules de riz frit défaites en morceaux bien croustillants, mélangées avec du porc croustillant et des cacahuètes concassées.