Depuis la fermeture de la Rôtisserie Laurier, j'erre à la recherche de bon poulet grillé. Il y a St-Hubert, évidemment, qui dépanne toujours, quand on est au milieu de nulle part, mais pas loin d'un centre commercial. C'est de loin mon adresse de restauration rapide préférée.

Mais, en ville, je cherche toujours de petites adresses indépendantes et là, je crois que je viens d'en trouver finalement deux.

D'abord, il y a le nouveau Campo, une adresse du boulevard De Maisonneuve ouverte par le grand Carlos Ferreira, du café homonyme, et par sa fille Sandra.

Installé non loin de Peel, près de deux autres établissements de la famille - le Ferreira Cafe et Vasco Da Gamma -, Campo est un lieu de restauration rapide qui se spécialise dans le poulet grillé, à la portugaise, évidemment.

On y trouve aussi de la poutine et des côtes levées, mais l'essence du restaurant est dans la volaille nourrie au grain et servie grillée, juteuse, savoureuse grâce aux assaisonnements classiques à base d'ail et de paprika. On mange le tout avec de la sauce piri-piri, un cornet de frites ou l'incontournable salade de chou, à laquelle on peut préférer une romaine ou une salade de quinoa, modernité oblige...

Au dessert? Des pasteis de nata et de la mousse au chocolat à l'huile d'olive. Parce qu'on est un peu au Portugal et en 2016.

On commande au comptoir, on mange sur place ou à la maison - ou au bureau. On y sert des vins abordables que produit ou importe M. Ferreira.

Ce n'est pas l'endroit pour un repas romantique à la chandelle. Mais plutôt un lieu de pause rapide. Une nouvelle valeur ultrasûre.

Se sustenter modestement

Pour prendre son temps, il y a une autre adresse très sympathique à la portugaise qui vient d'ouvrir, cette fois dans Saint-Henri, le Restaurant 3734. C'est Franco Perreira, un traiteur et un des anciens propriétaires d'Henri-Saint-Henri, qui logeait à cet endroit, rue Notre-Dame Ouest, qui a repris les commandes.

La qualité première de cette nouvelle table est son absence totale de prétention.

On demande à la serveuse quel est le cépage du blanc portugais qu'elle propose et elle répond: «Je ne sais pas.» Peut-être que certains seront choqués. Moi, j'ai préféré ça à la réponse inventée ou au «je vais aller me renseigner» qui ne revient jamais. Et ça donne le ton.

On n'est pas ici pour boire de grands crus ou découvrir de petits producteurs obscurs et expérimentaux, mais bien pour se sustenter modestement.

Ce qui n'empêche pas la maison de bien faire les choses, en commençant par le poulet grillé qu'on prend entier pour le partager à la table.

Et ici aussi, on s'approvisionne chez un petit producteur qui nourrit ses oiseaux aux grains, la Ferme des voltigeurs.

Tout le repas est dans cet esprit.

En amuse-bouche, on grignote des lupins assaisonnés et baignant dans un peu d'huile, haricots charnus dont les gourous viennent de découvrir les vertus nutritives, mais qui ont toujours plu aux humbles mangeurs. Dommage que l'houmous de feijoada qui partage l'assiette soit trop fade, mais plus tard arrivera une mousse de foies de volaille ponctuée de gelée de coing qui servira parfaitement, elle, de garniture pour quelques tranches de baguette.

Les amateurs de cuisine portugaise apprécieront la présence d'acras sur le menu, ces croquettes de morue séchée servies avec un peu de céleri rémoulade, de la moutarde et des tranches de pomme verte. L'appareil est savoureux, mais personnellement, je préfère les acras quand ils sont plus petits et donc plus croquants. Les amateurs de moelleux seront plus heureux.

Le calmar grillé est servi en grosses rondelles - on est dans le charnu saisi, pas le fondant braisé - sur des haricots blancs et des haricots verts, une entrée costaude, sans grande élégance, que d'aucuns choisiront en plat.

Des frites maison divines

À moins qu'on préfère - et c'est de loin ce qui m'a semblé la meilleure option - partager un poulet entier à la sauce piri-piri, tendre et juteux, savoureux, qu'on accompagne de frites maison absolument divines - ce sont de minuscules filaments de pommes de terre frits, comme des cheveux d'ange - et de coeur de romaine en gros quarts, garnis de sauce à la mayonnaise et d'herbes fraîches.

Et si l'idée de commander un poulet entier vous fait peur, sachez qu'on peut apporter les restes à la maison et qu'ils seront aussi tendres le lendemain. Je le sais, je l'ai essayé.

Au dessert, on choisit les pasteis de nata parce qu'on est un peu au Portugal dans ce petit lieu de Saint-Henri pas compliqué, mais sympathique.

Photo François Roy, La Presse

Le Restaurant 3734 est installé dans l'ancien local d'Henri-Saint-Henri.

Notre verdict

Restaurant 3734. 3734, rue Notre-Dame Ouest, Montréal, 514 303-0777, http://3734.ca/

Prix: entrées et amuse-bouches entre 5 $ et 14 $. Plats entre 18 $ et 26 $. Plats familiaux à partager à plusieurs: entre 29 $ et 58 $.

Carte de vin: variée, mais pas compliquée, avec beaucoup de crus portugais. En général assez abordable puisqu'on ne dépasse pas les 80 $. Ne posez pas trop de questions aux serveurs pour les détails...

Service: gentil et efficace même si c'est approximatif sur le vin, sans prétention.

Décoration: on a gardé quelques éléments de l'ancien restaurant, mais de façon générale, l'aménagement a été beaucoup simplifié. Pas très original, façon rétro-vintage-hipster-tabourets-métalliques-chaises-dépareillées, mais chaleureux et encore là, pas prétentieux.

Plus: le poulet grillé

Moins: rien de spectaculaire dans les plats à part... le poulet.

On y retourne? Peut-être pour... le poulet.

Photo François Roy, La Presse

Le menu du Restaurant 3734 offre des plats familiaux à partager à plusieurs, entre 29 $ et 58 $.