La question n'est pas: est-ce que Milos, c'est bon? Parce que la réponse est évidente. C'est oui.

Milos, table grecque classique de l'avenue du Parc, installée au coeur du quartier hellénique traditionnel de Montréal, lieu fréquenté par les vedettes d'ici et de passage autant que par les gens d'affaires les plus connus ou les plus audacieux, est un restaurant où ce que l'on mange est juste délicieux.

La vraie question, donc, est ailleurs. La vraie question, c'est: est-ce que Milos est trop cher?

Parce qu'on dirait qu'on ne peut pas oublier cet aspect de l'expérience, cette costaude addition qui nous attend à la fin du repas, dès qu'on parle de l'établissement.

«Milos? C'est tellement bon... mais c'est cher.»

«Milos? J'y serais constamment si ce n'était pas si cher.»

«Milos! Mon restaurant préféré. Dommage que ce soit si cher...»

Combien de fois ai-je entendu ces phrases au sujet de cette table? Mille fois. Et chaque fois j'y ai répondu la même chose: «Allez-y alors le midi, ils ont une table d'hôte à 25 $...» Et voilà que j'apprends, en regardant le site web, qu'ils font la même chose après 22 h...

Remarquez, cette réputation n'empêche aucunement le joli restaurant tout blanc, élégant sans être le moindrement coincé et rempli de références traditionnelles à la Grèce sans tomber dans le folklorisme de mauvais goût, de connaître un franc succès. Car il marche bien ici et les Milos du fondateur montréalais Costas Spiliadis se sont maintenant multipliés, de Las Vegas à Londres en passant par New York et Athènes.

Mais voilà. Milos a un prix. Est-il trop élevé? D'un côté, on pourrait répondre oui.

Quand on commande deux poissons grillés, pour six personnes, et que ces deux seuls éléments font grimper le total de 194 $, c'est beaucoup.

En fait, quand j'y suis retournée récemment, le repas est revenu à 190 $ par personne. Ce n'est pas rien. Et on ne s'était pas jetés sur les magnifiques bourgognes blancs de la carte, style Corton Charlemagne ou Meursault. On s'en était tenus aux assyrtikos grecs raisonnables.

Avons-nous pris du homard, des langoustines, du caviar? Pas du tout. On a choisi les classiques. Tous des plats, donc, qui ne nécessitent que très peu de travail en cuisine. Des huîtres crues magnifiquement fraîches et pas du tout laiteuses malgré la saison. De la salade grecque savoureuse, préparée avec des légumes croquants et juteux, des tomates parfaites, des olives artisanales, de l'huile d'olive fine et juste assez piquante importée par la maison, bien sûr, et une feta - de lait de brebis, bien sûr - douce et finement relevée. Des poissons - un lavraki (bar de mer grec) et un saint-pierre qui auraient pu être un tantinet moins cuit - et des fruits de mer grillés - dont un poulpe juste parfaitement tendre - totalement minimalistes. Ajoutez à ça un peu de tzatziki bien dosé, préparé avec un yaourt riche et onctueux. Du pain grillé à la croûte craquante mais à la mie bien rebondissante... Du yaourt au miel au dessert, des petits beignets à dévorer dans la minute pour qu'ils soient encore juste assez craquants et fondants...

Quand le plat le plus compliqué est une fleur de courgette farcie ou une tranche d'aubergine frite - impeccable -, on ne peut pas dire qu'on paie pour les années du chef aux grandes écoles.

Mais l'âme de Milos n'est pas là.

La clé de ce restaurant est dans la perfection de sa simplicité et la qualité de ses produits, triés sur le volet, dont plusieurs sont importés directement de Grèce ou d'autres pays de la Méditerranée.

Ce n'est pas écolo? Peut-être. Mais c'est là la particularité de ce restaurant. Tout est garanti d'une fraîcheur impeccable. Les tomates sont bonnes même en plein milieu du mois de janvier. La carte de vin est toujours hyper fiable et on ne risque jamais de tomber sur un vin nature qui a pris le mal de mer en voyageant jusqu'ici.

Il est là, le prix qu'on paie. Et si la clientèle continue d'affluer, remplissant soir après soir ce lieu devenu une référence, n'est-ce pas normal que le modèle d'affaires continue simplement d'exister, de naviguer, sans changer?

Quand on demande quelles sont les grandes tables classiques montréalaises, Milos s'impose.

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Milos, 5357, avenue du Parc, Montréal, (514) 272-3522, www.milos.ca

PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Notre verdict

Prix: Menu du midi à 25,15 $.

Vu sur mon addition: Entrée de poulpe à 29 $. Salade grecque à 28 $. Huîtres à 4 $ chacune. Légumes grillés, 21 $. Fleurs de zucchini farcies à 8 $ chacune. Yaourt grec à 12,50 $.

Carte de vins: De bons crus grecs et de grandes bouteilles françaises.

Service: Très attentionné, chaleureux.

Ambiance: Niveau de bruit correct, salle pleine même un mardi, lieu de rencontre pour gens d'affaires ou familles célébrant une occasion spéciale. On est dans le Mile End, mais à mille lieues des restaurants à la mode du coin où la barbe et le tatouage sont omniprésents. La moyenne d'âge, chez Milos, est d'ailleurs sensiblement plus élevée. Une des adresses montréalaises où rencontrer des vedettes de passage. (J'y ai déjà interviewé Puff Daddy...)

Plus: La qualité des produits

Moins: Le flou quand on commande à la carte, «au prix du marché», et qu'on ne sait pas trop quelle note va nous tomber sur la tête.

On y retourne? Mais oui.

PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE