Lorsque janvier s'installe, qu'il fait froid, qu'on termine une période de bombance et de dépenses folles, une option s'impose le temps venu d'aller au restaurant : la soupe asiatique.

Son prix est abordable. Son bouillon rassasie sans heurter nos foies fragiles. Son piment secoue les papilles et pince les microbes hivernaux. Ses nouilles soyeuses comblent en douceur.

Ramen japonais, phô vietnamien, laksa indonésien, tom yam thaï... Choisissez votre version préférée.

Le potage exotique peut être de mille façons votre meilleur ami.

Chaque année, on se donne rendez-vous.

Pour 2016, tout a commencé avec une soupe chinoise aux nouilles et au boeuf, un plat classique de Lan Zhou, une ville du centre-nord du pays. Aujourd'hui, un peu comme le ramen au Japon, ce mets est devenu populaire partout en République populaire et se mange à tous les carrefours. On peut même en acheter au supermarché en version lyophilisée, dans un bol de plastique prêt à accueillir un peu d'eau bouillante pour transformer le tout par magie en soupe chaude. Un classique de l'alimentation instantanée.

À Montréal, la meilleure soupe aux nouilles et au boeuf de Lan Zhou est sans nul doute servie chez Nouilles de Lan Zhou, sur le boulevard Saint-Laurent, dans le quartier chinois. Le menu vient à peine de se diversifier un peu, mais quand le troquet a ouvert l'an dernier, au rez-de-chaussée d'un nouvel immeuble et juste au-dessus d'un supermarché, on n'y servait que de la soupe aux nouilles et au boeuf.

Aux convives, on ne laissait que deux choix à faire : voulez-vous votre soupe un peu ou bien piquante ? Et vos nouilles, les préférez-vous minces, de taille spaghetti ou bien dodues de type udon ? Parce que les nouilles en question sont préparées et « tirées » sur place, sur mesure, à la main, par un cuisinier qui travaille dans la vitrine du restaurant. On peut le voir travailler quand on marche sur Saint-Laurent. C'est spectaculaire.

Le plat ressemble un peu au ramen japonais, car il combine un bouillon préparé avec soin, nouilles, rondelles de daïkon, viande et oeuf. Sauf que le ramen est préparé avec du porc et ici, il est question de boeuf taillé en très fines tranches et cuit dans le bouillon au point d'en devenir fondant. En outre, l'oeuf est servi cuit dur et mariné dans le curry, ce qui lui donne un goût parfumé typé qui tranche avec le reste du plat. Le bouillon, dont on devine qu'il a dû mijoter des heures, est quant à lui généreusement parfumé et épicé. On pense cannelle, anis étoilé, clou, peut-être piment de Sichouan, gingembre aussi, grains de fenouil. Cela le rapproche plus du phô vietnamien. Le secret, dit-on, est d'enrichir le bouillon avec un peu du sang du boeuf.

La combinaison s'avère donc riche et savoureuse et remplie de nouilles à la fois délicates et réconfortantes.

Dans les plats ajoutés au menu récemment, on retrouve un plat végétarien qui n'a pas l'ombre de l'intérêt de la soupe classique à la viande. La fadeur du bouillon est décevante, tout comme les légumes - essentiellement un peu d'algues, des carottes et des morceaux de brocoli, dont on a l'impression qu'ils sortent du congélateur. Un seul ingrédient donne un peu de personnalité à la composition : l'oeuf dur mariné au curry, le même qu'on utilise pour la soupe au boeuf.

Si on tient à manger un peu de légumes, c'est du côté des entrées que les options sont réjouissantes : une salade aux algues au sésame avec spaghetti de daïkon très fraîche ou alors une salade de concombre épicée, garnie de cacahuètes, dont la vinaigrette est légèrement sucrée et vinaigrée. Un délice.

On accompagne le tout de thé vert tout simple.

On paie en liquide. Une bonne affaire.

NOUILLES DE LAN ZHOU

1006, boulevard Saint-Laurent, Montréal

514 800-2959

NOTRE VERDICT

Prix

7,99 $ pour un petit bol de soupe et 9,99 $ pour un gros bol et 11,99 $ pour un énorme bol à partager. On ajoute 3 $ si on veut une salade en entrée.

Carte de vin

On boit du thé !

Style

Petit troquet ouvert le jour, pour prendre un bol de soupe ou pour acheter une soupe à emporter. La spécialité du lieu est la soupe aux nouilles et au boeuf, nouilles préparées à la main sur place selon une méthode traditionnelle. Le genre de restaurant qui donne de la personnalité authentique et actuelle au quartier chinois.

Ambiance

Des murs rouges, des lampes traditionnelles chinoises, une salle ouverte puisque le restaurant surplombe l'entrée d'un supermarché, à l'étage inférieur, beaucoup de va-et-vient. En trame sonore quand nous sommes passés : de la musique de Noël traditionnelle revisitée par des artistes indépendants des années 80. Peu banal.

Service

Pas nécessairement en français. Courtois et rapide.

On aime

La spécialité aux nouilles et au boeuf franchement délicieuse.

On aime moins

La soupe végétarienne fade.

On y retourne ?

Oui, c'est déjà fait.

PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

On peut voir travailler le cuisinier du restaurant Nouilles de Lan Zhou quand on marche sur Saint-Laurent.