Le Café Laïka est cette institution des branchés montréalais qui, depuis presque une génération maintenant, fréquentent assidûment ce lieu un peu souterrain (aucun jeu de mots) pour se rencontrer, faire ses devoirs ou envoyer des courriels. Ou y trouver l'amour, selon un client régulier à qui c'est arrivé plus d'une fois.

En fait, le Laïka se métamorphose en bar à la brunante. Avec des DJ toute la semaine (qui sont parfois cuisiniers, ouch!) et beaucoup d'attitude (tant des serveurs que des clients, ça s'annule). On ne sait pas si c'est toujours un resto quand cela se produit. La musique y est étourdissante et l'éclairage à peu près aussi subtil qu'un Hummer. Mais nous sommes dans le quartier où ça bouge et puisque ça bouge, tout est justifié.

Nous supposons que manger est secondaire, on privilégie le moment présent. Sauf les week-ends où le brunch est pris d'assaut (surtout pendant les beaux jours où les grandes fenêtres s'ouvrent sur la rue en contre-plongée) par les gens qui veulent voir et qui sont là pour être vus. Les dimanches matins, on dirait que la veille a été ardue pour plusieurs d'entre eux, à voir les regards un peu vitreux, les verres fumés même sans soleil et la peau un peu blafarde sous le fond de teint.

Le service en ces moments difficiles n'est guère mieux: ça court, c'est lent et un peu déréglé. Nous ne parlerons pas non plus du décor qui s'use un brin et qui aurait bien besoin d'un coup de pinceau. Ou de la visite d'un designer. Après tout, il nous semble qu'on pourrait interroger la clientèle, vu qu'il doit bien y avoir des masses de designers dans cette faune.

Au menu, et heureusement du reste, ça s'arrange un peu (malgré une heure d'attente pour un café et une omelette!). On choisit parmi la carte ou à partir du tableau noir, des propositions décrites sommairement qu'on est encouragé à épier dans les assiettes des voisins. Qui se font un plaisir malin de nous les montrer pendant qu'on salive. Car c'est bon et plutôt original, du moins dans les intitulés qui manient l'illusion avec verve et une jolie candeur. Une omelette aux poivrons rôtis, servie avec du fromage feta, quelques tranches de fruits pour faire végétal et « mode », un jus vitaminé, quelque chose comme de l'orange et du gingembre, des quesadillas, des paninis, des crêpes remplies de bleuets et de fraises, encore des petites pommes de terre grillées, c'est gras et, ma foi! on avale et on sourit devant tant d'ingénuité.

Le café, pouah! Pas terrible. La conversation? Elle serait remarquable si on pouvait s'entendre - techno et cris d'enfants à 10 h, ça secoue le lendemain de veille, vous ne trouvez pas? Mais au bout d'un moment, on finit par oublier ces détails d'une autre époque, ici on préfère la légèreté, l'insouciance, le bonheur vaporeux. La nourriture? Le service? Non, ce n'est pas pour ça qu'on est là. Vraiment.

Café Laïka

4040 boul Saint-Laurent

514-842-8088

laikamontreal.com

+++ Cuisine moderne et ludique, assez goûteuse pour un lieu de branchés!

--- Les toilettes au fond d'un couloir, négligées, maculées et indignes d'un lieu public aussi populaire

On y retourne? M'ouais. Si on veut. Mais sans grand enthousiasme