Janvier est le mois idéal pour essayer de nouveaux restaurants exotiques.

D'abord, ceux-ci permettent de rééquilibrer le yin et le yang géographique de nos menus, après quelques semaines d'excès de ragoûts de pattes, de tourtières, de dindes aux canneberges et de tartes au sucre.

Et en plus, ils sont souvent très efficaces pour nous offrir des plats relevés et remplis de rebondissements en bouche, sans qu'on ait pour autant à casser la banque. Or, en janvier, on le sait, nous sommes tous fauchés. Ou à peu près.

 

Parmi les bons restaurants pas chers, il y a des indiens dans Parc-Extension, des chinois et des vietnamiens à Brossard ou à Côte-des-Neiges. Et puis, on les découvre maintenant, il y a les coréens de Notre-Dame-de-Grâce. On pense à Kagopa, rue Saint-Jacques, où les Coréano-Montréalais se donnent rendez-vous dans la salle de karaoké. Il y a aussi une adresse à Westmount, une autre chemin de la Reine-Marie, et encore une autre, sur le boulevard Cavendish.

Et puis, rue Sherbrooke Ouest, là où le multiculturalisme de NDG brille de tous ses feux - dans un même pâté de maisons, on peut trouver un club vidéo iranien, une épicerie jamaïcaine, un restaurant indien et un marchand de pâtes italien, sans parler du supermarché perse un peu plus loin et du restaurant chinois -, il y a Hwang Kum.

Ce restaurant coréen était, jusqu'à tout récemment, un vrai boui-boui, pas particulièrement attirant, mais où on adorait aller, car la qualité de la cuisine était inversement proportionnelle à celle du décor.

Depuis, Hwang Kum s'est transformé. L'intérieur a été rénové. Les panneaux de bois sur les murs ont été teints de couleur foncée, ce qui lui donne un air plus chic, plus noble. L'entrée a été repeinte. Bref, on a donné un coup de fraîcheur bien nécessaire aux lieux, ce qui donne pas mal plus envie d'aller s'y sustenter.

Toutefois, l'émerveillement des débuts n'est plus nécessairement au rendez-vous. Est-ce parce que le contraste n'est plus aussi saisissant qu'avant entre l'ambiance et l'assiette ? Ou est-ce parce que la cuisine coréenne est mieux connue ? Difficile à dire.

En fait, la cuisine est rendue inégale.

Autant la soupe aux grosses nouilles de type udon, avec son oeuf poché lancé dans un savoureux bouillon brûlant, est réconfortante et satisfaisante, autant les dumplings à la viande, sans la moindre finesse, sont décevants. Le plat de bi bim bop, cette combinaison de riz, oeuf, viande hachée et légumes, semble attendre une aide constructive qu'on ne sait comment lui offrir.

Car, à part le kimchi - ce chou mariné très piquant et très caractéristique de la cuisine coréenne -, dont on sait qu'il va pas mal partout, les autres ingrédients ne sont pas expliqués lorsqu'on les apporte à table. On ne sait donc pas quoi faire avec l'excellente salade de concombre au sésame qu'on dépose au début du repas, ni celle aux pousses de soja ou encore les différentes sauces qui couvrent la table. Où doit-on mettre tout cela? Que doit-on mélanger?

Le meilleur plat, en fin de compte, est le classique bulgogi, de la viande marinée dans une sauce sucrée salée de type teriyaki, grillée, qui arrive à table sur une poêle de fonte brûlante. Il faut toutefois commander la salade en extra pour pouvoir en faire, avec riz et kimchi, des petits rouleaux frais et croquants.

Bref, ce que le Hwang Kum a gagné côté décor, il l'a un peu perdu côté cuisine et convivialité.

Dommage.

HWANG KUM

5908, rue Sherbrooke Ouest Montréal 514-487-1712

> Prix: Un repas familial composé de dumplings, d'un bi bim bop, d'un bulgogi avec salade et riz et d'une soupe, plus deux bières, nous a coûté 62$ avant taxes et service.

> Carte de vins: De bonnes bières locales et asiatiques.

> Service: Gentil, mais pas particulièrement chaleureux, moins affable que dans nos souvenirs.

> Faune: Famille du quartier et d'ailleurs, petits groupes d'amis qui viennent manger copieusement des plats relevés pour pas très cher.

> Genre: Pas exactement un resto asiatique beau-bon-pas cher, mais un coréen «pas mal plus beau qu'avant», quand même assez bon et toujours pas cher.

> On y retourne? Probablement, pour la soupe surtout et le bulgogi. Et pour voir aussi si la crêpe aux fruits de mer, à partager en entrée, est aussi bonne que jadis.