Steak frites sauce bordelaise, bavette à l'échalote, boudin noir... À quoi pensez-vous? Barbecue? Bistro? Je vous le donne en mille : le Paris Grill. La brasserie «réinventée» du Groupe Restos-Plaisirs joue peut-être sur l'image gentiment «clichée» des troquets français, mais où est le mal? Résultat : un chouette environnement, avec des tables tassées juste ce qu'il faut, et des références à ce Paris dont les Québécois rêvent toujours...

Un pot de grès cachant de petits cornichons atterrit sur notre table comme par magie. Ces marinades nous aideront à nous décider entre la demi-portion et celle pleine de côtes levées. Généralement, je reste sur ma faim après avoir grugé des os plus ou moins «viandeux». Le «cabot» en moi en veut plus! J'estime la pleine portion à la hauteur de mon appétit. Je me réserve donc en commençant par une bisque de homard, un potage «maritime» dont j'aurais certainement fait un repas (avec un bon croûton) à l'heure du lunch.Sapide, la préparation à base de carcasses de crustacés (pour personnaliser le bouillon) présente une texture veloutée où les papilles ressentent pleinement la pulpe de la tomate. La pointe d'acidité de celle-ci supplante le caractère onctueux de la crème dont le rôle est d'adoucir les notes salines et poivrées de la bisque parfumée, je crois, d'un doigt de cognac, voire de brandy. À part, dans un ramequin, du gruyère râpé (à y faire fondre) rappelle le fromage qu'on déguste avec la soupe de poisson. Très bien, même gourmand.

Mon invitée craque pour le moelleux au camembert, la version «normande» de la fondue parmesan. Frit délicatement en surface, le petit gâteau rondelet libère, lorsque la fourchette le brise, une pâte au fromage d'une belle tenue, douce au goût. Avec une petite salade (des feuilles de laitue Boston et une garniture de dés de tomate), voilà une heureuse entrée en la matière.

Je me sens franchement carnivore (et courageuse) devant les deux travers de porc pourvus de plusieurs côtes charnues. J'aime l'apport du gras qui les protège de la sécheresse. Je réduirais toutefois de moitié la quantité de la sauce sucrée et épicée (aux arômes de cassonade, de sauce Chili et d'autres ingrédients secrets) qui nappe ces «ribs». Variante raffinée des oignons français, les pailles d'oignon qui les escortent sont en fait des oignons émincés à la mandoline, puis frits minute en chips d'une fausse légèreté délicieuse. Quant aux frites allumettes, elles s'avèrent un peu blêmes, mais surtout froides. Notez que la demi-portion de côtes levées se révèle plus appropriée pour un appétit «normal».

En assiette creuse, le duo de cuisses de canard constitue une assiette rassasiante. Fondante, la chair du volatile ne nécessite pas de sauce d'appoint, sinon son jus naturel. J'exprime toutefois une réserve pour les pommes de terre sautées à la landaise. Elles sont aillées, mais leur fermeté évoque plutôt les petites patates de déjeuner. Pour alléger ce plat, on le sert avec une salade similaire à celle du moelleux. De quoi hypothéquer le dessert? Jamais!

Un qualificatif résume la première bouchée de tarte fraises-sucre, un «ah» jouissif. Idem pour le tiramisu soyeux présenté, à la mode, dans une verrine. Un bon p'tit goût de France vue de chez nous!