Le garde-manger, cet endroit souvent exigu où l'on déballe l'épicerie, empile les conserves et pousse tout au fond les produits qu'on utilise occasionnellement et qu'on finit par oublier... Plusieurs ont tendance à négliger l'organisation de leurs aliments. Quelle est la meilleure façon de tenir un garde-manger bien rangé? La Presse s'est penchée sur la question.

«On n'a pas appris à le classer et il devient un genre de fourre-tout», se désole Florence-Léa Siry, auteure, chroniqueuse et conférencière «zéro gaspillage» de Chic frigo sans fric.

Et pourtant, «c'est le fun d'être rangé», insiste quant à lui le chef Danny St Pierre.

Quand on ouvre la porte du garde-manger de la fervente du zéro gaspillage, tout semble bien coordonné et à portée de main. Florence-Léa Siry a opté pour un mode d'organisation peu commun: «Je mets mes petits outils, fouets et batteurs, par exemple, à côté des aliments pour lesquels ils vont servir», analyse-t-elle.

Elle optimise tout afin de réduire au maximum le gaspillage, et ce, autant en ce qui a trait au temps et à l'énergie qu'à l'espace que prennent les objets qu'elle utilise quotidiennement. «On perd tellement de temps à chercher les choses dans notre garde-manger. C'est important que tout soit disponible en un coup d'oeil», suggère-t-elle.

Une vocation précise

Hélène Laurendeau, nutritionniste, mère de deux jeunes adultes et collaboratrice à Radio-Canada, a un mode d'organisation bien strict, regroupé par catégories. Pour les petits espaces comme les grands, il faut, selon elle, donner une vocation différente à chaque armoire et à chaque étagère.

«Il faut une étagère salée pour y mettre les légumineuses, le thon et les autres conserves et une étagère pour le sucré, comme les ananas, les fruits séchés et le miel», précise-t-elle.

Elle suggère d'avoir un tiroir à collations, qui peut accueillir les barres tendres, les craquelins et les biscuits. Si l'espace le permet, l'armoire à déjeuner peut être la bienvenue.

Ce mode de rangement par «familles d'utilisation» est aussi celui priorisé par le chef propriétaire du restaurant Petite Maison, Danny St Pierre, collaborateur à Canal Vie et nouvellement chef partenaire du casse-croûte chic Aéropaul. Pour lui, chaque étage doit avoir son rôle.

«Il te faut un étage sucré, un étage à huiles et condiments, un étage à pâtes et légumineuses et un étage à céréales», énumère-t-il.

Marilou, de Trois fois par jour, conseille d'organiser le rangement par thématiques, mais surtout de ranger selon la manière dont on cuisine. «Par exemple, mon beurre de peanuts, je le mets dans la même armoire que mes graines de chia, parce que je sais que je fonctionne comme ça quand je veux me faire à déjeuner», explique-t-elle.

Organiser l'espace, mais avec quoi?

Organiser son garde-manger par thématiques permet de mieux se structurer, mais bien choisir les contenants dans lesquels mettre ses aliments reste primordial.

«C'est important d'opter pour des contenants transparents pour pouvoir bien voir leur contenu», précise Florence-Léa, qui réutilise une vieille bouteille de rhum vide pour garder son riz.

En plus d'offrir une deuxième vie à un contenant, les pots Mason restent une bonne option pour nos spécialistes puisqu'ils se réutilisent, en plus d'être transparents et parfaits pour les conserves.

L'instigatrice de Chic frigo sans fric choisit aussi des boîtes de métal qu'elle apprécie pour leur durabilité. Il faut toutefois s'assurer d'indiquer leur contenu, par souci d'efficacité.

Le chef de Petite Maison mise plutôt sur l'importance de l'uniformité des contenants utilisés. Pour lui, ce sont les sacs qui ont la cote. «Il en faut de toutes les grandeurs, petits, moyens et grands, et on met tout dedans», s'enthousiasme-t-il.

Photo François Roy, La Presse

Le garde-manger de Florence-Léa Siry, auteure, chroniqueuse et conférencière. Elle a opté pour un mode d'organisation peu commun.

Les pièges à éviter

Le garde-manger regorge de pièges à éviter, à commencer par sa forme. Hélène Laurendeau met en garde contre leur profondeur. «On tend à oublier les aliments qui se trouvent trop loin et ils finissent par se périmer. Les tiroirs coulissants sont une très bonne alternative», suggère la nutritionniste.

Les fonds de sacs semblent aussi donner du fil à retordre à nos spécialistes. «On a tendance à acheter un nouveau sac lorsqu'on n'a pas encore fini l'autre. On accumule, ça fait des surplus et finalement, on a un gros fouillis», explique Florence-Léa.

Mais le plus grand piège reste de ne pas tenir à jour un inventaire de ce que contient notre garde-manger.

Comment y remédier?

Florence-Léa suggère d'adopter ce qu'elle appelle «la boîte touski» (tout ce qu'il reste). «Pour moi, c'est un vieux Tupperware dans lequel je mets tous les fonds de sacs que je veux consommer expressément.» Cette stratégie lui permet encore une fois de réduire le gaspillage en offrant une place de choix au contenant. «J'utilise les mêmes stratégies marketing qu'à l'épicerie. Je mets mon panier à touski à la hauteur de mes yeux», lance-t-elle.

Hélène Laurendeau est encore plus draconienne: «Si je sais qu'une de mes boîtes de thon va bientôt expirer, je la sors sur mon comptoir pour me forcer à la consommer rapidement.»

En plus d'étiqueter ses pots pour bien identifier leur contenu, Marilou suggère de faire régulièrement l'inventaire de son garde-manger. À cette idée, Danny St Pierre propose de coller avec de la gommette sur la porte une liste des aliments contenus dans le placard. Il va de soi de la mettre à jour à chaque changement.

Le chef ajoute: «Si j'avais un conseil à donner aux gens, ce serait d'oublier les boîtes de carton des céréales, de sortir les sacs et de prendre des clips pour les attacher.»

Nos spécialistes sont unanimes: le secret d'un garde-manger bien rangé commence par la tenue d'un inventaire, à faire avant de se rendre à l'épicerie.

Photo Alain Roberge, La Presse

Le garde-manger de Marilou, de Trois fois par jour. Elle conseille de ranger selon la manière dont on cuisine.