La nourriture est au coeur de leur vie. Quand ils se font tatouer, il est bien normal que les cuisiniers pensent à des aliments. Cinq chefs racontent l'histoire derrière chacun de leurs tatouages culinaires.

Alice Vanasse

Alice est sous-chef au restaurant Le Diplomate. Elle compte neuf tatouages, dont trois qui ont un lien avec la cuisine. «Quand je choisis un tatoueur, je regarde son portfolio et je discute avec lui de ce que j'aimerais faire. Je n'impose jamais une idée. Je trouve que c'est important de respecter le style de celui qui tatoue.»

Calmar

Alice et quelques amis arborent un calmar personnalisé. Celui-ci est tiré de la bande dessinée Squid-Gee, signée par leur tatoueur Keenan Poloncsak. «Je trouve que le calmar est à l'image des cuisiniers. Durant un service, le cuisinier est partout en même temps et il a l'air d'avoir plein de bras.» Quand Le Diplomate affiche un plat de calmar sur sa carte, Alice se fait un plaisir de servir les clients en exhibant son tatouage. À tout coup, elle reçoit un sourire.

Betterave

Il y a environ cinq ans, Alice a immortalisé son légume préféré sur son bras. «J'ai passé ma jeunesse à détester les betteraves, puis, un jour, j'ai eu une révélation. La betterave, ça se mange autrement que marinée.» Alice a contacté une tatoueuse dont elle aimait le travail. Celle-ci a fouillé dans de vieux livres de botanique et des dictionnaires gastronomiques pour élaborer son dessin.

Artichaut

Même si elle doit souvent faire sa tough en cuisine, Alice le dit: elle a un coeur d'artichaut. «C'est facile de broyer mon petit coeur.» Son artichaut est dessiné sur les côtes, près du coeur. Il a les apparences d'un organe avec des artères. Alice a même donné un nom à son tatouage. C'est «Manu», en l'honneur de la chanson de Renaud.

Mathieu Masson-Duceppe

Le tout premier tatouage de Mathieu n'a rien à voir avec la cuisine, mais son histoire n'est pas banale. Le chef du Jellyfish s'est fait tatouer le logo du centre de réadaptation Le Portage à la suite de sa cure de désintoxication. Ensuite, pour célébrer sa première année de sobriété et le début de sa carrière en cuisine, il s'est fait tatouer un premier aliment.

Sushi

À la fin de sa cure, Mathieu a entrepris un cours de cuisine à l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec qui l'a mené vers un stage dans un Club Med de la République dominicaine. Il y travaillait notamment les poissons crus pour la section froide du buffet. C'est dans cette station balnéaire que Mathieu a eu la vraie piqûre pour la cuisine et qu'il a décidé de se faire tatouer un sashimi.

Citrouille

En 2015, Mathieu a gagné un épisode de Chopped Canada. Pour souligner sa victoire, il s'est rendu chez son tatoueur. «Tout ce que je lui ai dit, c'est de s'amuser avec des dessins de bouffe "cartoonesques" qui représentent mon parcours culinaire.» Le tatoueur a élaboré une citrouille, un oignon rouge, une asperge, un champignon, un couteau et un cochon.

Homard

Mathieu a passé cinq années dans les Caraïbes, dont trois aux Bahamas. Tous les matins ou presque, il pêchait des langoustes au harpon. Son homard tatoué sur le bras lui rappelle ses voyages.

Phrase

«Après sept années de métier, des ouvertures de restaurants et des compétitions gagnées, j'ai décidé de me faire un petit tattoo par amour pour la cuisine», dit Mathieu. Pour célébrer ses racines italiennes, il a choisi une phrase qui signifie: «Il n'y a pas d'amour plus sincère que l'amour pour la nourriture.»

Maïs 

C'est le seul tatouage que Mathieu a fait faire aux Bahamas. Le dessin a d'ailleurs perdu de sa couleur parce qu'il a été exposé au soleil des Antilles. Les champignons magiques représentent la magie de l'île de San Salvador, où vivait Mathieu. Le maïs et la conque sont deux aliments couramment consommés par les insulaires des Bahamas.

Jellyfish

Jellyfish, c'est le nom du plus récent restaurant de Mathieu et, à ce jour, c'est son plus important projet. Il y a un an, il s'est donc fait tatouer une méduse sur le bras, mais il a manqué de temps pour y mettre de la couleur. Bientôt, il aimerait y faire ajouter du mauve, du rose et du bleu.

Photo Martin Tremblay, La Presse

Le tout premier tatouage de Mathieu n'a rien à voir avec la cuisine, mais son histoire n'est pas banale. Le chef du Jellyfish s'est fait tatouer le logo du centre de réadaptation Le Portage à la suite de sa cure de désintoxication. Ensuite, pour célébrer sa première année de sobriété et le début de sa carrière en cuisine, il s'est fait tatouer un premier aliment.

Dominique Dufour

La chef au restaurant Ludger et au Magdalena est incapable de calculer le nombre de tatouages qu'elle a sur le corps. Elle en a sur les bras, les jambes et le dos. Bientôt, elle espère poursuivre sur le devant de son corps. Dominique aime tellement les tatouages colorés qu'il arrive que ses amis lui en offrent pour son anniversaire.

Petit gâteau

Dominique s'est fait tatouer un cupcake à sa sortie de l'école culinaire. À l'époque, elle est sur le point de compléter les tatouages qui couvrent son bras. Elle veut donc un dessin qui représente la fin de ses études et le début de sa carrière. Comme elle est végétalienne et qu'elle pense se consacrer à la pâtisserie, elle choisit un petit gâteau. Après un stage en boucherie, Dominique redevient omnivore et développe l'envie de travailler en cuisine. Mais son cupcake orne toujours son bras... et c'est très bien comme ça.

Sardine 

L'année dernière, Dominique s'est rendue au Portugal pour perfectionner ses techniques de cuisson des poissons. «J'ai tellement tripé. J'ai mangé tous les poissons et toutes les sardines que j'ai pu. Le soir, je m'assoyais dans mon lit et j'écrivais des recettes dans mes cahiers.» Le 31 décembre, quelques jours avant son retour, elle a obtenu un rendez-vous avec le meilleur tatoueur de Lisbonne pour immortaliser ce voyage.

Photo Martin Tremblay, La Presse

La chef au restaurant Ludger est incapable de calculer le nombre de tatouages qu'elle a sur le corps. Elle en a sur les bras, les jambes et le dos. Bientôt, elle espère poursuivre sur le devant de son corps. Dominique aime tellement les tatouages colorés qu'il arrive que ses amis lui en offrent pour son anniversaire.

Kimberly Lallouz

Kimberly Lallouz, chef du traiteur Miss Prêt à Manger et du restaurant Monsieur, s'était juré de ne jamais se faire tatouer les bras. Or, un dermatologue lui a un jour affirmé que ses cicatrices de cuisine ne disparaîtraient jamais. «Je me suis dit que tant qu'à avoir des taches, je ferais mieux de faire quelque chose de beau avec elles.» Kimberly est également chef au restaurant du MAC, au Bird Bar et au Henden.

Fouet

Kimberly est une autodidacte et l'un de ses plus grands défis a été la pâtisserie. Grâce à sa persévérance, elle fait désormais tous les desserts dans ses restaurants. Son tatouage de fouet lui rappelle qu'il faut parfois faire preuve de patience et de détermination dans la vie. La rose, qu'elle a ajoutée trois ans après le fouet, c'est le «côté féminin de la cuisine», dit-elle.

Melon d'eau

«Soignée»: c'est un petit mot qui n'a pas été choisi au hasard. «C'est une expression qu'on utilise souvent en cuisine. On va par exemple parler d'une assiette soignée», explique Kimberly. La chef a accompli ce tatouage lors d'une compétition culinaire en Espagne, il y a deux mois. Le melon d'eau, lui, a été réalisé quelques années plus tôt. C'est l'un des fruits préférés de Kimberly.

Artichaut

La famille Lallouz aime la cuisine. Tous les vendredis, elle se réunit pour un grand souper auquel Kimberly peut rarement assister à cause de son travail. Mais quand elle était petite, elle participait à la préparation du grand repas. Lors de ces festins, il y avait toujours des artichauts. C'est d'ailleurs le papa de Kimberly qui lui a montré comment apprêter la fleur comestible. Son tatouage lui rappelle ses racines et ses soupers en famille.

Ananas et fraises

Avec son amie Stéphanie Audet (du restaurant LOV), Kimberly a cuisiné pour les participants d'une retraite de yoga, à Tulum. Chaque soir après leur quart de travail, les deux amies buvaient un cocktail en regardant les étoiles. Avant de revenir à Montréal, elles ont décidé d'immortaliser ce moment avec un tatouage de fraises... sous les étoiles de Tulum. L'ananas, un fruit que Kimberly cuisine de toutes sortes de manières, est apparu sur son bras quelques années plus tôt lors d'un séjour à Toronto.

Guacamole déconstruit

L'avocat puis les ingrédients du guacamole - citron, coriandre et chili - sont arrivés en deux étapes. D'abord, Kimberly s'est fait tatouer un avocat, «bien avant la mode des toasts», déclare-t-elle. Puis, dans le cadre de son émission Les garden-partys de Kimberly diffusée à Zeste, elle a parfait son tatouage en y ajoutant les autres ingrédients.

Dumpling

Lors de sa visite à Taipei, en septembre dernier, Kimberly a essayé le restaurant Din Tai Fung. Elle y a mangé «les meilleurs dumplings au monde». En souvenir de ce repas mémorable, elle s'est fait tatouer un xiaolongbao, un ravioli servi en soupe.

Photo Martin Tremblay, La Presse

Kimberly Lallouz, la chef du traiteur Miss Prêt à Manger et du restaurant Monsieur, s'était juré de ne jamais se faire tatouer les bras. Or, un dermatologue lui a un jour affirmé que ses cicatrices de cuisine ne disparaîtraient jamais. «Je me suis dit que tant qu'à avoir des taches, je ferais mieux de faire quelque chose de beau avec elles.» Kimberly est également chef au restaurant du MAC, au Bird Bar et au Henden.

Pablo Rojas

Avant qu'une aiguille ne s'enfonce dans sa peau, le chef du restaurant Provision 1268 et du Petit Italien (ouverture prévue en mars) discute toujours avec son tatoueur pour trouver le croquis parfait. «Si tu viens manger chez nous, tu ne me dis pas quoi faire. Je trouve que c'est la même chose avec un tatoueur», affirme tout de go Pablo.

Artichaut 

Pablo avait l'idée d'un coeur sacré en tête. En discutant avec son tatoueur, les deux se mettent à imaginer un artichaut. «Le coeur d'artichaut, on trouvait que c'était un jeu de mots drôle. Bon, peut-être qu'on est les seuls à trouver ça drôle», dit Pablo, en souriant. Son artichaut est entouré de feu et surmonté d'une croix comme un Sacré-Coeur. Le tatoueur a manqué d'espace pour y ajouter des roseaux.

Cochon-crevette 

Pablo a un faible pour les «surf and turf». Il y a quelques années, il s'est donc fait tatouer une tête de cochon dans un corps de crevette. À bien y penser, il remarque que son tatouage s'apparente au logo de son restaurant Provision 1268. Pour lui, un plat terre et mer, c'est beaucoup plus qu'un steak de boeuf et une queue de homard. Pour une combinaison gagnante, il pense à la poitrine de porc et à une salade de crevettes.

Barbote 

Pablo aime l'histoire de la barbote, un poisson longtemps craint par les Japonais et les Incas, dit-il. L'animal était considéré comme mystique parce qu'il pouvait survivre longtemps en dehors de l'eau. On retrouve d'ailleurs des dessins de barbotes dans plusieurs temples incas, raconte Pablo. «Ici, je pense qu'on snobe un peu ce poisson. Moi, j'en cuisine et j'en mange souvent. La barbote, c'est comme plein d'autres aliments: quand c'est bien apprêté, c'est très bon.»

Poivrière 

«Il y a des gens qui sont très directifs quand ils veulent un tattoo, qui savent ce qu'ils veulent. Moi, je trouve qu'il faut laisser faire le tatoueur, l'artiste», dit Pablo. C'est pour ça qu'il a donné carte blanche à Dave Cummings quand il a décidé qu'il voulait un nouveau dessin sur l'avant-bras. Comme Pablo et Dave se connaissent bien, le tatoueur a opté pour une poivrière-pieuvre pour son ami.

Photo Martin Tremblay, La Presse

Avant qu'une aiguille ne s'enfonce dans sa peau, le chef du restaurant Provision 1268 et du Petit Italien (ouverture prévue en mars) discute toujours avec son tatoueur pour trouver le croquis parfait. «Si tu viens manger chez nous, tu ne me dis pas quoi faire. Je trouve que c'est la même chose avec un tatoueur», affirme tout de go Pablo.