Parce qu'il en avait marre de commander des plats à domicile de qualité médiocre à Londres, William Shu, 36 ans, a décidé de reprendre ses études avant de fonder Deliveroo, start-up de plus en plus visible avec ses «cyclistes-livreurs» dans les rues des villes européennes.

Ils sont des dizaines de cyclistes à parcourir midi et soir les rues de la capitale française, affublés d'un robuste sac à dos carré noir, siglé d'un kangourou sur fond turquoise. Ce sont les livreurs à vélo de la start-up britannique Deliveroo, service de livraison à domicile de plats préparés par des restaurants de quartier, arrivée dans l'Hexagone il y a un an.

Derrière cette jeune entreprise, créée à Londres en 2013, mais qui a déjà levé 200 millions de dollars et servi un million de repas en un an à Paris, se cache William Shu, trentenaire américain, au look de post-adolescent, t-shirt siglé et gilet à capuche, à l'image de nombreux «start-uper».

«Tout est parti d'une histoire personnelle: je travaillais comme analyste financier chez Morgan Stanley à New York et avais l'habitude de me faire livrer des repas de qualité au bureau, le midi et surtout le soir, car je travaillais souvent très tard», raconte à l'AFP cet entrepreneur qui dirige 500 employés dans le monde (en France, en Angleterre, à Dubaï, à Hong Kong, à Singapour, à Melbourne et à Sydney).

En 2004, il est muté à Londres. «Mêmes horaires tardifs au bureau donc j'ai tout de suite cherché des repas livrés de qualité, je pensais que c'était comme à New York... Mais en fait je n'en n'ai jamais trouvé, la nourriture était décevante», se souvient William Shu, qui se fait appelé «Will» par toutes ses équipes.

Ce manque d'offres est vite devenu «une obsession. Mes amis en riaient. Mais il fallait agir, j'étais déterminé», s'amuse-t-il à raconter.

«Repas de qualité et rapidité»

«À Londres, il manquait deux choses: la livraison des repas issus de bons restaurants n'offrant pas de services de livraison à leurs clients et la rapidité d'exécution, en 30 minutes maximum», détaille M. Shu, assurant que «la demande des consommateurs pour des repas livrés de qualité est très forte».

Il décide alors de se lancer dans la création de sa société, en 2013, avec deux restaurants partenaires, après avoir repris des études de commerce durant deux années à New York, avec un MBA (master of business administration) à Philadelphie», relate-t-il.

Deliveroo compte aujourd'hui 5000 restaurants partenaires, «réunissant tous types de nourriture», dans le monde.

À l'instar d'autres plateformes comme Uber, les livreurs sont souvent des autoentrepreneurs cherchant à arrondir leurs fins de mois. Deliveroo investit lourdement pour maintenir un réseau de livreurs assez dense afin de répondre à la forte demande.

Pourquoi choisir le vélo? «C'est un moyen parfaitement adapté au mode de livraison local, ça va vite, c'est sécurisé et c'est flexible, sur des distances courtes», souligne ce passionné de la petite reine, qui confie faire parfois lui-même des livraisons à domicile à Londres «pour le fun».

Désormais aux manettes d'une plateforme agrégeant plusieurs milliers de restaurants dans le monde, William Shu, diplômé de Wharton, prestigieuse école américaine de finance, n'entend pas s'arrêter en si bon chemin: il vise de nouveaux marchés, encore tenus secrets.