Toutes deux nées en novembre, vives d'esprit, arborant de beaux cheveux longs, Stéphanie Keegan et sa fille Cassandra vivent ensemble une semaine sur deux à Terrasse-Vaudreuil. Autre trait commun du duo: son remarquable positivisme. Il faut dire que Stéphanie ne se lève jamais du pied gauche. Jamais, jamais, depuis qu'une tragique chute dans une piscine l'a laissée tétraplégique, à l'âge de 25 ans. Un état qu'on oublie au bout de 30 secondes de conversation avec cette jeune femme déterminée, qui partage ses trucs pour réussir sa vie de famille.

Stéphanie Keegan, 37 ans: indépendante, persévérante, souriante et bien en verve, c'est la chef d'orchestre qui coordonne son petit monde.

Cassandra Stewart, 14 ans: autonome, altruiste, responsable et intelligente, elle fait la fierté de ses parents.

> Choisir ses combats

Personne ne dispose d'énergie en quantité illimitée. Stéphanie, qui en a moins qu'avant son accident, en est bien consciente. «Pour ne pas la gaspiller, j'y vais par priorité, dit-elle. Je me consacre à ce qui est le plus important.» Comme seule sa main gauche n'est pas paralysée, faire une simple salade lui prend «facilement une heure, une heure quinze», explique-t-elle. Elle en fait à l'occasion, mais demande à ses préposés de préparer ce qui se conserve bien.

> Faire confiance à son enfant

À 3 ans, Cassandra coupait du concombre. À 7 ans, elle se préparait seule pour l'école, le matin. Aujourd'hui, «elle m'aide beaucoup, par exemple à sortir les plats chauds du four, dit sa mère. Elle est vraiment, vraiment débrouillarde comparativement aux autres enfants.» L'adolescente ne s'en plaint pas: elle s'étonne plutôt de voir les autres en faire si peu. «J'ai des amis qui ne font même pas leur lunch», souligne-t-elle.

> Tout prévoir et noter

Stéphanie note tous ses rendez-vous dans son téléphone intelligent. «J'organise bien du monde», dit-elle en riant. La jeune femme reçoit la visite de quatre préposés au fil de la semaine. Elle n'a donc pas le choix d'établir un horaire et de s'y tenir. «Je fais ma liste d'épicerie le mardi matin, en regardant les circulaires», explique-t-elle. Une préposée se rend ensuite au supermarché. «Ça coûte moins cher que quand j'y vais, puisqu'elle s'en tient à la liste», observe Stéphanie.

> Rigueur, rigueur, rigueur

«Dès que je reviens de l'école, je fais mes devoirs», dit Cassandra, qui est élève dans un groupe enrichi à la Cité-des-Jeunes de Vaudreuil-Dorion. «Je trouve que c'est une saine habitude à avoir, explique sa mère. Je tiens aussi à ce qu'elle fasse ses travaux dès qu'elle les reçoit, même si elle peut les rendre plus tard. Comme ça, elle ne frappera pas de mur quand elle arrivera au cégep.»