Mélanie, son conjoint et ses deux enfants viennent tout juste de déménager... en plein dans la période de la rentrée de son plus vieux, qui commence la maternelle, et des premiers jours à la garderie de son plus jeune! Elle est contente de sa nouvelle maison plus confortable et plus spacieuse, mais elle réalise que la date du déménagement n'est pas des plus adéquates. La capacité d'adaptation de ses deux enfants est mise à rude épreuve, de même que la sienne! Du coup, elle se sent coupable et stressée. Son conjoint lui dit de se calmer et que les enfants ne trouveront ça difficile que pour quelques jours, le temps qu'ils s'adaptent. Bientôt, la nouvelle maison, la nouvelle garderie et la nouvelle école feront déjà partie de la routine! Elle lui répond sèchement qu'il n'est qu'un sans-coeur et qu'il ne peut pas comprendre, puisqu'il n'a jamais tendance à se sentir coupable de rien! Elle en discute ensuite avec une amie au bureau qui, à sa grande surprise, prend gentiment la part de son chum! Elle lui dit que rien ne sert de s'autoflageller pour des décisions plus ou moins bonnes qui ont été prises dans le passé. Mieux vaut gérer ses émotions et s'orienter vers des solutions. Voilà un commentaire qui laisse Mélanie songeuse!

Je ne veux surtout pas être sexiste, mais il semble que les femmes (groupe dont je fais partie, je vous le rappelle!) ont parfois une facilité à se sentir coupables. C'est peut-être encore pire lorsqu'elles sont mères. Souvent, elles ont un grand sentiment d'attachement à leur enfant, sentiment qui a été nourri par la grossesse, l'allaitement et le congé de maternité. De plus, plusieurs d'entre elles ont vu leur mère et leur grand-mère être presque totalement responsables de l'environnement familial. Pour ces différentes raisons, elles ont parfois tendance à s'en mettre beaucoup sur les épaules quant aux soins, à l'éducation et au bien-être de leurs enfants. Plus que les hommes.

Ce ne sont pas des études scientifiques qui me font dire ça, mais de nombreuses rencontres professionnelles avec des mamans qui m'ont consultée, ainsi que quelques conversations avec des amis et des membres de ma famille. Évidemment, il faut faire attention de ne pas tomber dans les généralités. Il existe des mères rationnelles et des pères poules, bien sûr!

Vouloir être un bon parent et veiller au bien-être de nos enfants n'est pas un défaut, au contraire. C'est ce que tout parent devrait faire! Le problème, c'est lorsque l'on tombe dans le piège du perfectionnisme et que la moindre petite erreur nous cause un stress palpable par nos enfants. Alors, ce stress peut leur causer encore plus de détresse que l'erreur qui en est à la source!

En fait, ce qu'il ne faut pas confondre, ce sont les termes «être responsable» et «être coupable»... Être responsable signifie d'être en pouvoir de prendre une décision sans avoir à se référer préalablement à une autorité supérieure. Être coupable signifie d'avoir commis un acte répréhensible qui doit être puni ou condamné. C'est toute une différence! Ainsi, la mère dans l'exemple mentionné ci-dessus est responsable de la décision de déménager en même temps que la rentrée scolaire (à moins que ce soit l'ancien propriétaire de la maison qui avait imposé cette condition en acceptant l'offre d'achat)... cette décision comportait sûrement des avantages (la location du camion de déménagement était sûrement beaucoup moins chère qu'un 1er juillet), mais également l'inconvénient d'ajouter un stress en pleine période où les enfants doivent s'adapter à une nouvelle routine. Est-ce que cet inconvénient signifie que cette mère devrait se punir? Sûrement pas. Elle et son conjoint ont probablement choisi de déménager à cet endroit en pensant aux avantages à long terme pour leur famille.

Donc, ne pas se sentir coupable ne signifie pas qu'on n'a pas le sens des responsabilités. On peut tenter de prendre les meilleures décisions possibles pour sa famille, en oubliant certains détails à l'occasion. Être parfait est impossible, et à l'impossible, nul n'est tenu!

Il faut tenter de voir aux besoins de son enfant du mieux que l'on peut, en s'attendant à faire des erreurs de temps à autre. Être réaliste et rationnel permet de se concentrer sur la recherche de solutions à nos erreurs plutôt que de se concentrer sur à quel point on est un mauvais parent.

En ce sens, les pères qui paraissent parfois peut-être trop insouciants aux yeux de leur conjointe sont peut-être doués, en quelque sorte. Pourtant, lorsqu'ils tentent d'aider ces dernières à être plus indulgentes envers elles-mêmes, ils se font souvent répondre qu'ils ne comprennent rien à la psychologie féminine ou alors que ce n'est pas elle qui est trop stressée, mais lui qui est trop négligent!

Un sentiment de culpabilité n'est pas un indice de compétence parentale. Ceux qui se sentent facilement coupables de leurs erreurs ne sont pas nécessairement de meilleurs parents que ceux qui se sentent moins coupables. Ils sont simplement plus stressés, ce qui n'est pas la meilleure chose pour leurs enfants.

Alors, chers parents, cessez de vous sentir coupables. Soyez simplement responsables!