Éric et Josiane ont un beau grand garçon de trois ans, Mathis. Il se comporte généralement assez bien, mais depuis quelque temps, les parents trouvent que la routine du matin et le moment où ils vont le chercher à la garderie le soir sont des périodes particulièrement difficiles.

Mathis «traîne de la patte» et s'oppose aux consignes, si bien que les parents ont toujours l'impression de devoir l'amener de force, de devoir être en lutte de pouvoir avec lui.

La situation est pire depuis que les parents sont entrés dans une période où ils sont un peu surchargés au travail. Ils sont plus pressés le matin et arrivent plus tard le soir. Ils se demandent si le comportement de Mathis ne serait pas une réaction à leur stress.

À bien y penser, tous les deux ne vivaient pas la réalité de Mathis lorsqu'ils étaient enfants. Ils ne se sont jamais sentis bousculés par l'horaire chargé de leurs parents. Ils se demandent comment gérer leur temps afin de concilier les exigences de leur travail et leur désir que Mathis soit moins bousculé.

Tout le monde le dit, la vie est devenue une véritable course contre la montre. Parfois, sans nous en rendre compte, on entraîne nos enfants dans ce tourbillon et dans nos soucis d'adulte. Comme ils n'ont pas la capacité d'adaptation, ni la capacité de gestion du stress d'un adulte, certains enfants réagissent parfois assez mal : crises de colère, anxiété, opposition...

Pensez-y, quand vous dites à votre enfant de trois ans le matin : «Vite, on va être en retard». Qu'est-ce que signifie «être en retard» pour un enfant de trois ans qui n'a comme responsabilité que d'aller jouer avec les amis de la garderie en respectant les consignes de l'éducatrice?

Quand vous dites en allant le chercher le soir : «Vite, il faut aller chercher ton frère à l'école, préparer le souper, faire les devoirs...», ce n'est pas lui qui a tout ça à faire, mais bien vous. Ce n'est pas son problème si vous vous mettez autant de responsabilités sur les épaules! Si je devais quitter mes amis de la garderie avec qui j'ai eu du plaisir toute la journée pour voir arriver un parent qui a cette attitude stressée, franchement, moi aussi, je pense que je voudrais rester à la garderie!

Je ne dis pas qu'un parent par couple devrait abandonner son travail pour s'occuper des enfants à la maison afin de leur éviter le stress qu'un horaire serré leur impose. Je pense qu'il faut simplement penser à mieux gérer notre horaire et faire attention à notre attitude envers nos enfants, afin d'éviter de les bousculer et de les stresser. Il est important de leur laisser quelques années pour être des enfants, sans s'attendre à ce qu'ils comprennent toujours nos contraintes d'adultes.

Cela peut impliquer de réviser nos priorités, de repenser notre horaire et notre fonctionnement quotidien, de faire des choix... Cela peut impliquer d'apprendre à mieux gérer notre propre stress afin de moins le faire subir à nos enfants. Cela peut même impliquer de réapprendre à s'accorder plus de moments de plaisir dans la journée pour faciliter les transitions pour notre enfant.

Voici donc quelques suggestions afin de diminuer le stress de votre enfant et favoriser une meilleure collaboration de sa part : planifier un 10 minutes de jeu avant de partir pour la garderie lorsque l'enfant est prêt à temps; écouter une musique douce en respirant profondément pendant cinq minutes dans la voiture avant d'aller chercher les enfants à la garderie; s'accrocher un sourire et prendre le temps de lui dire bonjour quand on va le chercher au lieu d'être stressé et pressé.

Qui sait, peut-être que ces moments de plaisir et de détente, qui peuvent sembler une perte de temps à première vue, ne vous rendront que plus efficaces au travail et dans vos tâches. Surtout si ces moments vous permettent de vous détendre, d'avoir les idées plus claires, de moins bousculer vos enfants et d'obtenir ainsi une meilleure collaboration de leur part.