«Un ordinateur est un vélo pour l'esprit», a déjà dit Steve Jobs, éternel promoteur des technologies comme outil d'apprentissage. Google et Microsoft sont bien d'accord, eux qui vendent aux écoles des portables bon marché à système Chrome OS ou Windows, respectivement. Mais s'il n'en tient qu'à Tim Cook, actuel PDG d'Apple, c'est plutôt la tablette qui fera pédaler les méninges.

L'entreprise de Cupertino, en Californie, a dévoilé en douce, il y a deux semaines, un nouvel iPad plus puissant mais aussi moins cher que son prédécesseur, et qui semble cibler le milieu scolaire tout particulièrement. Le défi est de taille: ses deux rivaux comptent pour près de neuf appareils sur dix utilisés à l'école, selon la firme Futuresource. Et le marché des tablettes est moribond depuis deux ans déjà. Mais Cook compte sur des alliés importants: les professeurs qui utilisent déjà des produits Apple en classe.

En classe 2.0 

En plus d'une nouvelle tablette, Apple introduit la version 2.0 de son application En classe, téléchargeable gratuitement. Elle permet aux enseignants de configurer, puis d'utiliser et de réutiliser un certain nombre d'iPad durant les heures de classe, sans avoir à recourir à un gestionnaire en technologies de l'information pour superviser le tout.

Une mise à niveau modeste mais bienvenue, observe Viviane Côté, enseignante de mathématiques et conseillère pédagogique au Collège Jean-Eudes. Ce collège privé de Montréal utilise des iPad en classe depuis cinq ans déjà. «Pour une école qui part de zéro et qui veut équiper ses élèves, cette nouvelle application est hyper intéressante. Il fallait qu'Apple réagisse, car plusieurs écoles optent plutôt pour des Chromebook.»

Les Chromebook sont des portables très bon marché animés par Chrome OS, un système créé par Google. Leur coût peut varier entre 250 et 500 $, selon le modèle. Apple vendra son nouvel iPad aux écoles pour 423 $, ce qui est beaucoup moins cher que les 750 $ exigés pour l'iPad que les élèves de Jean-Eudes apportent en classe...

Cette guerre des prix a donc un avantage non négligeable pour des écoles au budget limité: elle rend la technologie plus accessible à ceux qui veulent bien l'adopter. Ça va aider à accélérer une tendance qui, de toute façon, continuera à se répandre, croit Mme Côté.

«Il y a vraiment une valeur ajoutée à l'enseignement. Les élèves peuvent être plus créatifs, remettre leurs travaux à l'écrit, sous forme de vidéo ou de diaporama.»

Ils seront aussi mieux préparés pour le jour où ils arriveront sur le marché du travail, où tout est de plus en plus informatisé.

De l'iPod Touch à l'iPad

Pour préparer les citoyens numériques de demain, Rhiannon Sparkes, enseignante en 5e année à l'école primaire Dorset, à Baie-d'Urfé, utilisait des iPod touch en classe dès 2010. Puis, en 2012, elle a fait migrer ses élèves vers l'iPad. «C'est un outil d'apprentissage incroyable. On continue d'écrire sur du papier et tout ça, mais avec la tablette, on peut prendre des photos, enregistrer sa voix... on utilise même Siri pour relire nos textes!» Quand il manque une virgule, une lettre ou un mot aux dictées des élèves, et qu'ils entendent l'assistante vocale cafouiller, ils savent qu'ils ont fait une erreur...

Quand elle corrige à son tour, Mme Sparkes peut visionner une saisie d'écran vidéo avec la voix hors champ des élèves qui expliquent leur démarche, durant la résolution de problèmes.

«Les élèves sont plus motivés, leurs travaux s'en ressentent. Et à la fin du primaire, ils arrivent au secondaire préparés à travailler sur leur propre appareil.»

Pour s'en assurer, Mme Sparkes rencontre chaque élève avec ses parents en début d'année, afin de leur expliquer l'importance d'être «un bon citoyen numérique». Ils signent également un contrat de comportement sur l'iPad. Ce n'est pas une console de jeux vidéo, mais un outil d'apprentissage! La plupart des 77 jeunes de 5e et 6e année de Dorset apportent leur propre tablette en classe. Sinon, l'école, qui possède son propre lot d'iPad à partager utilisés par les jeunes de la maternelle jusqu'en 4e année, en fournit un pendant les heures de classe.

Tout le monde semble y trouver son compte. «Aujourd'hui, je ne sais pas comment je pourrais enseigner autrement», s'exclame Rhiannon Sparkes.

Un iPad sur mesure pour les écoles

À 423 $, le nouvel iPad est le moins cher proposé par Apple aux écoles (il coûte 450 $ en magasin). Il s'équipe d'un étui durable avec clavier détachable signé Logitech, ce qui en fait un poste de travail complet. Selon Apple, l'appareil est bon pour durer trois ou quatre ans, soit le cycle d'utilisation minimal des écoles qui comptent déjà sur ces appareils dans leurs activités pédagogiques. À titre comparatif, Acer détaille son Chromebook C740, aussi populaire en milieu scolaire, à 400 $.