Les bibliothèques scolaires et publiques utilisent à peu près les mêmes critères lorsque vient le temps d'ajouter un titre à leur collection jeunesse. «Le sexisme, la violence gratuite, le racisme ou toute autre forme de discrimination font l'objet d'une vigilance particulière», note Julie Trépanier, chef de service à l'Espace Jeunes de la Grande Bibliothèque.

Or, du personnel formé n'est pas aux commandes de toutes les bibliothèques d'écoles primaires. On y trouve des parents bien intentionnés, par exemple. Marjolaine Séguin, bibliothécaire scolaire, estime que cette situation fait en sorte que les décisions en matière de livres à ajouter ou à retirer de la collection peuvent être très subjectives, «selon les valeurs de la personne qui, ce jour-là, fait les choix». «On sait déjà qu'il y a beaucoup de livres [traitant de sexualité] qui dérangent et qui disparaissent», dit-elle.

Marjolaine Séguin raconte par ailleurs un cas où, dans une école, on a voulu retirer des rayons un livre portant sur le dragon de Komodo sous prétexte qu'il était trop violent. Ce lézard géant est peut-être un carnivore aux manières peu ragoûtantes, aux yeux de certains. «C'est un fait documentaire qui a été censuré», fait-elle néanmoins valoir.

«Les valeurs collectives devraient l'emporter sur les intérêts et les susceptibilités personnels dans le choix des livres à présenter aux enfants.»

Constituer une collection en milieu scolaire, c'est aussi exercer un jugement professionnel qui permet d'éviter d'autres formes de dérapages. «Certains livres inappropriés peuvent avoir été choisis par des équipes-écoles ou ajoutés à la suite de dons. Depuis que l'équipe de bibliothécaires de la CSDM a été créée et s'occupe des achats, beaucoup d'élagage a été fait, dit Viviane Morin, mais il en reste à faire.»

La CSDM, comme d'autres commissions scolaires, dispose d'une équipe de bibliothécaires spécialisés, dont fait partie Viviane Morin, pour accompagner les écoles qui en font la demande. Offert depuis 2008, ce service est maintenant utilisé par «la majorité» des écoles du réseau. Sur les dix professionnels de l'équipe de la CSDM, huit travaillent avec les écoles primaires et deux ont pour mandat d'accompagner les écoles secondaires, où les collections sont gérées par des techniciens en documentation.