FLORENCE ROSSIGNOL: Canadienne et Française, mariée à un Britannique. Elle vit à Oxford en Angleterre depuis 10 ans. Mère de deux enfants de 8 et 10 ans.

« Je dirais qu'il y a moins de formalité et de politesse en Angleterre. Quand un enfant vient à la maison pour jouer, il entre sans vraiment prendre le temps de dire bonjour alors que jamais un petit Français ne ferait ça ! La politesse est vraiment une obsession française.« Les Britanniques sont très à l'écoute de leurs enfants, qui sont au centre de leur univers. Parfois trop ! Ils manquent de discipline et certains ont peur de la réaction de leurs enfants. On se demande même parfois qui commande !

« L'autorité parentale des Britanniques est moins grande. Par exemple, en France, on dit "Mange ta soupe !". Les parents britanniques diront plutôt : "Aurais-tu préféré des pâtes au lieu de ta soupe ?" Ou encore, au lieu de dire de manière impérative "On ne pousse pas sa soeur dans la boue !", ce sera : "Penses-tu que c'était une bonne idée de pousser ta soeur dans la boue ?" C'est très différent comme approche. Ils doivent aussi sans arrêt justifier leurs actions : "Ce serait bien que tu te laves les dents, car sinon tu vas avoir des caries !" Les Français diront simplement : "Va te laver les dents."

« Les petits Anglais disent tout haut ce qu'ils pensent et sont très épanouis. C'est très bien, mais parfois je dirais que c'est un petit peu trop ! Les petits Français ont l'air coincés à côté des petits Anglais, qui expriment leurs idées et prennent la parole au milieu des adultes sans aucune gêne. On leur apprend vraiment très jeunes à avoir confiance en eux, ce qui est moins le cas des enfants français, qui seront plus dans la crainte des adultes. Ça fait vraiment réfléchir.

« Malheureusement, quand je suis en vacances en France, je vois encore des claques qui volent à la plage ! Ce qui est vraiment inconcevable. »

ANNICK KAZE

Burundaise, vit à Katmandou au Népal, mariée à un Canadien. Mère de deux enfants de 3 et 6 ans.

« Mes enfants fréquentent l'école française et c'est vrai que les familles accordent une grande importance à la politesse des enfants. Les parents reprennent systématiquement les écarts de langage de leurs enfants, ce qu'on ne voit pas dans tous les pays.

« J'aime l'éducation à la française, car elle se rapproche beaucoup de la mienne, qui est burundaise. Les parents ne mâchent pas leurs mots lorsqu'il s'agit de réprimander son enfant. Il est vrai que les parents français peuvent utiliser un langage dur qui appelle à la soumission directe, sans laisser beaucoup de place à la discussion et à l'échange. J'ai été éduquée de cette façon et je pense m'en être bien sortie ! Par contre, je ne pense pas que cette manière d'éduquer soit toujours un gage de succès, il faut aussi tenir compte du tempérament de l'enfant.

« Lorsque je compare la culture burundaise à celle de la France, au sujet de l'éducation des enfants, chez moi, on éduque l'enfant de manière à ce qu'il s'occupe de ses parents dans le futur. J'ai l'impression que dans la culture nord-américaine, ce sont les parents qui sont là pour servir leurs enfants et répondre à leur moindre petite demande. »

DANILO ROSALES DIAZ 

Né à Paris d'un père du Nicaragua et d'une mère d'Argentine. A vécu à Paris jusqu'à l'âge de 22 ans. Vit à New York, marié à une Canadienne. Il a deux enfants de 7 mois et 2 ans.

« Dans l'éducation, je pense qu'il y a une véritable différence entre le monde francophone et anglophone. Aux États-Unis, les rapports sont beaucoup moins formels qu'en France, où il y a de réels codes à respecter et des conventions sociales très strictes. Évidemment, j'inculque les règles de politesse à mes enfants, qui sont leurs fondations pour le futur, ce qui leur permettra de mieux naviguer en société. Je vois des parents ici, aux États-Unis, qui n'arrivent pas à mettre leurs enfants au lit alors qu'il est plus de 22 h ! Ils n'ont pas de vie et sont asservis à leurs enfants ! »