Et si, à chercher très loin le secret du lâcher-prise dans leur quotidien, les femmes l'avaient sous les yeux ? Le père, avec son authenticité et sa tendance à placer le jeu avant la vaisselle, pourrait bien l'avoir compris, tout naturellement. Les (Z)imparfaites consacrent d'ailleurs plusieurs pages à ces hommes « qui l'ont, l'affaire ». Dans une discussion à bâtons rompus, Pause a abordé la question avec elles. Pleins feux sur ces hommes pour qui c'est « l'instinct avant le bouquin » !

NANCY COULOMBE

Le père s'interroge beaucoup moins. Nous, on se fait plein de scénarios... « Si je ne fais pas ça, est-ce que l'estime personnelle de mon enfant va être plus basse à 20 ans ? » Dans le fond, si c'est une erreur, c'est une erreur, on se reprendra.

NADINE DESCHENEAUX

Les pères stressent moins. Il y a le classique du sac à couches. Tu peux survivre trois semaines avec le sac à couches d'une fille. Dedans, il y a huit vêtements de rechange, des collations, un chapeau et 12 000 jeux. Le père, il part avec le bébé.

NANCY

Et un ballon !

NADINE

Oui ! Un ballon qui est beaucoup trop gros pour l'enfant, mais le père, lui, il s'en va jouer au ballon. Nous, on voit tous les problèmes qui pourraient arriver. Le père, lui, le problème, il va le gérer là-bas - s'il arrive un problème !

LA PRESSE

Est-ce que cette approche-là change notre rapport au bonheur ?

NADINE

Quand tu planifies tout, tu n'es pas dans le moment présent.

NANCY

Les 25 minutes que tu passes à préparer ton sac à couches, ça fait que quand tu pars, tu as moins le goût d'aller au parc. T'es comme un peu moins excitée, et tu te dis... Ouf... faut que je fasse le sac à couches. Le bonheur, ça dure cinq minutes des fois, mais si ça t'en prend 20 pour le créer... Il y a un équilibre du bonheur au bout de la journée qui est comme débalancé. Les pères ont un relâchement intéressant...

LA PRESSE

Alors, il faut aspirer à...

NANCY ET NADINE

... la paternité !

NANCY

En fait, je ne crois pas que les enfants soient plus malheureux parce que ce n'est pas fait comme nous le faisons. Souvent, les mères préparent tout le souper avant de venir à un 5 à 7. Sérieux... le père, il va les nourrir, si on part !

NADINE

Puis ils mangeront ce qu'ils veulent ! Ils peuvent manger de la pizza ! Il y a beaucoup de mères qui disent : « Ouf, j'ai pas pu sortir, parce que j'ai fait les lunchs, le souper... » Mon Dieu !

NANCY

Ou elles prennent en photo le souper qu'a fait leur chum en disant : « Regardez s'il est hot, il a fait un spaghetti ! » Ben voyons ! C'est quand même bien juste la base. C'est aussi de donner de la place au père...

NADINE

... pour qu'il le fasse à sa manière. Il y a aussi celles qui les laissent faire et qui chialent parce que ç'a été fait tout croche, ou qu'ils ont mangé des hot-dogs.

NANCY

On est contrôlantes, des fois. Oui, il y a des gars contrôlants, mais il y a quand même moins de gars contrôlants que de filles contrôlantes.

LA PRESSE

Vous ne vous sentez pas indispensables...

NANCY

Mon chum est parent autant que moi. Par exemple, je n'ai pas à me taper toute seule les trois rencontres de parents à l'école.

NADINE

Oui, mais quand c'est le père qui y va, il se fait dire : « Oh, wow ! »

NANCY

Et nous, on se fait dire : « Vous avez un bon mari, hein ? » Personne ne me dit ça à moi, comme mère, que je suis bonne d'aller à une rencontre de parents. Lui, quand il y va... party !

LA PRESSE

Qu'avez-vous appris des pères autour de vous ?

NANCY

Moi, c'est de moins organiser.

NADINE

De moins stresser. De se dire qu'on peut jouer à un jeu et que la vaisselle traîne sur le comptoir. Et dans ce temps-là, je me dis : « Ben oui, elle restera là jusqu'à demain matin, et ce n'est pas grave ! » Des fois, je suis dans l'urgence de faire des affaires.

LA PRESSE

Et qu'est-ce que ça donne, ce lâcher-prise ?

NADINE

Tu as l'impression de faire ce que tu veux vraiment, d'avoir beaucoup plus de temps pour les choses positives.