Le sens de la justice, de l'organisation, l'empathie, la compassion, la ténacité... et la camaraderie aussi. À l'occasion de la fête des Mères, quatre fils au parcours épatant nous racontent avec admiration ce qu'ils ont appris de celle qui les a mis au monde.

Léo Bureau-Blouin et Lucie Bureau

LE POUVOIR DE L'EMPATHIE

Qu'on soit pour ou contre le dégel des droits de scolarité, le président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin, en a épaté plus d'un par sa maturité, son sens de la répartie, son intelligence et son leadership. Le jeune homme de 20 ans a brillé pendant toute la durée du conflit étudiant, et nous lui avons demandé en quoi sa mère, Lucie Bureau, a influencé son choix de s'engager politiquement.

Calme et paisible > Ma mère est quelqu'un de posé et paisible, et c'est une de ses principales qualités. Dans mes moments de tourmente à l'adolescence, elle m'a aidé à remettre les choses en perspective. C'est encore comme ça maintenant. Si je suis calme comme personne, capable de peser mes mots et mes émotions, c'est grâce à elle, à sa façon de savoir.

Bonheur collectif > Ma mère a beaucoup d'empathie, une qualité qui est rare. Elle a un grand respect pour autrui et m'a appris que ce n'est pas tout le monde qui a la même vie que nous. Je pense que j'ai hérité de sa capacité de se mettre à la place des autres, et de vouloir travailler à améliorer le bonheur collectif. Elle m'a aussi transmis le goût du savoir, de la connaissance, de l'ouverture au monde. Ç'a toujours été valorisé chez nous et c'est le plus beau legs qu'elle pouvait me faire.

Ce que je n'ai pas hérité d'elle > Je ne suis pas quelqu'un de très organisé dans la vie, je dirais que c'est mon principal défaut. Elle est là pour me rappeler à l'ordre, me rappeler mes obligations, comme celle de faire ma déclaration de revenus!

Des moments partagés > J'ai été très stimulé par mes deux parents. Ma mère m'a emmené voir des expos, on a fait des voyages, elle m'a guidé dans mes lectures. Encore aujourd'hui, quand nous sommes ensemble, nous discutons beaucoup, nous faisons des sorties culturelles. Nous avons une très belle relation et ma grande déception est de ne pas avoir assez de temps pour l'entretenir. Avec le recul, je suis de plus en plus conscient des sacrifices qu'elle a faits pour mon frère et moi, et je ne la remercierai jamais assez.

Fierté réciproque > Je suis fier de ma mère et je crois que c'est réciproque... Elle a voyagé, a fait des tours de vélo en Europe et de l'escalade, elle n'a jamais arrêté de se dépasser tout en restant très humble. C'est quelqu'un qui a accompli de belles choses dans le milieu des arts visuels, son travail sur la place des femmes photographes du XIXe siècle est un legs important pour l'histoire. Oui, je suis fier d'elle, de ce qu'elle est autant que de ce qu'elle a accompli.

Photos: Alain Roberge et Hugo-Sébastien Aubert

Léo Bureau-Blouin et Lucie Bureau

Chafiik et Abla Farhoud

L'AMOUR DES MOTS

Chafiik est un des membres du trio Loco Locass. S'il est le plus musicien des trois, il a tout de même hérité de sa mère, la romancière Abla Farhoud, un amour inconditionnel des mots. Il a accepté de lui rendre hommage, même si parler de sa mère demeure un geste extrêmement intime. «C'est comme parler de soi, dit-il. C'est instinctif, émotif, animal.»

Bourrée de qualités > J'aime ses qualités «normales» de mère: la bonté, la compréhension, la tendresse. Comme femme, j'aime sa liberté d'esprit, sa façon de toujours essayer de s'opposer au plus fort et de protéger le plus faible, son grand sens de la justice. Elle n'a jamais eu le mépris du clochard, plutôt celui du puissant. Comme immigrante, elle a aussi embrassé la cause de ce peuple qui l'a accueillie. Ç'aurait été plus facile de ne pas le faire, mais sa grande qualité est d'être capable de réfléchir profondément et beaucoup. Elle m'a évidemment transmis son amour du Québec.

Au carrefour des mots et de la musique > Mon père est musicien et ma mère vit dans le monde des mots. Même si je suis d'abord musicien, je suis au croisement des deux et c'est un atout qui me permet d'être en adéquation avec la poésie de mes deux comparses. Grâce à ma mère, j'ai appris à lire très tôt, à 4 ans, et je suis toujours resté avec l'amour des mots.

De longues discussions > J'ai vécu seul avec ma mère de 18 à 21 ans. Quand je me levais le midi (rires) alors qu'elle était debout depuis longtemps (elle a toujours été très disciplinée, beaucoup plus que moi), nous mangions ensemble et nous avions de longues et passionnantes conversations sur l'art. C'était une chance d'avoir une artiste expérimentée devant moi, avec qui je pouvais échanger en adulte. Maintenant qu'on se voit beaucoup moins souvent, ça me manque. Je pense souvent à elle et je m'ennuie d'elle.

Quelqu'un de formidable > J'admire ma mère, c'est une grande écrivaine. Elle sait poser ses yeux dans la tête des autres. C'est une grande observatrice qui est capable d'absorber les émotions des autres, puis de les resservir. Ses écrits ont une grande portée et je suis très fier d'elle. Le deuxième livre qu'elle a écrit, je l'ai trouvé tellement triste, j'ai trop pleuré en le lisant... C'est vraiment un métier qui m'impressionne et quand je lis un bon roman, j'ai toujours envie d'en écrire un!

Ma mère, ma muse > Quand j'ai commencé avec Loco Locass, on ne voulait surtout pas plaire à nos parents! Ma mère a peu d'influence sur mon travail comme tel: j'aime la jouer indépendant. Ce n'est pas non plus quelqu'un que je vais appeler pour un conseil pratique. Son apport dans ma vie n'est pas terre à terre, mais plutôt immatériel. Elle est comme une muse pour moi. Son bureau, c'est comme un nuage qui flotte, d'où elle veille sur moi.

Photos: Alain Roberge et Hugo-Sébastien Aubert

Chafiik et Abla Farhoud

Charles et Diane Francis

DE LA MÊME EAU

Nageur originaire de Cowansville, Charles Francis, 23 ans, sera aux Jeux olympiques de Londres cet été où il participera, le 29 juillet, à l'épreuve du 100 m dos. Il devrait aussi être du relais 4 x 100 m 4 nages, le 3 août. Sa mère Diane Francis, qui l'appuie depuis ses premières longueurs en piscine, assistera sur place aux compétitions. L'athlète s'est confié sans hésiter sur l'importance de sa mère dans sa carrière sportive, dans sa vie.

Une maman engagée > Ma mère a toujours été à mes côtés, sans jamais me mettre de pression. J'ai commencé à nager vers 12 ans, avec l'idée de participer à une activité parascolaire, sans savoir où ça me mènerait. D'année en année, c'est devenu plus sérieux, j'avais du talent. C'était important pour moi qu'elle respecte mon rythme. Il y a tellement de jeunes qui se font surentraîner. Elle a été géniale. Aujourd'hui, elle gère mes commanditaires, ma paperasse, c'est en quelque sorte mon agente. Si je décide d'arrêter, je sais qu'elle respectera ma décision.

Le sport comme valeur > Ma mère nageait beaucoup quand elle était jeune. Elle est aujourd'hui entraîneuse de spinning, elle fait du kayak et beaucoup de marche en montagne. Mes parents nous ont transmis l'activité physique comme mode de vie. J'ai grandi dans un monde de plein air. J'étais conscient que c'était bon pour la santé, mais j'avais surtout beaucoup de plaisir à bouger. On faisait du ski en famille. Ma mère organisait des randonnées en montagne, on pouvait se retrouver 15 au sommet!

Discipline et discernement > Je pense que la discipline que je suis capable de m'imposer me vient en partie de l'encadrement que j'ai eu quand j'étais plus jeune, grâce à ma mère. On devait respecter des règles strictes et ça m'a aidé à acquérir une discipline personnelle que j'applique dans ma carrière sportive, dans mes études et dans mes relations sociales. Elle m'a aussi appris à faire preuve de discernement, de jugement.

Viser le sommet > J'ai plusieurs beaux souvenirs avec ma mère. Elle et moi sommes plutôt compétitifs... même en randonnée. Quand j'étais plus jeune, on jouait à qui se rendrait le premier au sommet. C'est toujours elle qui gagnait! J'étais meilleur dans l'eau que sur les sentiers.

Complices > La relation avec ma mère, c'est du bonbon. Ça coule tout seul. On s'appelle quatre ou cinq fois par semaine. On parle business, mais aussi de tout et de rien. Ma mère est très à l'écoute. Je sais que je peux l'appeler de jour comme de nuit. Elle est toujours là, dans les bons moments comme dans les mauvais. J'espère que j'ai hérité de cette écoute, de cette empathie, c'est important dans la vie.

Fierté assumée > Ma mère est belle, fine, intelligente (rires). Elle dépense tellement d'énergie pour ses quatre enfants, elle est très dévouée. Elle est aussi très terre à terre et pas compliquée. Je suis extrêmement fier d'elle. Je ne nage pas pour elle, mais assurément grâce à elle. Ma mère, et le bagage qu'elle m'a transmis, a beaucoup influencé mes choix de vie.

Photos: Alain Roberge et Hugo-Sébastien Aubert

Charles et Diane Francis

Louis-Philippe et Cindy Gilbert

LES YEUX DE SA MÈRE

Au premier coup d'oeil, c'est une évidence: Louis-Philippe Beauchamp, alias Zac Parent, a hérité des yeux pétillants de sa maman, Cindy Gilbert. Et de quoi d'autre encore? C'est ce que nous avons voulu savoir...

Mère décidé, fils déterminé > On est assez semblables, surtout dans la détermination. Ma mère, elle ne baisse jamais les bras quand elle entreprend un projet.

J'ai douze ans, maman... > On est parfois en désaccord, mais jamais sur des choses majeures. On peut s'obstiner sur des petits trucs, comme les devoirs ou encore les permissions d'aller chez mes amis. Mais moins maintenant, puisque je suis plus vieux.

La famille d'abord > C'est rare qu'on soit juste nous deux: d'habitude, on est ensemble toute la famille. On aime sortir, aller au cinéma, voyager... On est allés en France, à Punta Cana, en Floride et on ira bientôt en Espagne. Ah oui! On aime manger dans de bons restos.

Maman coach > Ma mère me fait répéter mes textes et prend mon travail à coeur. Elle m'aide beaucoup, me dit toujours: «Let's go, t'es capable!»

Faire rire maman > Parfois, je lui montre des vidéos de sketchs et lui fais découvrir des vidéos qu'elle ne connaît pas.

Les vendredis soir «mère-fils»? > On aime aller au resto, se promener sur la place des Festivals, ou encore aller au cinéma. Ou sinon, juste rester à la maison et regarder un film.

Photos: Alain Roberge et Hugo-Sébastien Aubert

Louis-Philippe et Cindy Gilbert