Culturiste, Madame Canada 2011

Fabiola Boulanger pratique un métier plutôt hors du commun: culturiste professionnelle. Elle s'entraîne 2h30 par jour, en plus d'être entraîneur privé. Elle a une hygiène de vie stricte - une vie de moine ou presque! - et une diète particulière. Elle mange 8 fois par jour et avale jusqu'à 30 blancs d'oeufs quotidiennement. Son fils, âgé de 7 ans, est son fan numéro un, à son plus grand bonheur.

Lors des compétitions, William est en coulisses, un t-shirt au logo de sa mère sur le dos. Il aime se faire prendre en photo, il aime l'ambiance. «Les culturistes qui ont des enfants sont une minorité, car c'est une discipline exigeante et coûteuse. Une mère «monoparentale», c'est très rare dans le milieu. On trouve remarquable que j'arrive à faire tout ça,  en étant si présente auprès de mon fils.»

Séparée depuis plus de six ans, Fabiola a toujours mis son fils au centre de ses priorités. Pas sans compromis. «Je restreins mes heures de travail, alors l'apport financier n'est pas très grand. C'est un choix. J'aime mieux avoir moins de revenus et passer plus de temps de qualité avec mon fils. La difficulté est monétaire.»

Une carrière aux États-Unis - la Mecque du culturisme - serait évidemment plus payante. «Mais je ne peux enlever son père à mon fils. Dans mes choix de carrière, mon fils est prioritaire. Il passera toujours avant.» D'ailleurs, quand William n'est avec elle la fin de semaine, elle fait une pause d'entraînement. «Je veux passer tout mon temps avec lui, je ne le fais pratiquement jamais garder.»

Son plus grand bonheur? «C'est le moment où je vais le réveiller. J'aime pouvoir me coller et ressentir tout cet amour.» Elle aurait préféré avoir une famille unie, mais elle n'a pas de regret. «Mon fils a constaté cette année que ses parents sont séparés, alors c'est un moment particulièrement douloureux pour lui, j'essaie qu'il ne souffre pas trop.»

«Aujourd'hui, de nombreuses familles sont séparées, déplore-t-elle. Nous vivons dans une société de consommation. Beaucoup d'enfants sont nés, non pas d'un désir de fonder une famille, mais d'un désir de combler un manque. Les enfants sont hyper gâtés, mais les parents sont absents. Aujourd'hui, les jeunes ne savent pas être. Les parents devraient saisir l'importance de leur rôle, ils ont une perle entre les mains. Malheureusement, un enfant avec des blessures deviendra un adulte avec des blessures.»

Être parent, c'est «lui faire découvrir qui il est. Les jeunes se cherchent, ils ne connaissent pas leur propre valeur. Je veux lui faire découvrir le monde, l'amener en safari, le faire voyager. Je veux faire de lui un adulte accompli, pas parfait, mais qui sait gérer ses émotions. J'aimerais qu'il soit humble, honnête et qu'il sache assumer ses choix. J'aimerais qu'il trouve une passion, qu'il mette le coeur à quelque chose.» Et pas nécessairement dans un gym.