À première vue, Odile Bougain Nasri a l'air d'une femme douce, calme et chaleureuse. À l'image de ses tricots. Ses filles, qui travaillent avec elle depuis peu, le confirment. «Nous avons la chance d'avoir une très bonne mère attentionnée et toujours patiente», indique Gabrielle, 23 ans. 

Odile Bougain Nasri et son mari ont créé les tricots Ça va de soi en 1989. La petite entreprise familiale a pignon sur le boulevard Saint-Laurent et compte trois boutiques, dont une au 1062, avenue Laurier Ouest. «Nous y avons mis beaucoup d'efforts et de coeur, indique la propriétaire. On a eu plusieurs occasions de grandir, mais on a préféré donner la priorité à notre famille.» Le temps est maintenant venu de voir grand... avec les enfants. L'entreprise, qui vise désormais le marché international, compte des clients au Japon, aux Pays-Bas, en France et aux États-Unis.

Kinza, 27 ans, a intégré l'entreprise il y a quatre ans. «J'ai toujours voulu travailler avec mes parents. J'avais envie de faire partie de l'aventure. J'ai fait mes études et, après, je me suis lancée. J'aime le vêtement.» Elle travaille à la distribution, au marketing et aux ventes, tandis que Gabrielle travaille pour les boutiques. «Nos tricots n'ont pas d'âge, on les porte chacune à notre façon. Le produit nous relie beaucoup», souligne l'aînée.

«Maman nous donne des conseils, prend le temps de nous expliquer et de parler de son expérience, toujours avec gentillesse, sans jamais être contrôlante, note Kinza. Elle préfère travailler pour vivre et non vivre pour travailler. C'est très agréable de travailler avec elle.» L'ambiance de travail est conviviale. «Elle prend grand soin de ses employés, ils sont bien ici», dit Gabrielle.

«C'est très spécial de travailler avec mes filles. Ça change la dynamique. Avec mon mari, on commençait tout juste à trouver notre équilibre au travail. C'est un plus, ça nous sort de notre zone de confort, mais ce n'est pas drôle tous les jours», admet Odile Bougain Nasri. Les filles avouent qu'elles ont déjà manqué de professionnalisme et de rigueur. «C'est facile de se sentir à la maison», dit Gabrielle.

Les deux soeurs savent qu'elles sont privilégiées. «On a accès à des postes qui ne nous seraient probablement pas offerts ailleurs», note Gabrielle. Elles doivent donc montrer l'exemple et être à la hauteur. « Nos plus beaux jours à travailler ensemble sont à venir, après la phase d'adaptation», souligne Odile Bougain Nasri, que ses filles surnomment madame O. «On gagne en maturité», ajoute Gabrielle.

La vie familiale est si agréable que les enfants demeurent à un coin de rue de chez leurs parents et à deux pas du bureau. Elles ont quitté le nid il y a quelques mois à peine. «On a les mêmes intérêts, dit la mère. On aime faire du ski ensemble et on se retrouve dans les mêmes restaurants sans le vouloir !»