Viande ou poisson, sauces, pains et desserts au... tabac : trois cuisiniers croates ont profité du Festival du Havane à Cuba pour démontrer aux amateurs de cigares que la feuille de tabac constituait aussi un exotique condiment pour les palais les plus fins.

«Tout ce qui est lié au monde du cigare est fascinant et on s'est demandé pourquoi ne pas utiliser la feuille de tabac comme une épice, c'est comme ça que tout a commencé», a expliqué à l'AFP le chef Grgur Baksic, un des trois cuisiniers croates en charge du «Cooking Show: tabac et gastronomie», un des points forts du 15e Festival du cigare qui s'est ouvert mardi dans la capitale cubaine.

Dans un salon du Palais des conventions de La Havane reconverti en cuisine, accompagné de ses collègues Zoran Simunic et Pantejija Pekic, Grgur Baksic explique en détail comment préparer un filet de poisson enrobé d'une large feuille de tabac recouverte de miel.

«On a commencé à travailler sur ce projet il y a deux ans et on a de très bons résultats», explique Grgur Baksic qui avec ses deux complices a créé Gastronomadi, une association qui entend promouvoir la richesse gastronomique de Croatie. Et dont les membres sont en plus des amateurs de cigares.

Devant les quelque 400 personnes qui se pressent autour des plats, Grgur Baksic recommande de «manger peu, car les plats conservent la nicotine».

«Le plus important c'est de savoir que vous ne mangez pas vraiment le tabac, dès que le filet est prêt, on jette la feuille, mais vous profitez de tous les arômes du tabac», explique le cuisinier.

L'équipe a préparé une quinzaine de plats exclusifs à base du légendaire tabac cubain, dont les meilleures feuilles proviennent de la région de Vuelta Abajo, dans l'ouest de l'île.

«J'ai goûté le beurre et une des sauces, un goût très agréable», confesse à l'AFP Omar Gonzalez, le représentant d'Infifon, la compagnie qui distribue les cigares cubains en Chine, où les ventes décollent et qui est désormais le troisième marché national du cigare cubain, derrière l'Espagne et la France.

L'avocat allemand Thomas Panthi, 54 ans et fumeur de cigare depuis trois décennies, a en revanche trouvé la sauce au tabac «un peu forte». Grimace. «Je vais goûter le poisson maintenant», glisse-t-il tout de même en s'échappant vers une autre table.

«C'est incroyable qu'avec tous les cuisiniers que nous avons à Cuba, dont beaucoup amateurs de cigares, pas un seul n'ait pensé à utiliser le tabac comme ingrédient, c'est une bonne idée», s'étonne Jorge Luis Fernandez, vice-président commercial d'Habanos SA, l'entreprise cubano-espagnole qui détient le monopole de l'exportation des «puros» cubains.

Invités d'honneur du dîner de gala de clôture samedi, l'ex-tennisman allemand Boris Becker, les ex-basketteurs américains Gary Payton et Marcus Liberty, le ténor italien Dario Balzanelli et l'ex-miss Belgique et présentatrice de télévision Goedele Liekens.

Le Festival a également eu pour visiteurs jeudi quelques délégués des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), qui négocient avec le gouvernement colombien une paix qui mettrait fin à un demi-siècle de conflit armé.

«Je fume le cigare depuis très longtemps, mais je n'ai aucune marque favorite», a assuré à l'AFP le chef de la délégation de la guérilla marxiste, Ivan Marquez, en déambulant avec son cigare dans les salons du Palais des conventions, où se déroulent également depuis novembre les négociations entre guérilla et gouvernement.