Si la débâcle boursière de 2008 a frappé durement, le rebond de cette année a été important et il a redonné confiance à bien des épargnants.

Après cette année en montagnes russes, à quoi peut-on s'attendre en 2010?

«D'abord, il est vrai que nous avons eu une grosse appréciation des marchés boursiers depuis mars, mais un tel rebond n'est pas hors norme après une crise. La grande question maintenant est de savoir si l'on pourra faire encore mieux en 2010», indique d'emblée Pierre Lapointe, stratège, marchés boursiers, à la Financière Banque Nationale.

Chez Scotia Capitaux, le stratège Vincent Delisle croit que les marchés boursiers devraient bien faire jusqu'au printemps.

«L'économie mondiale reprend le chemin de la croissance, les profits remontent et l'optimisme sera plus tangible en première moitié de 2010. Toutefois, le rattrapage effectué depuis mars est presque complété. Les indices boursiers ne devraient pas retrouver leurs sommets de 2007-2008 avant plusieurs années.»

Actions ou obligations?

Si le début de 2010 est, comme prévu, une période d'expansion économique, cela devrait être intéressant pour les gens qui détiennent des actions, croit Pierre Lapointe.

«En ce moment, nous recommandons d'ailleurs aux gens de surpondérer la part d'actions dans leur portefeuille», précise-t-il.

Le stratège a par contre moins confiance en la performance des obligations durant l'année à venir.

«Il y a eu des injections énormes de liquidités par les grandes banques centrales du monde qui ont baissé fortement leur taux directeur, dit-il. Il sera maintenant temps d'éponger ces liquidités et d'ailleurs, nous commençons à voir les grandes banques augmenter leurs taux directeurs. Les autres emboîteront le pas et les taux d'intérêt augmenteront, ce qui n'est pas une bonne recette pour les obligations qui devraient avoir des rendements autour de 0% durant l'année à venir.»

Si une hausse des taux d'intérêt influence également la performance des actions, à la Financière Banque Nationale, on croit que la politique monétaire demeurera accommodante pour les entreprises et qu'ainsi, les actions demeureront intéressantes pendant toute l'année 2010.

Quel genre de fonds choisir?

Il semble y avoir un consensus chez les stratèges en ce qui a trait à la performance du secteur des ressources naturelles.

«Les actions dans les ressources naturelles devraient continuer de surperformer en 2010», croit Vincent Delisle.

Pierre Lapointe est du même avis. «Je pense particulièrement à l'énergie, comme le pétrole «, dit-il.

Par contre, il faut faire attention aux produits de consommation de base, d'après le stratège. «Ce n'est pas le temps actuellement d'être défensif au niveau des actions», précise-t-il.

Et quelles régions du monde ont les meilleures chances de donner de bons résultats en Bourse?

À la Financière Banque Nationale, on mise particulièrement sur les actions américaines et asiatiques.

«C'est plus difficile du côté de l'Europe ; la force de l'euro fait mal aux exportations européennes et le secteur bancaire qui est plus mal en point que ceux du Canada et des États-Unis», remarque Pierre Lapointe. D'ailleurs, comme le secteur bancaire canadien s'en est particulièrement bien sorti cette année, le stratège croit qu'il serait peut-être difficile de leur en demander davantage en 2010.

Vincent Delisle croit pour sa part que comme l'économie mondiale reprend son rythme et que le dollar américain est faible, les actions canadiennes et celles des marchés émergents devraient maintenir leur leadership en première moitié de 2010. Mais que pour la fin de l'année, l'Europe et les États-Unis pourraient mieux faire.

Que feront les investisseurs?

Les stratèges font leurs prévisions, mais est-ce que les investisseurs suivront leurs conseils?

Cela dépendra de la performance des marchés d'ici au début de la prochaine campagne REER, croit Yanic Chagnon, directeur général, solutions de placement, à la Banque Nationale Groupe financier.

«Si les marchés vont bien, les investisseurs choisiront des solutions diversifiées qui correspondent à leur profil. Par contre, si on voit beaucoup de volatilité sur les marchés, les gens pourraient retourner vers les placements plus sécuritaires, comme les fonds de marché monétaires qui ont de très faibles rendements», explique-t-il.

D'ailleurs, à ses yeux, il ne faut pas oublier que les placements sécuritaires renferment tout de même le risque à long terme de ne pas permettre d'amasser suffisamment de capital pour sa retraite.

«Il ne faut pas pour autant aller seulement vers des produits très risqués à court terme ; le défi, c'est de trouver un équilibre», rappelle M. Chagnon.