Il faut que ça soit robuste. Il faut que ça ait l'air robuste. Mais pas trop: la difficulté, c'est qu'on doit y trouver encore une ressemblance avec une mallette plutôt qu'avec un boîtier de missile sol-air.

Ça, c'est Nanuk, la nouvelle gamme de mallettes tout usage du fabricant québécois Plasticase.

«Les produits des concurrents ont tous des lignes droites, militaires, exprime le responsable du design Benjamin Coley. Notre compagnie a un souci pour le design et on voulait un produit qui a un look moderne, sans être branché. Ce sont tout de même des produits qui vont durer de 10 à 15 ans sans qu'on en change le design.»

 

La gamme Nanuk comprend sept mallettes de dimensions variées, étanches et résistantes aux chocs, pour le transport des objets fragiles - appareils photo ou électroniques, par exemple. Faites de polypropylène moulé par injection, elles peuvent être garnies de cales en mousse pour accueillir douillettement ces objets précieux. On les trouve dans certains magasins de matériel de plein air ou d'équipement de photo.

Les mallettes Nanuk sont conçues chez Plasticase par Benjamin Coley et son collègue designer Antoine Dallaire. Bien: elles sont fabriquées sur place, à Terrebonne, plutôt qu'en Asie. Mieux: les moules d'injection - une facture d'un million - ont eux aussi été usinés à Montréal. La première mallette de la série est sortie des moules en août dernier. La cinquième est apparue cette semaine, les deux dernières entreront en production au cours des prochaines semaines. Mais toutes ont été conçues simultanément.

«La première contrainte était de trouver un langage visuel qui réponde à ces contraintes, qui a l'air robuste mais qui attire l'oeil de ceux qui sont sensibles au design», explique Benjamin Coley.

Ils y sont parvenus en utilisant de larges arrondis - une solution qui allie la douceur rassurante des courbes à la résistance mécanique du berceau et du dôme.

Dans ce type de produit, les nervures sont largement utilisées comme renforts, notamment pour protéger les fermoirs et former les pieds. Sur Nanuk, toutefois, plutôt que courir sur toute la surface de l'objet, les nervures s'estompent dans la paroi et découpent un léger surplomb en forme de grand X adouci. Ce X signe la mallette: ses longs arcs et sa large surface projettent à la fois robustesse et convivialité - «fort sans être trop agressif», observe M. Coley.

Le second défi était posé par les fermoirs, le point faible de toute mallette. «On a vraiment travaillé fort pour trouver un système de fermeture qui garde la valise fermée avec un certain degré de sécurité», relate M. Coley.

Les deux designers ont mis au point un fermoir à levier, muni en son centre d'un loquet qui empêche toute ouverture intempestive. «Si la valise tombe, les fermoirs ne doivent pas s'ouvrir, poursuit le designer. Il faut vraiment pousser sur le bouton pendant qu'on tire sur le fermoir pour qu'il s'ouvre.» La configuration finale du fermoir est le fruit d'une longue série de modèles moulés par prototypage rapide.

Prochaine étape: la gamme s'élargira aux valises à roulettes avec poignée extensible. Robustes, bien sûr.