Il faut travailler fort pour trouver de véritables herbes de Provence. Très fort. Environ 95% des herbes de Provence vendues sur le marché français viennent d'ailleurs, surtout d'Albanie et de Pologne.

Au Québec, il est encore plus difficile de mettre la main sur un véritable mélange de Provence. Les producteurs français tentent depuis quelques années de récupérer leur marché et, surtout, de faire reconnaître le mélange original.

«Le terme herbes de Provence est devenu générique et on l'utilise pour vendre toutes sortes de mélanges. C'est une aberration», explique Vincent Mignerat, du regroupement Provence Tradition.

La situation est d'autant plus choquante, dit-il, que les consommateurs n'en savent rien. «Même à Marseille, si on posait la question dans la rue, 80% des gens ne sauraient pas ce qu'ils achètent», poursuit M. Mignerat, qui estime que le goût et la couleur des herbes de la Provence ne se comparent pas aux autres. «C'est une question de terroir et de savoir-faire, dit-il. Et de rigueur aussi.»

Les véritables mélanges de Provence contiennent jusqu'à 4% d'huiles essentielles, alors que des tests faits sur des herbes commerciales en ont révélé quatre fois moins.

Les Français veulent maintenant augmenter leur production pour mieux répondre à l'énorme demande et obtenir une indication géographique qui garantirait aux consommateurs qu'ils achètent de vraies herbes de Provence. Les produits de Provence Tradition portent déjà le sceau «Provence garantie», ce que les concurrents ne peuvent pas faire. Et ne font pas.

Le géant des épices McCormick fait aussi des mélanges de différentes provenances vendus comme des herbes de Provence. La seule herbe qui vienne toujours vraiment de la Provence, explique une porte-parole de l'entreprise, c'est la lavande. Ironiquement, le mélange classique d'herbes de Provence ne contient pas de lavande. La recette authentique contient 26% de romarin, 26% d'origan, 26% de sarriette, 19% de thym et 3% de basilic.