Le Conseil musulman de Montréal demande un meilleur contrôle de la nourriture halal dans les marchés de la ville. L'organisme estime aussi que ces produits ne sont pas assez accessibles pour la population musulmane, qui gagne en importance.

Halal veut dire «permis» en arabe. Pour que la viande puisse porter cette certification, l'animal doit avoir été tué à la main et saigné par une personne croyante. Selon le Conseil, bien que la communauté musulmane compte plus de 175 000 personnes dans la région de Montréal, les commerces tardent à s'adapter à ses coutumes alimentaires.

Rencontré à la petite mosquée Fatima, rue Saint-Dominique, Talib Sjaiful, musulman d'origine indonésienne, croit qu'il devrait y avoir des inspecteurs pour certifier la qualité des produits halal. «Ça va coûter plus cher, mais on est prêts à payer le prix. Il y a quelques magasins qui mettent des étiquettes frauduleusement pour faire plus d'argent», dit-il.

Le président du Conseil musulman de Montréal, l'imam Salam Elmenyawi, croit que les ressources sont insuffisantes pour assurer aux consommateurs que leur nourriture est bien halal. «Nous demandons une harmonisation de la certification. Les inspecteurs doivent avoir assez de pouvoirs pour s'assurer que la nourriture est halal de l'abattoir jusque dans les mains des consommateurs.»

Pour l'instant, sauf quelques exceptions, seuls de petits commerces tenus par des musulmans fournissent des produits halal. «Nous voulons qu'ils soient accessibles au plus grand nombre, dit M. Elmenyawi. Si tous les supermarchés avaient une petite section avec des produits halal, ce serait beaucoup plus facile. Il y a déjà des rayons réservés pour la nourriture kasher pour les juifs.»

Il ajoute que, faute de produits halal dans une épicerie, il se rabat souvent sur les produits kasher, qui sont aussi permis par l'islam.

Entre le commerçant et Dieu

Devant son comptoir rempli de boeuf et de saucisses, une employée de la boucherie Sabra, Maïa Daher, croit qu'il devrait y avoir une certification stricte. «La viande halal est la meilleure! Elle est propre et goûteuse. J'ai maintenant beaucoup de clients québécois de souche qui m'en demandent.»

Selon le directeur de la coordination de l'inspection au ministère de l'Agriculture, Guy Auclair, le gouvernement n'a pas le rôle de vérifier si la viande est tuée selon les rites musulmans. «On se borne à faire respecter l'hygiène et la salubrité, dit-il. Nous n'avons pas l'intention de faire inspecter les produits halal.»

Ibrahim Smail, musulman d'origine algérienne, ne fait pas confiance à beaucoup de commerces qui affirment vendre de la viande halal. «On peut la reconnaître à un coup d'oeil, elle est trop rouge. Pour l'instant, c'est le commerçant qui est responsable. C'est entre lui et Dieu.»