Qu'est-ce qu'un vin biologique? Qu'est-ce donc qui le distingue des autres? Est-il forcément meilleur? Comment l'élabore-t-on? Et puis, qu'est-ce que la biodynamie?

C'est à toutes ces questions, et à beaucoup d'autres, que répond le Guide des vins bio (Éditions Quebecor, 29,95 $), paru tout récemment, de l'auteur et chroniqueur Pascal Patron.

Précision importante que celui-ci apporte dès les premières pages : c'est le raisin, et non le vin lui-même, qui est biologique.

«En réalité, écrit Pascal Patron, il n'existe pas à proprement parler de vin bio (...) C'est le raisin qui est bio et donc, par conséquent, le vin « bio « est un vin issu de raisins de l'agriculture biologique.»

Les normes de production, pour l'Europe, datent de 1991 et exigent entre autres que le viticulteur n'utilise aucun produit chimique de synthèse - engrais, pesticides et herbicides.

Puis, avant d'avoir droit à la mention «vin issu de raisins de l'agriculture biologique» sur l'étiquette, il lui faut au préalable avoir cultivé son vignoble en respectant les règles, pendant trois ans, indique l'auteur.

«D'un point de vue gustatif, en général les vins bio apportent un plus parce qu'ils ont su garder leurs levures indigènes et toute la typicité du terroir et du millésime dont ils sont issus (...) Néanmoins, de la même façon qu'il existe de piètres vins conventionnels, il existe aussi de piètres vins bio», écrit-il.

Bref, ce n'est pas parce qu'un vin est élaboré avec des raisins d'agriculture biologique qu'il est forcément meilleur que les autres.

Certains viticulteurs, et non des moindres, vont «encore plus loin dans leur démarche et optent pour la culture en biodynamie».

L'auteur explique alors, de façon succincte, en quoi consiste cette méthode de culture née il y a une centaine d'années, toujours controversée, et qui fait appel à toutes sortes de «préparations spécifiques élaborées à partir (...) de camomille, d'ortie, de pissenlit», etc.

La biodynamie demande également - et c'est sans doute ce qui fait froncer tant de sourcils! - qu'on respecte «un calendrier strict tenant compte des interactions du Soleil, de la Lune et des planètes pour les travaux et les traitements de la vigne», note l'auteur.

Sorcellerie? Ou, du moins, mégalomanie?

En fait, même des domaines extrêmement réputés, tels le Domaine de la Romanée-Conti et le Domaine Leroy, tous deux de Bourgogne, cultivent désormais leurs vignes, ou du moins une partie dans le cas du Domaine de la Romanée-Conti, selon les règles de la biodynamie.

Bon nombre le font sans le dire, bien souvent, car la biodynamie... sent encore un peu le soufre!

Mais, quasi immanquablement, tous les domaines qui ont opté pour cette méthode de culture disent que les résultats sont palpables, mais sans trop comprendre pour quelles raisons.

«Ça marche», se contentent-ils de faire observer.

À l'échelle mondiale

Encore très peu importante à l'échelle globale (1,6 % du vignoble mondial), la viticulture biologique gagne néanmoins du terrain, indique l'auteur.

L'Italie arrive en tête (4 % de son vignoble), suivie notamment de la Californie (3 %) et de la France (2 %).

Des exemples de vins dits biologiques?

C'est sans doute là le plus grand mérite de l'ouvrage, qui nous en présente 110, normalement en vente au Québec, provenant de 63 domaines différents. Domaines au sujet desquels l'auteur raconte par quels détours ils sont arrivés à la culture biologique ou même à la biodynamie.

On découvre alors (et c'est la surprise) que des viticulteurs connus, tel Alphonse Mellot, du Domaine de la Moussière (Sancerre), ou encore de grandes maisons telles que Chapoutier (Rhône), ont déjà opté pour ces deux types de culture!

Pascal Patron commente les 110 vins retenus (les millésimes peuvent toutefois différer des millésimes présentement sur le marché), mais il ne les note pas, «de façon à laisser les lecteurs découvrir ces vins bio eux-mêmes».

Cependant, il donne (page 39) la liste de ses coups de coeur et de la dizaine de vins offrant selon lui de bons rapports qualité-prix.

Seul bémol : on aurait aimé que l'ouvrage soit imprimé dans un caractère plus gras, et donc plus aisément lisible.

Trois vins blancs bio

Plus chers à produire que les autres, les vins bio... ont le défaut d'être souvent un peu chers!

En voici néanmoins trois exemples, tous des blancs, et tous trois provenant de vignobles également cultivés en biodynamie.

Élaboré avec à la fois du Chenin blanc et du Chardonnay, le Touraine-Mesland 2005 Clos de la Briderie, de la Loire, se distingue par l'exubérance de son bouquet, aux nuances marquées... de pommes. Plutôt léger en bouche, ses saveurs sont toutefois bien affirmées, avec tout ce qu'il faut d'acidité.

S, 861575, 16 $, **, $$, 2007.

Aussi de la Loire, le Muscadet Sèvre et Maine 2004 Expression de Granite se présente, lui, avec un bouquet aux notes minérales insistantes, comme de craie, et suit une bouche avec - pour un Muscadet - plus de corps qu'on ne s'y attend, et un après-goût qui dure un bon moment.

S, 10282873, 19,20 $, **1/2, $$, 2007-2016.

Mais ces vins surprennent, ils ne sont pas tout à fait comme les autres, et j'aurais sans doute dû attribuer une demi-étoile de plus à chacun.

Vin tout aussi étonnant, l'Alsace 2005 Pinot Gris «Barriques» Domaine Ostertag, qui est élevé en fûts, pratique rarissime en Alsace, séduit d'abord par l'ampleur et la franchise de son bouquet, bien Pinot gris par ses arômes de fruits à chair blanche confits. Même ampleur en bouche, avec du corps, de l'éclat, le bois étant à peine perceptible. Particulier et très bon.

S, 866681, 29,40 $, ***1/2, $$$, 2007-2012.

* Vin correct

** Bon

*** Très bon

**** Excellent

***** Exceptionnel

1/2 Égale une 1/2 étoile

LA RÈGLE

> Plus d'étoiles que de $, le vin vaut largement son prix.

> Autant d'étoiles que de $, il vaut son prix.

> Moins d'étoiles que de $, il est cher ou même très cher.

> C indique qu'il s'agit d'un vin courant, vendu dans la plupart des succursales.

> S désigne les vins de spécialité, en vente uniquement dans un nombre limité de succursales.

> Le nombre d'années figurant après la note indique le potentiel de garde approximatif à partir de maintenant.

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Dégustés pour vous

Côtes du Rhône 2005 Domaine de la Maurelle. Fort joli Côtes du Rhône rouge, passablement coloré, au bouquet marqué par le Grenache (fruits rouges). Au plus moyennement corsé, c'est un vin au bon goût de fruit, velouté, peu tannique. À croire que 2005 est très réussi partout en Europe...

C, 540278, 15,55 $, ** 1/2, $ 1/2, 2007-2008.

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Minervois 2005 Marielle et Frédérique Château Tour boisée. La couleur, pourpre-prune, est soutenue, le bouquet ample, non boisé, avec de belles notes comme de framboises. Charnu, relativement corsé, ses saveurs sont... pimpantes, et les tannins bien enrobés. Un vin toujours égal à lui-même, et encore très bon en 2005. S, 896381, 17,15 $, ***, $$, 2007-2009.

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Côtes du Rhône 2003 Le Cros Domaine les Aphillanthes. Vin bien coloré, élaboré avec uniquement de la Syrah et élevé un an en fûts, son bouquet de fruits noirs est très Syrah, avec ses notes caractéristiques d'olives noires. Concentré, dense, plus généreux que distingué, il laisse dans l'après-goût des arômes un peu pâtisserie (le bois). Du sérieux...

S, 10678173, 26,80 $, *** 1/2, $$$, 207-2011 ?

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Mendoza 2004 Clos des Andes. Très beau vin rouge d'Argentine, produit par Hélène Garcin (Château Clos l'Église, de Pomerol), à la couleur soutenue, fait à 100 % de Malbec. Le bouquet, aux arômes de fruits rouges relevés de notes épicées-boisées discrètes, est de bonne amplitude quoique retenu pour l'instant. Nettement plus que moyennement corsé, ses tannins sont de qualité et bien enrobés. Une autre preuve du grand potentiel du Malbec d'Argentine. Mais, à noter que la distribution de ce vin (400 caisses) n'a pas encore commencé.

S, 10689921, 26,05 $, *** 1/2, $$$, 2007-2010.

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La recommandation de la semaine

L'Argentine n'a pas fini d'étonner, comme le montre le Mendoza 2004 Malbec Reserva Nieto Senetiner qui vient d'être inscrit au répertoire général. D'un pourpre-violacé quasi opaque, son bouquet, très large, profond, de fruits rouges bien mûrs avec aussi des nuances de fruits noirs, est cependant encore tout d'une pièce.

La bouche suit, dense, concentrée, corsée et même puissante, avec de l'éclat et des tannins bien enrobés. Mais, prudence, il faut aimer les vins très charpentés pour apprécier. Goûté sans en connaître le prix, j'ai estimé que ce vin, malgré son côté plutôt massif et unidimensionnel, devait coûter dans les 28 $. Enfin, sans doute l'ai-je noté un peu trop généreusement.

C, 10669883, 12,75 $, *** 1/2, $ 1/2, 2007-2012.