Une équipe de l'Université McGill vient de faire une découverte importante sur les personnes résistant au VIH-sida, qui ouvre la voie à une nouvelle façon de combattre le virus.

En étudiant une cohorte de patients exposés de façon répétée au VIH-sida mais non infectés, la Dre Nicole Bernard, du Centre universitaire de santé McGill, a découvert que ces patients possédaient une combinaison de deux gènes précis dans une proportion plus importante qu'un groupe de patients infectés par le virus.

«En voyant ces résultats, j'ai été un peu surprise, mais surprise d'une bonne manière», dit sobrement la Dre Bernard.

Le Dr Mark Wainberg, directeur du Centre sida de l'Université McGill à l'Hôpital général juif, est plus expansif: «C'est un travail exceptionnel, très important. Ça pourra nous aider à comprendre pourquoi certaines femmes en Afrique ne contractent pas le sida après avoir risqué d'être infectées par le virus peut-être 1000 fois.»

Hypothèse intéressante

Alors que 2,7% du groupe infecté par le VIH-sida possédaient les «bonnes» versions de deux gènes, cette proportion grimpait à 12,2% chez les patients non infectés.

On ne comprend pas encore très bien le mécanisme faisant en sorte que les détenteurs de ces deux versions de gènes résistent mieux que d'autres à une exposition au VIH.

L'hypothèse la plus probable est que les cellules porteuses de ces deux gènes détruiraient plus efficacement les cellules infectées juste après un contact avec le virus, réduisant d'autant les risques de contracter la maladie.

Les recherches menées par la Dre Bernard pourraient permettre le développement de médicaments ralentissant la progression de la maladie chez des sidéens, ou réduisant le risque de son éclosion: «Ça ouvre une nouvelle porte, dit-elle. En théorie, il devrait être possible de répliquer le comportement de ces deux gènes chez des personnes qui ne les ont pas.»

À quand le vaccin?

Un vaccin éliminant totalement la maladie n'est par contre pas pour demain, à en croire la Dre Bernard: «Le sida est une maladie différente d'il y a 10 ans, mais reste une maladie chronique qu'on soigne avec un cocktail de médicaments difficiles à prendre et pleins d'effets secondaires qui sont parfois mortels.»

«Il faudra encore au minimum 10 ans avant d'avoir un vaccin, et personne n'a le droit de promettre qu'il y en aura un», affirme le Dr Wainberg.