L'ail (Allium sativum) est reconnu comme une excellente source de composés organosulfurés: l'alliine, les diallylsulfides et l'allicine. Selon plusieurs études épidémiologiques et expérimentales, l'ail et ses composés pourraient aider à prévenir les maladies cardiovasculaires et certains types de cancer.

Voulant profiter de ses bienfaits, Sarah-Maya Cheminée met toujours beaucoup d'ail dans ses plats. Mais depuis un certains temps, elle remarque qu'elle le tolère moins bien. Elle éprouve parfois un resserrement au niveau de la gorge après en avoir consommé. Elle se demande si elle n'est pas devenue allergique.

Les allergies alimentaires sont souvent associées à une grande variété de symptômes. Ils peuvent être de type gastro-intestinal (nausées, vomissements, diarrhées, crampes abdominales), cutané (urticaire, eczéma, dermatite, oedème) ou respiratoire (asthme, oedème du larynx ou oedème généralisé nommé choc anaphylactique).

Considérant que l'ail est l'un des condiments les plus utilisés en cuisine partout dans le monde, il est surprenant de constater à quel point sa consommation ne provoque pas plus souvent l'apparition de symptômes d'allergie.

Les rares symptômes d'allergie à l'ail rapportés dans la littérature médicale sont la dermatite (inflammation de la peau), l'urticaire (éruption cutanée accompagnée de démangeaisons et d'une sensation de brûlure), la rhinite (inflammation aiguë de la muqueuse de la fosse nasale) et l'asthme.

Déclencheurs

Généralement, ce sont des protéines, présentes naturellement dans l'aliment, qui entraînent la réaction allergique. Au contact de l'allergène, le système immunitaire produit des anticorps (ou immunoglobulines E) qui vont déclencher les réactions allergiques.

La principale caractéristique de ces protéines est qu'elles ne sont pas dégradées par l'environnement acide de l'estomac, ni par les enzymes digestives intestinales. Elles sont donc absorbées telles quelles au niveau des intestins, où elles provoquent la réaction immunitaire.

Dans le cas de l'ail, des chercheurs taiwanais ont identifié et caractérisé la protéine de l'ail qui semblerait causer la réaction allergique: l'enzyme alliine lyase. Les tests cutanés ont démontré que cette protéine était capable d'entraîner une réponse d'hypersensibilité chez les patients allergiques à l'ail. Et que cette réaction mettait en cause les immunoglobulines E.

Cuit ou pas

Il est intéressant de savoir que certaines protéines allergènes, comme celles des fruits, perdent leur effet allergène pendant la cuisson.

D'autres sont résistantes à la chaleur, ce qui veut dire que leur pouvoir allergène persiste même après que l'aliment ait été chauffé ou cuit. Cela semble le cas avec l'ail. Selon une étude de cas publiée en 1998, une patiente allergique réagissait autant à l'ail frais qu'à l'ail cuit.

On confond souvent à tort intolérances et allergies alimentaires. L'allergie (ou hypersensibilité) est une réponse anormale ou exagérée du système immunitaire survenant à la suite de la consommation d'un aliment. Cette réaction, immédiate ou à retardement, peut être confirmée par des tests cutanés.

L'intolérance est aussi une réaction anormale découlant de l'ingestion d'un aliment ou d'un additif alimentaire, mais elle ne met pas en cause le système immunitaire. Les mécanismes déclencheurs sont pour la plupart méconnus et les tests objectifs pour le diagnostique n'existent pas encore.

Le meilleur moyen d'en avoir le coeur net, c'est de consulter un allergologue pour passer des tests.