Voici une question en apparence futile: qu'est-ce qu'un repas?À la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec (RACJ), il s'agit toutefois d'une question presque existentielle.

Pourquoi?

Parce que la réponse à cette question revêt une importance capitale pour les restaurateurs titulaires de permis d'alcool.

Vous avez peut-être remarqué, à Montréal et ailleurs, quelques nouveaux établissements, un peu traiteurs, un peu restaurants classiques, un peu bars à vin aussi, qui offrent du vin à la table avec un repas, mais aussi, c'est la nouveauté, un choix de bouteilles pour emporter. Pas des vins de dépanneur, des bouteilles d'importation privée choisies avec soin par des connaisseurs.

Quelques bonnes adresses dans le genre: Les Cavistes (4115, rue Saint-Denis), Bu (5245, boulevard Saint-Laurent), Les jardins du gastronome (945, rue Fleury Est), Le vin levain (7, place du Commerce, L'Île-des-Soeurs), Le Comptoir (1052, rue Lionel-Daunais, local 201, Boucherville).

Ces établissements offrent un menu de qualité, une bonne carte des vins, à la bouteille ou au verre, et aussi des mets pour emporter. Jusque-là, rien de bien original.

Ce qui détonne, toutefois, dans un marché dominé par le monopole de la SAQ, c'est qu'on peut aussi repartir de ces restaurants-traiteurs-boutiques avec une ou plusieurs bouteilles sous le bras.

Est-ce légal?

Oui et non, selon la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec (RACJ), l'organisme réglementaire en matière de vente d'alcool. En fait, nous nageons ici en pleine zone grise.

Selon la loi, vous avez parfaitement le droit d'entrer dans un restaurant, de commander un repas pour emporter et d'acheter, pour emporter aussi, une bouteille de vin sur la carte des vins. À condition que la bouteille soit timbrée, qu'elle ne soit pas débouchée et que vous la payiez au prix de la carte (pour service aux tables), donc beaucoup plus cher qu'au détail.

Dans le milieu de la restauration, c'est ce que l'on appelle la «loi Saint-Hubert».

En 2002, les rôtisseries Saint-Hubert avaient en effet obtenu une modification à la loi qui leur permettait de livrer du vin ou de la bière (ou de les vendre au comptoir) avec des repas, pour peu que l'on s'assure que le client a plus de 18 ans et que la livraison se fasse avant 23h. Et que le vin soit vendu au prix de la salle à manger.

Vous pouvez donc commander un club sandwich ou un quart-poitrine-frites-salade de chou avec une bouteille de vin, qui vous sera livrée à la maison.

Certains restaurateurs, profitant de la brèche Saint-Hubert, ont poussé le bouchon un peu plus loin, offrant, en plus des bouteilles sur la carte, une sélection de vins d'importation privée vendus dans un «espace-boutique», au prix de détail.

Vous pouvez soit acheter ces bouteilles avec un repas pour emporter ou, c'est là que ça se complique, après avoir mangé sur place.

Selon Réjean Thériault, porte-parole de la RACJ, cette deuxième option est carrément illégale. Sur le terrain, toutefois, un certain flou entre restaurateurs, RACJ, SAQ et police entoure ce genre de commerce pour le moment.

Quant à la première option (acheter du vin avec un repas pour emporter), c'est légal, mais il faut toutefois s'entendre sur ce qu'est un repas puisque c'est la condition pour repartir avec une bouteille.

La loi dit qu'un repas, c'est un «ensemble d'aliments suffisants pour constituer le repas d'une personne».

Soit, mais si pour vous, un repas, c'est trois bâtonnets de carotte et deux cubes de fromage avec une biscotte, l'État va-t-il se mettre à compter les calories dont vous avez vraiment besoin?

MOINS DE 20$

Billette, Bouquet de Provence Côtes de Provence rosé (SAQ 23465) 11,80$

Je vais vous faire une petite confession: la mode des rosés, au Québec, comme toutes les modes, me tape sur les nerfs. Marketing pur, qui permet à la SAQ de vous vendre de bien petits vins à 20$, alors que le rosé, par définition, c'est un vin de soif, sans prétention, qui devrait être bu dans le même esprit, à grandes lampées, les chaudes soirées d'été. Par esprit de contradiction, et parce que ce vin fait mon bonheur, j'ai donc adopté la Billette. Achetez-le à la caisse, chez SAQ-Dépôt, il revient à 10$ la bouteille.

Bouquet de Provence Billette Côtes de Provence rosé, Code SAQ : 00023465.