«Les années difficiles, les terroirs s'expriment mieux. Les années plus chaudes, comme 2009, plus faciles, l'effet terroir s'estompe un peu», signale Christophe Bouchard, directeur général de Bouchard Père&Fils, de Beaune.

Le mot, tiré du plus récent numéro de Cellier, lequel met l'accent sur la Bourgogne, me semble éminemment juste. Ceci, après avoir dégusté, à l'aveugle, les 17 bourgognes 2009 mis en vente les jeudis 15 et 22 septembre, à l'occasion de la parution de ce numéro.

Des 17 vins dégustés, 13 étaient des rouges et quatre des blancs.

En bref: les quatre blancs sont d'une qualité remarquable, même si ce ne sont pas des vins d'appellations prestigieuses, alors que les rouges m'ont semblé atypiques - le terroir et le cépage s'exprimant très peu, du moins pour l'instant.

Très colorés, quasi autant que des bordeaux dans certains cas, les rouges, charnus, denses, et bâtis pour la plupart tout d'un bloc (du moins ceux de ce lot), sont en effet marqués avant tout par des arômes de petits fruits noirs.

Alors que, normalement, ce sont essentiellement des arômes de petits fruits rouges qui dominent dans ces vins, comme ce fut le cas pour les bourgognes de ces très beaux millésimes que furent 2005 et 2002.

Autrement dit, les rouges, pour toutes ces raisons, m'ont semblé très difficiles à juger et même à apprécier.

À noter, enfin, que ce numéro de Cellier est à mon avis plus réussi que jamais et... à dévorer par les amoureux de la Bourgogne!

Finalement, je n'ai tenté d'évaluer le potentiel de garde que pour certains vins, et je n'en fais donc pas état.

Un lot additionnel de 13 autres bourgognes 2009 sera commercialisé le jeudi 29 septembre.

Bourgogne Aligoté 2009 Domaine Buisson-Charles, 22,85$ (11491722), *** 1/2, $$1/2.

Je croyais déguster un chablis premier cru... Non boisé, fin, équilibré, et d'une rare élégance, à la fois au nez et en bouche, ce vin blanc d'un cépage jugé secondaire est, en ce qui me concerne, le meilleur Bourgogne Aligoté que j'aie jamais dégusté. Et le meilleur rapport qualité-prix des 17 vins goûtés ce jour-là. 13% (124 caisses).

Montagny 1er cru 2009 Stéphane Aladame, 27,25$ (11472556), 1/2, $$$.

Son beau bouquet est marqué par une note minérale qui, encore là, rappelle les vins de Chablis. Vinifié et élevé en fûts (mais on ne le perçoit pas), distingué, plutôt léger, ses saveurs sont malgré tout bien mûres, très 2009. Délicieux. 13% (126 caisses).

Bourgogne 2009 Albert Grivault, 23,55$ (11 515 237), *** 1/2, $$ 1/2.

Boisé avec la plus grande retenue, tout au plus moyennement corsé, raffiné, ce bourgogne blanc pourrait de toute évidence en remontrer à des appellations beaucoup plus réputées. D'un domaine prestigieux de Meursault. 12,5% (100 caisses).

Bourgogne 2009 Domaine Philippe Charlopin, 29,80$ (11494464), *** 1/2, $$$ 1/2.

Un peu plus ample que celui d'Albert Grivault, pourvu d'un boisé qui reste discret et bien marié à l'ensemble, ce bourgogne blanc est lui aussi d'un niveau supérieur à ce qu'on attend de son appellation. 13% (150 caisses).

Maranges 2009 Lucien Muzard

Très coloré, son bouquet est volumineux, tout d'une pièce, dominé par les fruits noirs, avec aussi une note fumée (le bois). Suit une bouche dense, tannique, et, comme l'annonce le bouquet, monolithique. 13% (124 caisses).

Savigny-les-Beaune 2009 Domaine Pavelot, 31,25$ (11 490 404), ***, $$$ 1/2.

Moins coloré que la plupart, son bouquet est marqué avant tout par les petits fruits rouges. La bouche suit, de corps moyen, avec un bon goût de fruit, sur des tannins bien enrobés, aimables. Déjà savoureux. 13% (125 caisses).

Charmes-Chambertin 2009 Philippe Charlopin, 172,75$ (11494317), ****, $$$$$.

Goûté à l'aveugle comme tous les autres, ce vin d'une couleur passablement soutenue, au bouquet très ample et au boisé à l'heure actuelle insistant, brille avant tout, pour l'instant, au plan gustatif. Serré, généreux, harmonieux, je croyais déguster un Bonnes Mares. Sera de toute évidence de très bonne garde. Excellent. À Signature depuis le 22 septembre. 13,5% (12 caisses).

Sonoma Coast 2008 La Neblina Radio-Coteau, 55,25$ (10921479), ****, $$$$1/2.

Cette fois, je pensais avoir affaire à un vin de Vosne-Romanée... Dégusté après le Charmes-Chambertin, le bouquet de ce vin de Californie est très épicé (le bois), la bouche charnue, équilibrée, et bâtie sur de beaux tannins bien ronds. L'ai-je noté trop généreusement? Peut-être... 14,4% (100 caisses).

Petit Chablis 2009 Louis Moreau, 18,50$ (11035479), ***, $$, 2011-2013.

Non boisé, net au nez et en bouche, ce Petit Chablis, aux nuances un peu minérales, se présente avec une bouche d'une bonne ampleur, avec quelque chose de gras et de bien mûr, qui montre bien qu'il s'agit d'un 2009. Déjà en vente, et non pas commercialisé à l'occasion de la parution du dernier numéro de Cellier. 12% (182 caisses).