Le bon viticulteur et l'artiste ont beaucoup en commun.

Entre autres, et c'est capital, ils prêtent tous deux une attention particulière, quasi maniaque, au moindre détail, car c'est ainsi que naissent les grandes oeuvres, comme les vins de qualité.

Car il suffit de peu de choses pour déparer un vin.

Des raisins mal triés et mis à fermenter avec des feuilles ou une certaine quantité de raisins pourris (ou... des limaces!), des fruits transportés sans soin et à moitié écrasés pendant le transport (ce qui entraîne leur oxydation et risque d'altérer la netteté du vin), un chai plus ou moins propre, des barriques mal nettoyées - c'est ce genre de fautes qu'évite comme la peste le viticulteur consciencieux.

Et, que le millésime soit exceptionnel ou moyen, celui-ci, par ses soins, réussit immanquablement - à moins d'une catastrophe naturelle toujours possible - à élaborer un vin au fruité pur, exemplaire.

Jérôme Mathon, de l'appellation Brouilly, dans le Beaujolais, et dont on trouve en ce moment sur le marché le Brouilly 2008 Vieilles Vignes (voir plus bas), en est un bon exemple. Plus soigneux que lui, tu meurs!

Aucun engrais de synthèse, mais plutôt un engrais bio «d'extraits d'algues brunes», un boisé éminemment discret, «le côté boisé n'étant pas recherché, car il masque la typicité du cru s'il est mal intégré au vin», écrit-il ainsi dans Mon éthique vigneronne, un texte de deux pages dont il accompagne sa fiche technique.

Jean Gardiés, des Côtes du Roussillon, et dont j'ai eu le plaisir de visiter les installations il y a quelques années - avec des collègues d'ici - compte également parmi ces viticulteurs dont les vins se signalent par leur qualité irréprochable et constante (voir aussi plus bas).

Brouilly 2008 Vieilles Vignes JĂ©rĂ´me Mathon, 20,65$ (10 387 270), ***,$$1/2, 2011-2012.

Propriétaire de 1,66 hectare de vignes dans l'appellation Brouilly, Jérôme Mathon y produit, entre autres, cette cuvée «vieilles vignes», dont une partie (30%) est élevée en fûts. Beaujolais hors normes, son beau bouquet de fruits rouges, très discrètement boisé, fait beaucoup plus bourgogne rouge que beaujolais. Peu corsé, légèrement tannique, souple, son fruité est pur, et il surpasse des bourgognes rouges plus chers. À découvrir. 12,5% (159 caisses)

CĂ´tes du Roussillon 2009 Mas Las Cabes, 16,30$ (11 096 159), *** 1/2,$$, 2011-2014.

D'un domaine appartenant aux Gardiés depuis 1990, ce vin en porte la signature. Beaucoup de couleur, un généreux bouquet de fruits noirs, plein d'éclat, une bouche bien en chair, dense, corsée, sur des tannins gras - c'est du Jean Gardiés tout craché! Savoureux. 60% Syrah, 30% Grenache et 10% Carignan, avec élevage en fûts pour la moitié de la cuvée. 14,5% (66 caisses)

Central Otago 2009 Pinot Noir Roaring Meg, 25,40$ (10 383 762), ***,$$$, 2011-2014?

Est-ce une question de climat, de clones, ou est-ce... leur philosophie viticole? Toujours est-il que la Nouvelle-Zélande a l'art d'élaborer des vins de Pinot noir typés, nuancés, à dominante de petits fruits noirs, immanquablement élevés en fûts de chêne français, et puis tendres, charmeurs. Tel celui-ci. 13,5% (60 caisses)

Tasmania 2009 Pinot Noir South, 24,60$ (10 947 951), ***,$$$, 2011-2013?

L'Australie produit elle aussi de bons vins de Pinot noir, dont celui-ci, au bouquet de fruits rouges, avec des notes comme de prunes. Vin moyennement corsé, souple, non boisé, il est tout en fruit. Savoureux. 13,5% (171 caisses)

Vin de Glace 2008 Vignoble du Marathonien, 50$ la demie, *** 1/2,$$$$$, 2011-2015?

D'une couleur vieil or, ce vin de glace du Québec, de Vidal, de Line et Jean Joly, tous deux passionnés, se présente avec un bouquet expressif, intense, de fruits confits. Et la bouche suit, opulente, bien sucrée, quoique sans excès. Avec le foie gras, en digestif, sur des fromages, etc. En vente au vignoble, non loin de Montréal (www.marathonien.qc.ca). 9,9% d'alcool

Châteauneuf-du-Pape 2008 Domaine de la Vieille Julienne, 65,25$ (11 171 235), *** 1/2,$$$$ 1/2, 2011-2014?

Quoique 2008 ait été un millésime moyen pour le sud de la vallée du Rhône, le propriétaire de ce domaine, Jean-Paul Daumen, a réussi son vin. Bien coloré pour l'appellation, le bouquet, dominé par le Grenache (70%), brille par la netteté du fruit, ce qu'on retrouve en bouche. Des tannins, mais sans rugosité, des saveurs franches, de l'éclat - tout y est, sans que l'alcool soit dérangeant. 15% (39 caisses)