Les ventes d'alcool au marché noir, notamment frelaté, explosent en Russie, conséquence des hausses des prix des boissons légales qui ont été décrétées pour lutter contre l'alcoolisme, se sont inquiétées vendredi les autorités russes.

«Le développement de la production d'alcool maison constitue l'un des signes les plus frappants du fait que la population n'est pas prête à payer un prix élevé pour de l'alcool», a expliqué Igor Tchouïan, directeur de l'agence publique Rosalkogol, cité par l'agence Interfax consacré au sujet.

Selon lui, les ventes de «samogon», la vodka faite maison, ont été multipliées par trois ou quatre en 2014, alors que les ventes légales de vodka ont chuté de 14,4 %.

«Il s'agit de poison avec lequel des producteurs sans vergogne continuent d'empoisonner la population», a dénoncé le vice-premier ministre Alexandre Khloponine, estimant que les sanctions devaient être durcies.

Ce responsable a dénoncé de son côté la progression du marché noir de l'alcool: la production a été selon lui l'an dernier 22,5 % supérieure aux ventes légales, contre seulement 7,3 % en 2013, une hausse du surplus de production qui montre selon lui que «malheureusement le marché noir est en croissance».

La vodka a vu son prix fortement augmenter ces dernières années, les autorités cherchant à lutter contre l'alcoolisme et à réguler ce marché. Mais des signes de plus en plus nombreux indiquent que le phénomène conduit à une progression de la consommation d'alcool frelaté, d'autant plus que la crise monétaire récente a fait flamber les prix et fondre le pouvoir d'achat des Russes, plus regardants sur les étiquettes.

En décembre dernier, Vladimir Poutine a mis en garde contre les effets pervers des hausses de prix.

«Les hausses de prix sur les boissons alcoolisées ne mènent qu'à des augmentations de la consommation des alcools frelatés», a mis en garde le chef de l'État.

Quelques jours après, les droits d'accises sur la vodka ont été baissés de 16 % et le prix minimum de vente de 5 %.

Un responsable de la marque Russki Standard, Igor Kossarev, a récemment évalué à 60 % la part de la vodka frelatée dans la consommation, évoquant une hausse de la consommation de 15 % en un an et demi.

La production de vodka «légale», en revanche, est en chute. Quelque 666 millions de litres ont été produits l'an dernier, soit 22,3 % de moins qu'en 2013, selon le service des statistiques Rosstat. La tendance s'est aggravée en fin d'année puisque la production en décembre est en chute de près de 47 %.