Plusieurs Québécois ont sursauté cette semaine en apprenant que la SAQ vend des bouteilles sans indiquer que le vin qu'elles contiennent a été importé dans d'immenses contenants... avant d'être embouteillé ici. Certains de ces vins sont parmi les plus vendus dans la province. La pratique n'est pourtant pas nouvelle, soulignent les experts avec lesquels on a pris contact ces derniers jours. Ils reprochent toutefois à la société d'État de ne pas l'indiquer.

Le porte-parole de la SAQ, Renaud Dugas, explique que le monopole a toujours vendu du vin en vrac sur ses tablettes. La société d'État en a elle-même embouteillé entre 1999 et 2006 dans ses usines de Montréal et de Saint-Hyacinthe par l'entremise de son entreprise Maison des Futailles.

Lorsqu'elle s'est départie de ses usines en 2006, elle a entamé du même coup une transformation de son image. Elle a entrepris la formation de ses conseillers en vin et a lancé le magazine spécialisé Cellier.

Pas faciles à repérer

«Les gens pensaient que les vins en vrac étaient seulement vendus dans les dépanneurs et dans les épiceries, dit le rédacteur en chef du site Vinquébec.com, Marc André Gagnon, et que dans les SAQ, il y avait les vins embouteillés au domaine - les meilleurs vins. Ils réalisent maintenant que ce n'est pas le cas.»

Il n'est d'ailleurs pas facile de repérer les vins en vrac vendus à la SAQ. Contrairement aux dépanneurs et aux épiceries, la société d'État n'est pas tenue d'inscrire le lieu d'embouteillage sur ses étiquettes. Les fiches de ces vins, publiées sur son site internet, n'en font pas mention non plus.

Les consommateurs doivent donc chercher la mention «mis en bouteille au château», «mis en bouteille au domaine» ou «mis en bouteille à la propriété». On peut retrouver ces indications sur l'étiquette ou sur le bouchon. Malheureusement, ce ne sont pas tous les producteurs qui le précisent. Il faut savoir aussi que les viniers - ou vins en boîte - sont presque tous ensachés ici.

Plus de transparence

La société d'État avait publié l'an dernier une liste des vins en vrac qu'elle commercialise. Elle a mis la liste à jour cette semaine dans la foulée de la controverse.

Son porte-parole M. Dugas ajoute que la SAQ envisage maintenant de spécifier plus clairement quels sont ces vins, sans toutefois préciser quand et comment ces mesures pourraient être appliquées.

À l'heure où les vignerons rendent publique une foule de renseignements sur leurs étiquettes et sur leur site internet (date de la vendange et de la mise en bouteille, type de levures utilisées, filtration et collage), les experts et les consommateurs exigent plus de transparence de la SAQ.

«Si le vin est embouteillé au Québec, la SAQ doit le dire», ajoute M. Gagnon.