Son cas avait ébranlé le monde du vin: un viticulteur bio de Côte-d'Or, condamné en avril à une amende pour avoir refusé de traiter ses vignes contre une maladie, la flavescence dorée, comparaît mercredi devant la cour d'appel de Dijon.

Il encourt une peine de six mois d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende.

Érigé en symbole par certains écologistes, Emmanuel Giboulot, qui pratique la biodynamie depuis les années 1970 sur ses parcelles, avait été condamné par le tribunal correctionnel de Dijon à une amende de 1000 euros, dont la moitié avec sursis. Dès l'annonce de sa condamnation, il avait annoncé qu'il ferait appel.

L'affaire avait débuté au printemps 2013 avec la découverte de foyers de flavescence dorée - maladie mortelle pour la vigne véhiculée par un insecte, la cicadelle - près de Beaune, qui avait conduit le préfet à imposer de traiter tous les vignobles du département.

Mais Emmanuel Giboulot avait refusé de traiter les dix hectares qu'il exploite en Côte-de-Beaune et Haute-Côte-de-Nuits. Même à la pyréthrine, pesticide naturel autorisé dans la filière bio. Après un contrôle en juillet de la Direction régionale de l'agriculture, il avait été convoqué devant la justice.

Appuyé par un comité de soutien, qui comme lors des précédentes audiences a prévu de se réunir mercredi devant la cour d'appel, M. Giboulot a cependant suscité la polémique dans la profession, dont les instances se sont désolidarisées de lui.

Le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne avait rappelé en avril «qu'à ce jour, il n'existe, hélas, aucune alternative pour lutter contre cette maladie très épidémique et mortelle pour la vigne», assurant que «la volonté de l'ensemble des acteurs impliqués (était) de réduire au minimum le nombre de traitements insecticides, ainsi que la surface concernée».

Apparue en 1949 en Armagnac (sud-ouest), la flavescence dorée touche presque tout le vignoble français, après s'être fortement développée depuis une dizaine d'années, selon les autorités sanitaires. Un important foyer avait été découvert en Saône-et-Loire en 2011, entraînant en Bourgogne l'arrachage de 11 hectares de vignes en 2012, puis de 0,2 ha en 2013.