Le prix élevé du vin et la morosité économique ne freinent pas l'engouement des consommateurs au Canada. Une enquête menée pour le compte du salon des vins et spiritueux Vinexpo confirme que les ventes continuent leur essor au pays. Et c'est toujours le rouge qui a la cote.

Il s'est vendu pour 5 milliards de dollars de vin au Canada l'an dernier. Selon les chiffres divulgués par Vinexpo, la consommation au pays augmentera trois fois plus vite que la moyenne mondiale au cours des trois prochaines années, pour atteindre une valeur avoisinant les 6 milliards.

Si les prédictions de l'étude s'avèrent exactes, le Canada sera le 5e marché mondial de vin, en terme de croissance de la consommation, derrière la Chine, les États-Unis, la Russie et l'Allemagne.

«Vous ne buvez pas beaucoup. Alors, vous augmentez plus vite que la moyenne mondiale, 34% d'ici 2016 pour le Canada, contre 10% dans le monde», explique le directeur général du salon Vinexpo, Robert Beynat, rencontré cette semaine à Montréal.

Les prix beaucoup plus élevés au Canada n'entament pas l'enthousiasme des consommateurs, selon l'étude menée par l'Institut anglais de recherche sur les vins et spiritueux (IWSR) pour le compte du salon Vinexpo.

«Vous êtes un des pays dans le monde où on ne trouve pas de vin à moins de 5$ la bouteille, dit M. Beynat. C'est rare, car dans le reste du monde, 69% des vins consommés sont payés moins de 5$ la bouteille.»

Selon l'étude, 70% des vins consommés au Canada coûtent plus de 10$ la bouteille. Cette tendance n'est pas près de changer. On prévoit une croissance de 31% des ventes dans cette catégorie d'ici 2016.

Les taxes sont la principale raison pour laquelle le prix des bouteilles est plus élevé au Canada, indique M. Beynat. Il considère cependant que les sociétés d'État instaurées dans plusieurs provinces contribuent, par leurs réseaux de distribution et leur mise en marché efficaces, à l'augmentation de la consommation au pays.

Le Canada voit rouge

Dans le reste du pays, comme au Québec, on préfère le vin rouge. Il constitue plus de 60% des ventes.

L'étude constate par ailleurs que le rosé est en forte progression. Les ventes ont augmenté de 38% depuis 2007, dépassant la croissance de tous les autres vins. Cette boisson devrait continuer son ascension dans les prochaines années.

«Le rosé, c'est une mode au Canada et partout dans le vin, ajoute M. Beynat. Ça coïncide avec l'amélioration de la qualité, et ce dans tous les vignobles du monde.»

Le directeur général de Vinexpo constate également que le Canada est un marché de choix pour les producteurs de mousseux. Bien que la consommation de vins effervescents soit faible au pays, leurs ventes augmentent deux fois plus rapidement que la moyenne mondiale.

M. Beynat révèle également que l'Italie est maintenant le premier fournisseur de vin au Canada, détrônant ainsi la France. Il nuance cependant cette donnée, car les vins français restent premiers pour la valeur des ventes.

La vodka règne

L'étude de Vinexpo se penche enfin sur la consommation de spiritueux au pays. M. Beynat résume ce marché en un mot : vodka.

«C'est le spiritueux numéro un au Canada et dans le reste du monde, constate-t-il. C'est facile à produire. C'est un produit industriel qui ne nécessite pas de vieillissement et pour lequel le côté marketing est très important.»

La consommation des spiritueux continue de croître au pays. Et les Canadiens achètent de plus en plus d'alcools forts importés.

Ces alcools forts sont toutefois moins en demande au Québec. Le dernier rapport annuel de la Société des alcools du Québec (SAQ) indique que ce sont les liqueurs, comme les crèmes alcoolisées, qui dominent le marché des spiritueux ici.

Vinexpo, le plus grand salon des vins et des spiritueux ouvrira ses portes du 16 au 23 juin prochain à Bordeaux. Plus de 2400 exposants provenant de 47 pays sont attendus.

Trois tendances mondiales

Selon Robert Beynat, du salon Vinexpo

- Le monde a continué de boire malgré la récession. Le marché a progressé moins vite, mais il a progressé.

- De plus en plus de pays boivent du vin. L'Inde par exemple s'y intéresse désormais.

- Les consommateurs paient de plus en plus cher leurs vins.