Les viticulteurs argentins accusent le coup: les ventes à l'export baissent en raison d'une inflation galopante et d'un taux de change prohibitif, mais ils ont conservé leur rang de 10e exportateur mondial en misant sur l'excellence.

Après des années de hausse, les ventes à l'étranger ont commencé à chuter en 2013. En 2014, si le volume des ventes était en baisse de 16,62%, le revenu des exportations n'a diminué que de 4,47%, selon l'Institut national de viticulture (INV).

En Argentine, 5e producteur mondial, reconnu pour son rouge Malbec et son blanc Torrontès, les producteurs de vin souffrent d'une hausse des prix de 23,9% en 2014 selon l'indice officiel (de 30 à 40% selon les instituts privés) qui rend la main d'oeuvre plus coûteuse.

Ils se plaignent également d'un peso surévalué par rapport au dollar, ce qui renchérit le prix du Malbec.

Le Français John du Monceau, propriétaire de la Bodega Atamisque, domaine situé au pied des Andes, explique qu'il est obligé d'ajuster ses tarifs sur les prix du marché mondial.

«Je ne peux donc pas compenser l'inflation, qui est le gros problème en Argentine», dit-il.

Les exploitants argentins ont donc choisi de renforcer leur positionnement sur les vins de 15 euros et plus.

«Nous nous sommes petit à petit orientés vers des produits plus haut de gamme, des vins premium, ce qui nous a permis de survivre jusqu'ici», affirme Maximiliano Hernandez Toso, gérant du domaine Huarpe Wines, né en 2003 dans la province de Mendoza.

Des vins plus chers

«Depuis le début des années 1990, notre défi a été de parvenir à ce que les vins argentins soient aussi reconnus dans le segment des vins les plus chers, vendus a partir de 20 $», affirme Cecilia Razquin, directrice des exportations de la Bodega Catena Zapata, un des plus grands domaines d'Argentine.

«Nous ne pouvons pas concurrencer les autres pays dans la catégorie des vins à 10 $, segment où il est le plus facile de produire en grande quantité. Cela nous empêche de nous développer, alors que nous avions des projets de croissance ambitieux», regrette Maximiliano Hernandez Toso.

«Il y a trois ans, l'Argentine était compétitive pour les vins à 10 $. Aujourd'hui, l'industrie argentine est plus compétitive sur les vins à 15 $», remarque-t-il.

Selon les données de l'INV, ce sont les exportations des vins les moins chers qui ont été le plus affectées, perdant de 30 à 63%, alors que les exportations de vins de cépage ont augmenté (+5,23%), tout comme les ventes de vins pétillants ou mousseux (+10,13%).

Dans la région de Mendoza, au pied de la cordillère des Andes, les vignobles font partie du paysage depuis des siècles. La production artisanale de vin y a été importée au XVIe siècle pour produire du vin de messe et la viticulture a connu son essor à la fin du XIXe siècle.

L'industrie vinicole a fait de la province de Mendoza - et de ses voisines San Juan et La Rioja - des régions prospères, et a rendu célèbre le cépage Malbec: «40% des vins exportés par l'Argentine sont des Malbec», note Mario Giordano, gérant de Wines of Argentina, l'organisation qui promeut les vins argentins à l'international.

L'activité s'est étendue à d'autres provinces, comme Catamarca ou Salta, plus au Nord. Ce qui vaut à l'Argentine de camper la place de 5e productrice mondiale de vins et mouts.

«Certes, il y a de bons Malbec en Californie, au Chili... mais on est loin de la qualité et de la quantité de ceux que l'on produit en Argentine», assure Mario Giordan.