L'un des tout premiers salons au monde des vins et spiritueux, Vinexpo, qui ouvre dimanche son édition 2013 à Bordeaux, est le carrefour professionnel d'une filière qui vient prendre le pouls des marchés, tendances et perspectives de consommation.

La France boit, mais la soif est ailleurs

La France reste le premier pays consommateur de vin par habitant (52 litres par an en 2012), mais boit de moins en moins (six litres de moins qu'en 2007). Comme d'ailleurs l'Italie, 2e buveur (51 litres/habitant/an). Loin, loin devant les États-Unis, pourtant le 1er marché mondial (13 litres par habitant), et la Chine, le plus prometteur (1,4 litre). La croissance de la consommation des Chinois? + 133 % depuis quatre ans.

É.-U., 1ère puissance

En volume global, les États-Unis sont redevenus en 2011 le premier marché mondial, avec 317 millions de caisses, doublant la France (303) et l'Italie (303), un écart qui s'est encore creusé en 2012 (333 millions contre 300). Mais ce que la planète vins observe surtout, ce sont les perspectives de croissance des marchés: les États-Unis (+12% prévus entre 2012 et 2016), le Canada (+14,5%), la Russie (+17,5%), seront l'objet des convoitises. Nul plus que la Chine (+39% escomptés).

Qui produit boira

France (523 millions de caisses par an), Italie (501) et Espagne (447) restent solides trio de tête des producteurs, devant les États-Unis (370). Mais ces pays devraient voir leur production stagner ou reculer, alors que les perspectives les plus fortes sont du côté du Chili (7e producteur, mais + 31% de croissance prévue d'ici 2016) et de la Chine (8e, + 62% prévus). Pas forcément une mauvaise nouvelle pour l'exportateur français: «Une production en croissance en Chine fabrique du consommateur potentiel. Or dans sa culture vinique, un consommateur ne cessera jamais d'évoluer vers le haut... et finira en France», estime le président de Vinexpo, Xavier de Eizaguirre.

La vie en rosé

Le rosé a le vent en poupe, tant en France que dans le monde. Dans l'hexagone, sa consommation a augmenté de 12% en volume sur quatre ans, et il est le 2e vin le plus bu (27%) derrière le rouge (57%), mais devant le blanc (16%). Au niveau mondial, il reste, avec 9,2%, loin derrière le rouge (55%) et le blanc (34,7%), mais avec de belles percées, comme aux États-Unis. Jouent en faveur du rosé: une qualité en amélioration constante, et une réponse aux attentes de fraîcheur, de légèreté d'un consommateur privilégiant des repas moins structurés.

Consommation «explosée»

Les tendances de la distribution et de la consommation, qu'une étude Vinexpo doit décrypter à Bordeaux, font apparaître une commercialisation de plus en plus explosée, fragmentée. Avec une multitude de magasins spécialisés, cavistes, bars à vins ou ultra-niches, qui répondent à une clientèle devenue plus sophistiquée. Celle-ci recherche à la fois le conseil, le risque réduit, mais aussi l'achat d'impulsion avec un vin mis en scène, théâtralisé, ou rendu attractif (Foires aux Vins). En Asie, ce sont les ventes par internet qui affichent les plus belles progressions.

Cognac, Bordeaux, Champagne, vedettes à l'export

Les exportations françaises de vins et spiritueux ont atteint un nouveau record en 2012, avec 11,1 milliards de chiffre d'affaires, «2e poste excédentaire après l'aéronautique», aime à rappeler la Fédération des Exportateurs (FEVS). Cognac (22% des exportations en valeur), Bordeaux (21%) et Champagne (21%) se taillent la part du lion. Avec le Bourgogne (7%) ces appellations représentent 70% du total.