Belle initiative que celle de la SAQ, qui profite du prétexte des Jeux olympiques de Vancouver pour lancer une opération «vins de Colombie-Britannique» au Québec.

Il était temps. Ça fait longtemps que j'espère (et je ne suis pas le seul) une telle ouverture de notre société d'État sur ce terroir prometteur.

 

Je fréquente la Colombie-Britannique assidûment depuis une vingtaine d'années. J'ai donc été aux premières loges pour assister à l'évolution des vins de ce coin de pays. La vallée de l'Okanagan a attiré depuis deux ou trois décennies des producteurs audacieux qui ne s'y sont pas trompés.

Il y a un moment que je vous vante, dans cette chronique, les mérites de l'Osoyoos Larose, un assemblage typiquement bordelais, né il y a près de 10 ans d'un mariage franco-canadien.

Celui-là est bon, année après année, mais il y a tellement plus à découvrir en Colombie-Britannique, un terroir qui peut donner d'excellents pinots noirs, comme du merlot, du cabernet sauvignon et, en blanc, du chardonnay et du riesling.

Comme le disait un certain capitaine dans mes lointaines années d'enfance, les sceptiques seront confondus. Signe que ce terroir frappe à la porte des grandes ligues, des revues spécialisées comme Wine Spectator ou Wine Advocate (de Robert Parker) s'y intéressent de plus en plus fréquemment. On peut critiquer ces revues et leur influence démesurée sur le marché du vin, mais le fait est qu'elles sont incontournables, comme les étoiles Michelin le sont à l'industrie de la restauration française.

Il y a plusieurs mois que la SAQ préparait cette opération «olympique» et il faut reconnaître ses efforts pour dénicher une belle sélection d'une vingtaine de produits, auprès de maisons qui produisent peu et vendent généralement toute leur production à l'avance. Une foule de très bons vins de Colombie-Britannique ne touchent jamais une tablette chez un détaillant puisqu'ils sont réservés par des restaurateurs de Vancouver ou vendus au chai à de fidèles amateurs.

Les quantités obtenues par la SAQ jouent entre 300 et 6000 bouteilles, ce qui donne une idée de la rareté.

Que la SAQ ait obtenu, par exemple, un chardonnay de la maison Burrowing Owl relève pratiquement de l'exploit. Cette maison est un haut lieu de pèlerinage pour les amateurs de vin de partout en Colombie-Britannique, qui sont prêts à faire des centaines de kilomètres pour mettre la main sur quelques bouteilles chaque année (voir suggestion pour le chardonnay, mais leur cabernet-sauvignon, malheureusement introuvable ici, reste leur porte-étendard).

Les autres vins viennent de maisons établies, connues et respectées depuis des années qui se classent parmi les grands producteurs de la Colombie-Britannique: Jackson Triggs, Mission Hill, Sumac Ridge, Laughing Stock, Quails' Gate, Le Vieux Pin, Township 7, NK' MIP Cellars, See Ya Later Ranch et Joie.

Les prix se situent, grosso modo, entre 20 et 60$, ce qui constitue en soi un test sur le marché québécois. Les amateurs d'ici, curieux de nature, seront-ils néanmoins aventureux au point de mettre 50$ sur un vin de Colombie-Britannique? Chose certaine, une telle opération aurait été parfaitement impensable il y a quelques années à peine, ce qui dénote déjà une ouverture aux vins canadiens.

vincent.marissal@lapresse.ca

 

La recommandation de la semaine de Jacques Benoît

Monferrato 2007 La Vespa Michele Chiarlo

Vin rouge du Piémont, fait surtout de Barbera (50%), que complètent 30% de Merlot et 20% de Cabernet Sauvignon, et élevé en fûts de chêne français dont 20% de fûts neufs, son bouquet de bonne amplitude est marqué par des notes empyreumatiques (le bois) et aussi de tabac, de sorte qu'on reconnaît assez bien le Barbera. La bouche est solide, relativement corsée, sur des tannins fermes, quoique sans rugosité. Sérieux, et à prix correct.

17,80 $ (11184976), ***, $$, 2010-2015 ?

 

PLUS DE 20$

Chardonnay Burrowing Owl VQA Okanagan Valley,

Canada [Blanc] 2007 (Code SAQ: 11264642) : 33,75$ Vrai, c'est cher, et je ne peux garantir qu'il restera de ce vin dans les succursales au moment où vous lirez ces lignes. Mais il s'agit d'un exemple tout en finesse de ce que la Colombie-Britannique peut donner de meilleur en blanc. (Au fait, j'ai payé ce vin 28$ à Vancouver l'automne dernier...)