Les viticulteurs n'aiment pas du tout (c'est un euphémisme!) qu'on compare les millésimes entre eux.

On peut les comprendre: si le millésime est moyen, et qu'on le compare à un précédent millésime tout aussi moyen, cela risque d'en rendre la commercialisation plus difficile.

«Chaque millésime est unique», vous répètent-ils... avec des regards furibonds quand vous leur demandez à quel autre millésime comparer le plus récent.

 

N'empêche, cet exercice est on ne peut plus utile, car il permet, instantanément, d'avoir une bonne idée du niveau qualitatif d'un millésime donné.

Ainsi, avec quel autre millésime comparer, pour les bordeaux rouges, le millésime 2006, dont la SAQ a mis en vente simultanément, il y a deux jours, 25 vins différents?

Personnellement, après avoir dégusté à l'aveugle ces 25 vins, je dirais que 2006 se situe quelque part entre 2002 et 2001. Les vins sont dans l'ensemble un peu plus réussis que les 2002, m'a-t-il semblé, mais sans avoir la concentration et, surtout, l'homogénéité des 2001, millésime dont on s'aperçoit aujourd'hui qu'il a donné des vins d'une régularité et d'un classicisme exemplaires.

Bref, s'il fallait maintenant attribuer une note, sur 20, à ces trois millésimes, je les classerais, quant à moi, dans l'ordre suivant: 17 sur 20 à 2001, 15 à 2006 et 14 à 2002.

Chose à noter: certains deuxièmes vins de 2006 (de jeunes vignes), pourtant très chers, dont le Margaux Pavillon Rouge (85,95 $) et Les Pagodes de Cos (59,95 $), très boisés, sont inférieurs du moins à mon sens à des crus bourgeois beaucoup moins chers...

Voici donc de courtes descriptions des sept vins qui m'ont paru offrir les meilleurs rapports qualité-prix, en allant des moins chers aux plus chers. (Tous les autres sont commentés, par ordre de prix, à l'adresse cyberpresse.ca/benoit).

Enfin, seul le degré alcoolique est indiqué, mais non le potentiel de garde que j'ai tenté d'évaluer dans un certain nombre de cas seulement, lequel peut jouer sans doute entre deux et sept ans environ, à partir d'aujourd'hui.

> Haut-Médoc 2006 Château Beaumont, 19,95 $ (10826789), *** 1/2, $$. Vin bien en chair, plus que moyennement corsé, aux tannins de qualité et au boisé bien dosé, tout cela lui donnant une texture veloutée. Le meilleur rapport qualité-prix des 25 vins, du moins à mon avis. 12,5 % (100 caisses).

> Médoc 2006 Château d'Escurac, 25,95 $ (10849825), *** 1/2, $$$. Bouquet charmeur, de fruits rouges, ample, c'est un vin un peu plus concentré et corsé que le précédent, avec lui aussi de beaux tannins. 13,5 % (200 caisses).

> Haut-Médoc 2006 Château d'Agassac, 33,25 $ (10833858), *** 1/2, $$$ 1/2. Quasi opaque, son bouquet est très mûr, bien épicé (le bois). Suit une bouche dense, tannique, avec un bon goût de fruit. Plus corsé que les deux précédents, il m'a semblé moins fin, cependant. Très bon quand même. 13,5 % (600 caisses).

> Pauillac 2006 Château Haut-Bages Libéral, 45,95 $ (10849884), *** 1/2, $$$$. Cru classé, et 19e vin goûté, c'était ma plus haute note jusque-là, soit (et je notais bas...), 17,5 sur 20 pour mon usage personnel. Vin très coloré, son bouquet se présente avec des notes fines de mine de crayon (le bois). Du corps, de la chair, des tannins gras. Impeccable. 13 % (189 caisses).

> Saint-Estèphe 2006 La Dame de Montrose, 48,75 $ (10860021), *** 1/2, $$$$. Deuxième vin du Château Montrose, et noté aussi bien que le précédent, c'est un vin qui brille par la distinction de son bouquet, son élégance en bouche, la qualité de ses tannins. Un des meilleurs deuxièmes vins. 13 % (131 caisses).

> Pessac-Léognan 2006 Château Larrivet-Brion, 49,95 $ (10849569), *** 1/2, $$$$. Un peu moins ample et concentré que Haut-Bages Libéral, son bouquet de fruits rouges bien mûrs est alléchant. La bouche suit, d'une assez bonne concentration, avec des tannins bien enrobés et des arômes un peu fumés (le bois) dans l'après-goût. 12,5 % (100 caisses).

La recommandation de la semaine

Cahors 2007 Clos La Coutale Vin rouge fait de 80 % de Malbec et 20 % de Merlot, avec élevage en fûts pour la moitié de la cuvée, et en foudres pour l'autre moitié. Bien coloré, il se présente avec un bouquet de bon volume, de fruits noirs et relevé de notes épicées (le bois). Ne manquant pas de corps, charnu, ses tannins sont un peu rudes, le tout donnant un Cahors un brin rustique, qui s'accommodera très bien d'une viande rouge. Fort bon, et à prix correct. (Offert aussi en magnums et en demi-bouteilles.

13,1 % (387 caisses). 15,25 $ (857177), ** 1/2, $ 1/2, 2010-2015.