Le beaujolais nouveau, dont les bouteilles ont été débouchées partout dans le monde dès mercredi à minuit, écrase de sa notoriété les autres vins de ce vignoble du centre-est de la France, mais se veut aussi le fer de lance de leur promotion.

Le beaujolais nouveau «représente l'essentiel de nos exportations et le tiers de nos ventes», explique Dominique Capart, président d'Interbeaujolais, l'organisme représentant vignerons et négociants de la région.

«Sur 120 millions de bouteilles de vins de Beaujolais, 40 millions sont du beaujolais nouveau, dont 15 millions sont exportées dans le monde entier. Et sur ces 15 millions, 8 millions sont achetées par les Japonais, qui sacrifient toujours spectaculairement à cette tradition française», ajoute-t-il.

Dominique Capart devait fêter mercredi soir la sortie du beaujolais nouveau en Chine, saisissant l'occasion pour y vanter les autres vins du Beaujolais, afin de «faire de l'Empire du Milieu un deuxième Japon».

«Notre problème, c'est que nos vins sont des produits assez bon marché. Or en Chine, les consommateurs, c'est le grand luxe qui les intéresse. Ils seront a priori plus attirés par un vin à 50 dollars la bouteille. Il faudra nous armer de patience», tempère-t-il.

Seules les appellations beaujolais et beaujolais-villages (produites sur les flancs sud, ouest et nord-ouest du vignoble) ont le droit d'être vendues en vins primeurs, les dix autres crus de Beaujolais non.

Mais tous les viticulteurs de la région espèrent tirer parti de cette locomotive qu'est le beaujolais nouveau pour faire connaître leur production à travers le monde. «Le beaujolais, tout le monde connaît, personne ne sait ou c'est», résume Dominique Lacondemine, producteur de brouilly et côte-de-brouilly sur huit hectares dans le village d'Odenas.

Producteur d'un côte-de-brouilly «Domaine des Roches bleues», proposé sous le nom de «Cuvée des Lys» aux clients du prestigieux restaurant The Gallery, qui surplombe le court central de Wimbledon, il exporte le tiers de sa production, surtout vers la Grande-Bretagne, mais aussi vers la Belgique, l'Allemagne et les États-Unis.

«Les deux autres tiers sont répartis à égalité entre les ventes aux professionnels et la vente directe aux particuliers», précise son épouse Christiane.

Marie-Christine Jambon, viticultrice à Lantigné, produit elle aussi des crus prestigieux tels le morgon ou le régnié, mais aussi du beaujolais-villages, lui aussi vendu en partie sous forme de vin primeur.

Elle a déjà expédié ses caisses de beaujolais-villages nouveau partout en France, dûment estampillées «ne pas ouvrir avant le 19 octobre 00H00».

Les exportations de son domaine sont, pour l'instant, le résultat du bouche à oreille: «Il y a deux ans, nous avons eu la visite de touristes russes, qui avaient découvert nos vins par le beaujolais nouveau. Passant par notre cave, ils ont goûté nos autres productions, et il y a quelques mois, ils nous en ont commandé 1.600 bouteilles», raconte-t-elle.